La démission du Premier ministre libanais de la capitale saoudienne le 4 novembre dernier demeure un grand mystère, estime le quotidien américain New York Times.
Ayant interrogé de nombreux responsables arabes et occidentaux, le journal en arrive à la conclusion qu’ils continuent de rassembler les différentes morceaux du puzzle de cette affaire qui a soulevé un grand tollé au Liban. Il rapporte que certains d’entre eux n’excluent pas que Riyad ait voulu à travers sa séquestration semer les troubles au pays des cèdres, voire même faire éclater une guerre civile.
Des responsables libanais ont confié au journal que les heures qui séparent l’arrivée de M. Hariri à Riyad et l’annonce de sa démission constituent une boite noire, d’autant que ce dernier fait l’objet d’énormes pressions pour ne pas divulguer ce qui s’y est passé.
L’un d’entre eux a révélé avoir interrogé M. Hariri sur cette affaire. « Il m’a dit que la situation est pire que vous ne le pensiez », a-t-il rapporté pour le NYT.
Comme information sur cette affaire, ce dernier cite entre autre que dès son arrivée à Riyad, M. Hariri a bel et bien été interdit de voir sa femme et ses enfants et de revenir chez lui. Il a du demander à l’un des gardes de lui apporter un costume pour faire sa déclaration de démission.
A la foi d’un responsable libanais haut-placé, le NYT indique que le Premier ministre libanais aurait passé la nuit qui a suivi son discours, avec le prince héritier Mohamad Ben Salmane, dans le désert.
Il aurait été menacé d’accusation de corruption, indique un diplomate arabe, d’autant que deux de ses anciens partenaires venaient d’être arrêtés. Question de lui rappeler qu’il est en position de faiblesse.
Des responsables libanais et des diplomates occidentaux ont aussi confié au journal américain leurs appréhensions d’un plan saoudien destiné à former des milices à partir des camps palestiniens pour les charger de combattre le Hezbollah et de repousser l’influence iranienne.
Lors de sa rencontre avec le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, MBS l’aurait sommé de déployer tous ses efforts pour que les réfugiés palestiniens rallient le camp saoudien et s’éloigne de celui de l’Iran, mené par le Hezbollah. Il l’aurait aussi menacé de le remplacer par Mohamad Dahlane s’il n’arrive pas à le faire. Ancien dirigeant de la sécurité, Dahlane est le principal rival d’Abou Mazen. Vivant aux Emirats arabes unis, il est utilisé par Israël comme outil de harcèlement , chaque fois que M. Abbas fait preuve d’une certaine résistance face aux diktats israéliens.