Le président des Etats-Unis Donald Trump a lancé mercredi une sévère mise en garde aux pays tentés de voter jeudi à l’ONU une résolution condamnant la reconnaissance par Washington de Jérusalem AlQuds comme capitale d’ « Israël », menaçant de couper des financements américains.
« Nous prenons note de ces votes », a-t-il lancé à la Maison Blanche, dénonçant « tous ces pays qui prennent notre argent et ensuite votent contre nous au Conseil de sécurité ».
Dans cette dernière enceinte, Washington avait mis lundi son veto à la condamnation de la décision de Donald Trump du 6 décembre qui a provoqué colère et manifestations dans le monde.
Un nouveau vote est prévu jeudi à partir de 15H00 GMT à l’Assemblée générale, qui compte 193 pays membres. Les résolutions n’y ont cependant pas de valeur contraignante et il n’y a pas de droit de veto.
Plusieurs ambassadeurs interrogés par l’AFP tablent sur un score oscillant entre 165 et 190 votes pour. « Si c’est 130, ce serait mauvais », précise l’un d’eux sous couvert d’anonymat.
Haley notera les noms de ceux qui voteront contre les USA
Lundi, l’ambassadrice américaine Nikki Haley qui n’avait guère fait de lobbying auprès de ses partenaires pour qu’ils s’abstiennent avait montré un visage menaçant. Ce vote « est une insulte que nous n’oublierons pas », avait lancé le regard noir celle qui a rang de ministre dans l’administration américaine.
Mardi, elle a été encore plus loin à propos du vote attendu à l’Assemblée générale des Nations unies: tweet, email, lettre…
« Le président (Donald Trump) observera attentivement ce vote et il a demandé que je lui signale les pays qui auront voté contre nous », a écrit la diplomate par lettre ou email aux membres de l’ONU. Et « nous prendrons note de chacun des votes sur cette question ».
Un tweet rageur de Nikky Haley était posté dans le même temps. « A l’ONU, on nous demande toujours d’en faire plus et de donner plus » et « nous ne nous attendons pas à ce que ceux que nous avons aidés nous ciblent ». Jeudi, « les Etats-Unis noteront les noms ».
Avec ces pressions, « les Etats-Unis peuvent avoir une dizaine d’abstentions de pays qui pourraient aussi choisir de ne pas aller voter », estime un ambassadeur onusien.
Le chef de la diplomatie palestinienne dénonce les menaces US
Mercredi, le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki, qui sera présent à l’ONU pour le vote, a vivement dénoncé les « menaces » et « intimidations » de Washington.
Malki parlait à l’aéroport d’Istanbul lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu avant de s’envoler au bord du même avion pour New York afin d’assister au vote à l’Assemblée générale.
Son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu, s’est aussi insurgé. « Le monde a changé. La logique du +Je suis fort, donc j’ai raison+ a changé. Désormais, le monde se soulève contre l’injustice. Désormais, aucune nation qui a de l’honneur, aucun Etat qui se respecte ne courbe l’échine face à ce genre de pressions », a déclaré le ministre turc dont le pays est allié des Etats-Unis à l’Otan.
« Nous voyons maintenant que les Etats-Unis ont pris la voie des menaces (…) Qu’allez-vous faire en prenant les noms ? Allez-vous permettre que ces pays soient eux aussi occupés ? Ou allez-vous les punir? », a lancé le ministre turc.
Le texte de résolution soumis à l’Assemblée générale est proposé par le Yémen et la Turquie au nom du groupe des pays arabes et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Source: Avec AFP