la situation qui se présente actuellement en Syrie rappelle curieusement celle de 2013, lorsque certaines puissances occidentales cherchaient un prétexte pour justifier leur intervention militaire dans ce pays.
Alors que les Américains et les français, suivis par les Turcs se préparent pour s’ingérer militairement en Syrie, en déclenchant l’assaut contre la province de Raqqa, sou sprétexte de combattre Daesh, une attaque a frappé une école dans la province d’Idleb. Elle a fauché la vie de 22 élèves et 6 enseignants, selon des chiffres donnés par l’UNICEF .
La province d’Idleb est un bastion de Jaïsh al-Fatah (l’Armée de la conquête), une coalition regroupant des rebelles islamistes et des jihadistes takfiristes. Sa colonne vertébrale n’est autre que le front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda, rebaptisée Fateh al-Cham, grâce à une feu vert de son numéro un Ayman al-Zawahiri.
Le front al-Nosra tient en laisse la population syrienne depuis l’été 2014. Et avec l’aide d’un prédicateur saoudien, cheikh Abdallah Mohaycini, il impose la charia wahhabite, religion d’Etat du royaume saoudien.
Campagne médiatique
Comme en 2013, une campagne médiatique et politique frénétique est déclenchée.
Cette fois-ci, ce n’est pas seulement la Syrie qui est sur le banc des accusés. Mais aussi la Russie. De concert, médias occidentaux et ceux des monarchies arabes se relaient les accusations contre les deux pays.
Sur la scène politique internationale, les acteurs occidentaux concernés par la guerre en Syrie se mêlent à la valse.
« Qui est responsable? En tout cas ce n’est pas l’opposition (au pouvoir syrien) car pour bombarder il faut des avions. Ce sont soit les Syriens, le régime de Bachar al-Assad, soit les Russes », a lancé pour sa part le ministre français des AE Jean-Marc Ayrault lors d’une conférence de presse à Paris.
Le britannique, par la voix de l’ex-Premier ministre et envoyé spécial de l’ONU pour l’éducation Gordon Brown a réclamé une enquête de la Cour pénale internationale (CPI) pour « crime de guerre ».
Un mensonge, selon Moscou.. Un false flag?
La Russie qui a nié toute responsabilité dans ce drame, a dénoncé un mensonge et soupçonné la version véhiculée.
« C’est un mensonge. La Russie n’a rien à voir avec cette terrible tragédie », a assuré jeudi à Moscou la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, réclamant une enquête immédiate. Elle a même exigé « que le maximum d’attention soit accordé à cette tragédie et qu’une enquête soit ouverte immédiatement », selon la porte-parole.
Quant au ministère russe de la Défense qui a assuré qu' »aucun avion russe n’opérait dans cette zone le mercredi 26 octobre », il a indiqué dans un communiqué, que les photographies et des vidéos enregistrées par un drone russe ont montré que le toit de l’école bombardée ne présentait pas de dommage et qu’il n’y avait aucun cratère attribuable à des bombes larguées d’avion autour de l’école.
Selon le général Igor Konachenkov, « les séquences vidéo publiées par certains médias étrangers et représentant une frappe aérienne contre le village de Hass sont un montage de plus de 10 morceaux filmés à des résolutions et dates différentes. On voit sur une photo publiée par l’agence AFP (Agence France-Presse) que seul un mur de l’école a été endommagé et toutes les tables sont en place » .
En plus, on voit à travers un trou dans le mur qu’une barrière rose située en face est intacte et ne porte même pas de traces d’éclats, d’après le général. Ce ne serait pas le cas s’il s’agissait des conséquences d’un raid aérien.
False flag américain?
Moscou semble soupçonner une opération false falg menée par les Américains, et destinée à lui être attribuée. Selon l’agence russe Sputnik, l’attaque pourrait très bien être perpétrée par des drones américains.
Toujours d’après le général russe , un drone américain MQ-1B Predator se trouvait dans ce secteur. « Les moyens de contrôle aérien russe ont détecté un drone américain MQ-1B Predator dans le secteur à l’heure indiquée » dans la vidéo, rapporte l’agence Sputnik
Les enfants oubliés d’Alep de l’ouest
Signe que l’attaque d’Idleb constitue pour les Occidentaux et les monarchies arabes un mot d’ordre pour une campagne, les responsables occidentaux n’ont eu aucun égard pour les victimes des attaques perpétrées ce jeudi par les rebelles contre les quartiers ouest d’Alep.
Et qui ont coûté la vie ce jeudi à au moins six enfants et blessés 15 autres.
« Trois écoliers ont été tués et 14 blessés dans des tirs de roquettes de groupes terroristes sur une école du quartier de Chahba », a indiqué l’agence de presse officielle Sana.
Une deuxième attaque a touché une maison dans le quartier de Hamdaniyé, tuant trois frères et blessant un quatrième, selon la même source.
Les rebelles soutenus par les occidentaux et les monarchies arabes n’utilisent pas seulement des roquettes, mais aussi des bombonnes à gaz bourrées d’explosifs et de clous.
Sanctions de l’UE
Autre épisode de cette campagne : l’Union européenne dont certains pays sont impliqués dans le soutien aux terroristes a choisi jeudi de sanctionner dix hauts responsables du pouvoir syrien «sous prétexte qu’ils sont accusés de prendre part à « la répression violente exercée contre la population civile ».
Selon l’AFP, cet ajout porte à 217 le nombre total de responsables syriens soumis à « une interdiction de pénétrer sur le territoire de l’UE et à un gel de leurs avoirs ».
La France a été l’un des premiers pays à aider militairement les rebelles syriens, dès l’an 2012, en leur envoyant des armes, dont des antichars Milan, alors qu’elle affichait respecter un embargo contre eux. Son ancien ministre des AE s’était fait remarquer en disant que « le front al-Nosra faisait du bon boulot ».
Enquête chimique, sans celle de la Ghouta
L’autre volet de la campagne se réalise dans l’instance onusienne par les Américains. Ils ont proposé devant le conseil de sécurité de prolonger d’un an la mission d’experts de l’ONU enquêtant sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. Ces derniers ayant accusé Damas d’y avoir eu recours par trois fois contre son peuple.
Selon l’AFP, le CS avait mis sur pied cette commission d’enquête en août 2015 pour déterminer qui était derrière une série d’attaques chimiques présumées, perpétrées en Syrie en 2014 et 2015.
Dans un rapport rendu public vendredi dernier, cette commision (JIM) a établi que l’armée syrienne avait procédé à une attaque chimique sur la localité de Qmenas, dans la province d’Idleb (nord-ouest de la Syrie), le 16 mars 2015. Selon la commission d’enquête, cette attaque chimique des militaires syriens était la troisième de ce type depuis 2014.
Le JIM avait en outre précédemment accusé Daesh d’avoir utilisé du gaz moutarde dans le nord de la Syrie, en août 2015.
Curieusement, ces enquêteurs onusiens ne se sont jamais penchés sur l’attaque chimique qui avait eu lieu en août 2013 et avait coûté la vie à plus de 350 civils. Elle avait pourtant soulevé un tollé médiatique et politique sans précédent, accusant les autorités syriennes. Un tollé qui aurait du servir à justifier une intervention militaire occidentale contre la Syrie.
A la dernière minute, les Américains ont changé d’avis, et deux années plus tard un rapport de l’organisatoin MIT concluait que l’origine de l’attaque était les quartiers rebelles. Des conclusions qui n’ont pas fait l’objet d’aucune médiatisation, car ne servant pas les fins de la campagne.
Tout porte à croire que l’affaire de la Ghouta orientale 2013 s’incarne de nouveau à Idleb ce jeudi.
Toujours hélas au dépens de la vie des Syriens.
Sources: AFP; Sputnik; al-Manar.