Dans les milieux politiques et militaires israéliens, les propos du chef de la diplomatie russe sur la présence de l’Iran et de ses alliés en Syrie, et surtout dans le sud syrien sont perçus avec une grande déception.
Le mardi dernier (14 novembre) , M. Serguei Lavrov avait ouvertement nié qu’il y a eu un accord avec l’administration américaine afin d’éloigner l’Iran et ses alliés du sud syrien. Le ministre russe a déclaré que le cessez-le-feu annoncé en Syrie n’inclut pas un engagement de la part de la Russie pour garantir l’expulsion des groupes affiliés à l’Iran du pays.
Cette question semble préoccuper le plus les responsables israéliens. Les responsables militaires le plus.
« Les dernières évolutions syriennes sont très dangereuses », avait déclaré le chef de l’état-major israélien le lieutenant-général Gadi Eisenkot, le mois de septembre dernier. Mettant en garde contre « les séquelles de l’influence iranienne et sa gravité sur la Syrie, dans la région et le monde ».
Il avait aussi indiqué que la revendication essentielle d’Israël est de sortir l’Iran et tous ses alliés de toute la Syrie, comme condition indispensable pour préserver ses intérêts stratégiques.
Selon M. Eisenkot, cette demande n’avait pas été rejetée lors de l’accord russo-américain, ainsi que la demande d’éloigner l’Iran et ses alliés du Golan occupé d’une distance de 60km.
Les propos de M. Lavrov ont eu l’effet d’un choc. D’autant plus qu’ils reflètent le manque d’influence israélienne sur la politique russe. Plus est il qu’ils accordent une certaine légitimité à la présence iranienne des lors elle répond à une demande de l’Etat syrien.
C’est surtout le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui est le plus lésé par les déclarations russes: il ne cessait de se targuer des relations distinctes qu’il entretient avec le président russe Vladimir Poutine.
Le second message russe fixe le plafond de la relation israélo-russe sur le dossier syrien : elle se limitera à une entente tactique pour éviter les frictions ou les collusions dans l’espace aérien syrien.
Israël se devrait aussi d’admettre le rôle russe de superviseur dans les zones frontalières sud, en échange de quoi la Russie fermera les yeux aux raids aériens israéliens perpétrés de temps à autre.
Ce qui veut dire de point de vue israélien que la Russie estime pour le moment que son intérêt suprême réside dans la consécration du pouvoir syrien présidé par Bachar al-Assad, avec l’aide de l’Iran et des autres protagonistes de l’axe de la résistance. Voire de renforcer son rapprochement avec la République islamique en dehors de la Syrie.
Dans les milieux israéliens, on est également déçu de la prestance de l’administration américaine qui aurait du affaiblir l’influence iranienne en Syrie et dans la région. L’accord montre la limite de l’efficacité des moyens de pression déployés par les Américains sur l’ensemble de la scène stratégique syrienne.
Certains observateurs israéliens estiment qu’Israël est pratiquement dans une situation d’isolation qu’il n’a jamais connu auparavant. « D’autant que la Russie n’est ni l’allié de Tel Aviv, ni moins que cela ».
Pire encore : Israël ne peut plus miser sur Donald Trump, dont la prestance montre que la crise des Etats-Unis n’est pas due à l’identité de son président, mais à une crise de civilisation quelque soit son président.
Le grief imputé désormais aux dirigeants israéliens est que leurs calculs et attentes ont été beaucoup trop exagérés, aussi bien sur la Russie que sur les Etats-Unis.
Ils ont demandé des concessions à Moscou alors qu’elle est plus proche que jamais de Téhéran.
Ils voulaient que Washington reste le fer de lance militaire dans la région, alors qu’il évite de s’embourber au Moyen-Orient. Pour éviter le scénario irakien.
Dès lors, les Israéliens devraient opter pour des d’autres acteurs, conseillent les experts. C’est là que le débouché de Mohamad Ben Salmane devrait trouver sa raison d’être.
Traduit en résumé par notre rédaction du journal libanais Al-Akhbar.