C’est le moins que l’on puisse dire. Les Européens se sont rentrés en plein dans la crise provoquée par l’Arabie soaudite, et s’ingèrent ouvertement sous prétexte d’intedire toutes « les ingérences au Liban ».
La France menace par l’Onu
La France a avertit qu’elle engagerait d’autres « initiatives » en lien avec l’Onu si la crise libanaise n’est pas rapidement débloquée. « Il y a une certaine détente depuis l’intervention télévisée dimanche soir de Saad Hariri », a relevé la présidence française.
« Nous restons très vigilants. Nous allons voir ce qu’il va vraiment se passer dans les jours qui viennent et continuerons à prendre les initiatives auxquelles nous pensons pour un avenir proche, notamment en lien avec le secrétaire général des Nations Unies », a ajouté la présidence française.
Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu dimanche par téléphone de ces « initiatives » avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Gutteres et les deux dirigeants ont convenu de faire le point mercredi en marge de la COP23 sur le climat à Bonn.
« Ces initiatives dépendront de l’évolution (de la crise), les choses bougent beaucoup », a-t-on ajouté de même source, sans plus de précisions, tout en relevant qu’une démarche au Conseil de sécurité de l’ONU n’était « pas pour l’instant articulée ».
Macron et Gutteres ont « envisagé les initiatives qu’il fallait prendre pour à la fois rassurer les Libanais, assurer la stabilité au Liban et préserver le Liban de ces environnements régionaux qui pourraient être déstabilisants », a indiqué la présidence française.
Emmanuel Macron recevra par ailleurs mardi le ministre libanais des Affaires étrangères Gebran Bassil, sur « proposition » du président libanais Michel Aoun. Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian se rendra quant à lui jeudi à Ryad.
La condition d’une sortie de crise passe par un retour de Saad Hariri au Liban, a insisté Paris. Il faut qu’il puisse « remettre sa démission au chef de l’Etat, s’il veut effectivement démissionner, à moins qu’il ait changé d’avis entretemps », a souligné l’Elysée.
La France est contre « toutes les ingérences » dans la crise libanaise, a poursuivi la présidence, en relevant qu’elle ne venaient « pas seulement d’un pays ».
Dimanche, le président libanais Michel Aoun a estimé que « la liberté de M. Hariri a été restreinte » en Arabie saoudite au moment où l’ensemble de la classe politique libanaise évoque une assignation à résidence en Arabie de leur Premier Ministre.
L’UE ne veut «aucune interférence extérieure»
Même son de cloche de la part de l’UE, laquelle interfère aussi pour dire qu’elle ne veut «aucune interférence extérieure» au Liban.
«Nous ne voulons d’aucune interférence extérieure» au Liban et «nous jugeons qu’il est essentiel d’éviter d’importer au Liban des conflits régionaux, des dynamiques régionales, des tensions régionales qui doivent rester en dehors du pays», a martelé sa cheffe de la diplomatie Federica Mogherini, à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des 28 pays de l’UE à Bruxelles.
La Haute représentante de l’UE pour les affaires extérieures a précisé qu’elle recevrait mardi matin à Bruxelles le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil.
Berlin ne veut pas que le Liban devienne un jouet de l’Arabie
«Le Liban risque de retomber dans de graves confrontations politiques et peut-être militaires. Afin de prévenir ceci, nous avons en particulier besoin du retour (au Liban) du Premier ministre actuel, d’une réconciliation dans le pays et d’empêcher une influence de l’extérieur», avait pour sa part insisté lundi matin le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel.
Le Liban «ne doit pas devenir un jouet de (…) la Syrie, de l’Arabie saoudite ou d’autres», avait-il estimé.
Le Drian préoccupé
«Pour qu’il y ait une solution politique au Liban, il faut que chacun des responsables politiques ait évidemment sa totale liberté de mouvement et que la non-ingérence soit un principe de base», a en outre déclaré M. Le Drian en arrivant à la réunion des chefs de la diplomatie des 28.
«Nous sommes préoccupés de la situation au Liban (…) nous sommes soucieux de sa stabilité, (…) de son intégrité, nous sommes soucieux de la non-ingérence et soucieux de la constitution libanaise», a-t-il martelé.
Source: Avec AFP