Dans un discours télévisé diffusé en direct ce vendredi 13 octobre 2017 au soir, le président iranien Hassan Rohani a réagi au discours haineux de Donald Trump dans lequel il a prétendu qu’il ne certifiait pas l’accord nucléaire.
Rohani a aussi reproché au président US son manque de connaissance sur des sujets importants tels que le droit international, l’histoire et la géographie, Trump ayant refusé dans son discours d’utiliser le nom exact du golfe Persique tel qu’il est.
Rohani a débuté son discours en évoquant l’antécédent des relations irano-américaines, émaillé par « le coup d’état de 1953 de la CIA contre le gouvernement populaire du PM Mosadegh », par « les sabotages américains dirigés contre le mouvement révolutionnaire » ainsi que par « le soutien tous azimuts de Washington au régime du Shah ou plus tard par « l’appui inconditionnel au régime de Saddam le long de sa guerre contre l’Iran » même « lorsque Saddam a gazé les villes d’Halabja et de Sardasht », rapporte PressTV.
Le président a surtout appelé Trump, qui a utilisé le terme du « golfe arabique » dans son discours, à réviser ses leçons d’histoire pour « bien retenir le nom du golfe Persique », et ses leçons de droit international pour savoir que « l’accord nucléaire n’est pas un accord bilatéral irano-américain pour que Washington puisse s’en retirer quand il le veut ».
Rohani a fustigé le ton particulièrement « non diplomatique » du président américain qui « a insulté sans honte ni remords des millions d’iraniens », ces mêmes Iraniens qui, alors que Trump faisait la danse du sabre en Arabie saoudite, pays dont le peuple ignore à quoi ressemble un scrutin, « se sont déplacés aux urnes pour remplir leur devoir civique et démocratique ».
La nation iranienne n’est pas du genre à se plier face à la dictature US
Et Rohani d’interroger : « un gouvernement qui multiplie les coups d’État à travers le monde, qui a tué des centaines de milliers de gens du Vietnam à l’Amérique latine à coup de bombes et d’armes prohibées, qui représente le seul pays au monde à avoir utilisé la bombe atomique contre les civils pas une fois mais deux, et qui soutient le seul pays doté de bombe atomique au Moyen-Orient (Israël), ce gouvernement est-il à même d’agir contre la prolifération?…Que ce Monsieur le sache, la nation iranienne n’est pas du genre à se plier face à la dictature américaine ».
Plus loin dans son discours, Rohani a affirmé que le Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) avait toujours soutenu le peuple iranien et les nations opprimées de la région, allusion au discours de Trump réclamant des sanctions renforcées contre le CGRI.
L’Iran tient tête et continuera à tenir tête très fermement au terrorisme
« Je le dis très clairement, l’Iran tient tête et continuera à tenir tête très fermement au terrorisme, ce même terrorisme dont ce Monsieur (Trump) parlait l’an dernier dans sa campagne électorale, dénonçant le rôle de l’administration US dans sa création. Le Corps des gardiens de la Révolution islamique est une grande Force, au vaste ancrage populaire qui a depuis toujours protégé le peuple iranien contre les groupuscules terroristes, que vous (Etats-Unis) vous avez financés et soutenus. Et bien oui, le CGRI est là pour protéger le peuple iranien, le peuple irakien, syrien, yéménite ou tout autre peuple de la région contre qui vous agirez par terroristes interposés. Et le CGRI ne lâchera pas prise jusqu’au démantèlement total de Daech et du terrorisme dans la région, a souligné Rohani.
Par ailleurs, Rohani a fait allusion à l’attitude des États-Unis, pour dire judicieusement que ce pays a été à l’origine des conflits au Moyen-Orient.
L’Iran respectera l’accord nucléaire tant qu’il ne portera pas atteinte à ses intérêts
Dans sa dernière partie de son discours, Rohani a réitéré la fidélité de l’Iran envers le PGAC, tant que cet accord assurera les intérêts du pays :
« Et mon dernier, tant que l’accord nucléaire à titre d’un accord multilatéral et à portée internationale assurera nos intérêts suprêmes, tant que ces intérêts nous le permettront, nous le respecterons et ce, dans le stricte cadre de nos intérêts nationaux. Nous avons amplement coopéré avec l’AIEA et nous poursuivrons ces coopérations mais si un jour l’accord finit par contredire nos intérêts ou que les parties qui y sont impliquées, piétinent leurs engagements, alors (sachez-le), l’Iran n’attendra pas un seul instant pour s’en retirer et réserver une réponse bien appropriée aux violateurs ».
Il a conseillé aux Américains d’abandonner leur hostilité anti-iranienne.
« Abandonnez leur attitude hostile et agressive à l’égard du peuple iranien si les slogans anti-américains de notre peuple vous agacent. Les Iraniens respectent le peuple américain. Et leur slogans ne visent ni le peuple ni le pays qu’est l’Amérique. Ces sont les politiques abjectes de leurs dirigeants qui sont dans leur viseur. Corrigez-vous, apprenez à respecter les peuples et la nation iranienne saura très bien comment vous traiter différemment», a-t-il souligné.
Tous les Iraniens se tiennent aux côtés de leur Leader
Hassan Rohani a également recommandé à Washington de ne pas chercher en vain à désolidariser le peuple iranien du leadership de la Révolution islamique puisqu’en Iran, « la politique et la religion sont indivisibles et toutes les factions de la société se tiennent aux côtés de leur Leader ».
Plus tôt, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron, le président iranien Hassan Rohani a affirmé ce vendredi que l’Iran et l’Union européenne doivent travailler ensemble pour écarter toute action destructrice contre le Plan global d’action conjoint, l’accord nucléaire iranien signé en 2015 entre Téhéran et les 5+1.
Toute erreur US les fera regretter
Dans une déclaration officielle publiée sur son site internet, le ministère des Affaires étrangères iranien affirme par ailleurs que « les Gardiens de la Révolution sont des héros nationaux et toute erreur de la part du gouvernement ou du Congrès américain provoquera la colère et la haine du peuple iranien et une réaction réciproque qui les fera regretter. Le président américain sera seul responsable d’un tel acte dangereux ».
« La République islamique d’Iran ne sera pas le premier à quitter l’accord nucléaire mais si les droits et les intérêts de l’Iran ne sont pas respectés dans le cadre de l’accord, elle mettra fin à tous ses engagements et reprendra ses activités nucléaires pacifiques sans aucune limite », ajoute cette déclaration, alors que M. Trump a menacé de mettre fin « à tout moment à cet accord ».
Source: Médias