Depuis la tribune des Nations Unies, le président libanais Michel Aoun a rejeté l’implantation des réfugiés dans les pays d’accueil, une proposition faite par les puissances occidentales et évoquée durant le discours du président américain Donald Trump.
« Le Liban ne permet et ne permettra pas d’implanter les réfugiés et les déplacés, quelque soit le prix donné. Cette décision nous revient à nous et à personne d’autre », a-t-il lancé depuis New York, le jeudi 21 septembre, lors de la 72e session de l’Assemblée générale.
Cette proposition suggérée frénétiquement par les diplomates occidentaux en visite au Liban inclut aussi bien les 400 mille réfugiés palestiniens ainsi que les plus d’un million et demi de réfugiés syriens qui se trouvent sur le sol libanais.
« Le Liban est parvenu à l’aide toutes ses forces à éradiquer le terrorisme… l’Armée a mis fin a la présence de Daech, du front al-Nosra et de leur ramifications au Liban », a-t-il dit aussi devant l’AG.
Et de poursuivre : « Le Liban qui est parvenu à affronter le terrorisme qui a allumé son feu dans plusieurs pays, a pu éviter de sombrer ou d’exploser en préservant son unité nationale malgré les divisions politiques aigues qui le traversent ».
Après avoir parlé en détails du fardeau causé par la présence de ces réfugiés, M. Aoun a insisté sur la nécessité d’organiser leur retour en Syrie, après le retour au calme. « Nous sommes avec le retour sécurisé que nous distinguons du retour volontaire », proposé par les Occidentaux, affirme le chef de l’Etat libanais.
Même rhétorique pour les réfugiés palestiniens. « Le crime de l’expulsion des Palestiniens ne peut être réparé en niant leur droit au retour ou en imposant leur implantation que les Libanais rejettent », a-t-il ajouté.
Le fait d’avoir torpillé le rôle de l’agence pour les réfugiés onusienne UNRW vise d’après lui à « ôter aux réfugiés leur statut de réfugiés dans le but de les implanter. Ce que le Liban ne saurait permettre. Ni pour aucun réfugié, ni pour aucun déplacé ».
Il poursuit : « Le Liban a supporté le fardeau d’avoir abrité 500 mille palestiniens qui attendent leur retour mais nous ne voyons aucun effort de la part des Nations Unies ou du Conseil de sécurité pour faire appliquer la solution des deux Etats ».
Sur le dossier syrien, il a conseillé à l’ONU d’aider au retour des réfugiés dans leur patrie au lieu de les aider à rester dans leurs camps où manque le strict minimum pour une vie décente.
« Le fait de prétendre que les réfugiés ne seront pas en sécurité dans leur pays est inacceptable. Si la Syrie réalise des réconciliations avec ses groupes armés, pourquoi ne le ferait-elle pas avec les réfugiés », s’est-il aussi interrogé.
« L’asile collectif au Liban a eu lieu pour des raisons de sécurité ou économiques, raison pour laquelle on l’appelle le déplacement plutôt que l’asile. Il n’a pas été admis par l’Etat d’accueil et non pas individuellement mais sous forme d’invasion démographique », a-t-il ajoute, rappelant que « les groupes terroristes ont pris les lieux de regroupements des réfugiées comme cachette, les transformant en environnement favorable pour eux. Ils sortaient de ces endroits pour perpétrer leur actes terroristes qui ont fauché la vie d’innocents ».
« Notre pays est de petite surface et ses ressources son limitées. L’avènement des réfugiés a grossi de 50% sa population. Il en a découlé des difficultés économiques et une hausse du taux de la criminalité dans toutes ses formes », a déploré le président libanais.
D’après lui, « sauf lorsque l’exil est individuel et pour des raisons politiques que le retour devrait être volontaire… et ce genre d’exil devrait aussi être tributaire de l’assentiment du pays d’accueil ».
Il a poursuivi : « Avec l’éclatement de la crise en Syrie, il est clair qu’on avait décidé que le Liban ferait partie de ceux qui seraient pris dans les griffes du terrorisme. Mais il a pu l’éviter grâce à son unité nationale. Le terrorisme s’est étendu pour frapper le monde entier par les moyens les plus horribles et les plus sanguinaires, violant les lois et les normes internationales. Personne ne sait où il va parvenir et quand il va se terminer. Le terrorisme a comis les rimes les plus horribles dans notre région et n’a épargné personne ».
Et de conclure ce dossier : « il est désormais indispensable d’organiser le retour des réfugiés vers leur patrie après la stabilisation de la situation dans la plupart de leur lieux de résidence initiaux ».
Le président libanais a aussi évoqué dans son allocution les violations israéliennes contre le Liban et le blocage du processus de paix.
« Les guerres israéliennes ont démontré que le canon, le char et l’avion n’apportent ni des solutions ni la paix. Il ne peut y avoir de paix sans justice et il ne peut y avoir de justice sans respect des droits. Israël ne commet pas moins de 100 violations de la souveraineté du Liban chaque mois. Le Liban porte plainte auprès du Conseil de sécurité sans que ce dernier ne puisse rien faire pour l’en dissuader ».
Selon le numéro un libanais, la communauté internationale ne peut empêcher Israël d’arrêter de construire de nouvelles colonies. « Et la violence perdure parce qu’il n’arrive pas à faire plier le peuple ou à usurper son identité », enchaine-t-il.
Il a dit : « diviser les Etats sur des critères communautaires ou ethniques n’est pas la solution et n’empêchera pas les guerres. Bien au contraire cette approche tente à exacerber les fanatismes, l’extrémisme et les conflits ».
Selon lui, « la troisième guerre mondiale a pris une forme nouvelle ». «Ce n’est plus une guerre entre les nations mais des guerres internes destructrices. Nombreux sont les Etats qui ont explosé de l’intérieur pour des raisons religieuses ou ethniques ».
Estimant que le rôle de l’Onu est de résoudre pacifiquement les conflits entre les Etats et d’empêcher les guerres, M Aoun s’est demandé si elle est parvenue à accomplir cette mission.
Il a affirmé que le Liban, de par la diversité de sa population et de sa culture, et du fait aussi qu’il constitue l’essence des civilisations peut très bien être l’oasis où le monde peut se rencontrer et dialoguer.
Il a conclu son allocution en portant le Liban candidat pour assumer le rôle de centre permanent du dialogue entre les différentes cultures, civilisations et religions dans le cadre d’une institution propre à l’ONU.