Sur le plan pratique voici ce que l’on sait du nouveau système. Il a été conçu par la compagnie Radiofizika. Selon ses prospectus, le Complexe radar sectoriel mobile est destiné à détecter des missiles non stratégiques et des cibles aérodynamiques rapides.
Les ingénieurs et les chercheurs russes ont conçu un radar mobile capable de détecter des objets dans l’espace proche, de suivre leur déplacement et de déterminer les paramètres de trajectoire. Ainsi, la Russie a atteint le niveau technologique des Etats-Unis, qui étaient jusqu’à récemment l’unique détenteur de tels équipements. Les anciens systèmes avec des caractéristiques proches destinés aux cibles orbitales (la zone de vision: pour l’azimut +/-60 degrés, pour l’angle du lieu: de 9 à 75, pour la portée: de 10 à 1.500 km) étaient stationnaires.
Le prototype du radar sectoriel mobile (qui portait précédemment le nom de code Demonstrator) était exposé parmi d’autres modèles lors d’un Salon aérospatial international à Joukovski, région de Moscou. Comme c’est souvent le cas avec le matériel très novateur en avance sur son temps, parmi les centaines de milliers de visiteurs du salon seulement quelques spécialistes capables d’apprécier le nouveau système à sa juste valeur et d’accorder une note à ses développeurs s’y sont intéressés de près.
Pour comprendre l’utilité et l’actualité du travail réalisé par les chercheurs et les ingénieurs russes, il faut étudier les capacités du nouveau radar dans le contexte de leur application vis-à-vis des récents événements autour de la péninsule coréenne. Le fait est que le radar représente le meilleur système de suivi des tirs réalisés sur ordre du camarade Kim Jong-un. Par ailleurs, selon les sources occidentales, au cours des 14 dernières mois il s’est avéré que la Corée du Nord élaborait et testait à la fois sept nouveaux types de missiles d’attaque. Rappelons que pour la Journée de l’indépendance les collaborateurs de Kim Jong-un ont offert un cadeau aux USA — le lancement du missile Hwasong-14. Selon les données américaines, les paramètres de vol du missile sont les suivants: 933 km de portée, l’altitude maximale de la trajectoire — 2.802 km. Alors que le ministère russe de la Défense, qui effectuait le suivi avec ses propres moyens, affirme que ces chiffres sont respectivement 510 et 535 km. Alors que le 29 août les Nord-Coréens ont effectué un nouvel essai du missile Hwasong-12 qui a parcouru 2.700 km en survolant les îles du Japon avec une altitude maximale de 550 km avant de tomber dans l’océan Pacifique à l’est de Hokkaido.
Hormis le recueil d’informations objectives sur les lancements nord-coréens le radar sectoriel mobile convient pour un déploiement à l’étranger si besoin. La projection et le déploiement des stations radar stationnaires du même type serait bien plus complexe et demanderait bien plus de dépenses et de frais pour le transport, l’installation et le réglage. De plus, les stations mobiles affichent une bien meilleure survie lors des activités militaires, y compris contre un ennemi technologique.
Hormis sa mission principale la fonctionnalité élargie du radar permet en principe de l’utiliser pour la désignation d’objectif au profit des systèmes de défense aérospatiale à longue portée. Comme le S-300VM récemment modernisé, sa version d’exportation Anteï-2500, le S-400 récemment mis en service et le futur S-500. Selon le développeur, la précision de détermination de la portée est inférieure à 5 m, de la vitesse de déplacement des cibles — 5 m/s, des coordonnées angulaires — 0,5 degré. La portée de capture de l’objectif avec la surface équivalente radar (SER) de 1 m² (comme un avion sportif) atteint 600 km, le nombre de cibles accompagnées à la fois — 100, le temps de déploiement — moins d’une demi-heure. La valeur de la SER contient des informations importantes sur les propriétés de la cible de disperser la vague électromagnétique et, avec le potentiel énergétique de l’émetteur-récepteur du radar, détermine la portée de détection de la cible par les dispositifs de radiolocalisation.
Les données du développeur
Sur le plan pratique voici ce que l’on sait du nouveau système. Il a été conçu par la compagnie Radiofizika. Selon ses prospectus, le Complexe radar sectoriel mobile est destiné à détecter des missiles non stratégiques et des cibles aérodynamiques rapides.
Le radar peut servir à une recherche automatique, la détection et l’accompagnement de missiles non stratégiques et la chute de leurs ogives, ainsi que pour la recherche automatique, la détection et l’accompagnement des cibles aérodynamiques rapides en construisant leur trajectoire de vol. De plus, le radar est capable d’identifier la classe des cibles découvertes, la localisation et l’accompagnement des sources du brouillage intentionnel.
En détectant une cible rapide ou une source de brouillage, le radar effectue leur suivi et transmet les informations appropriées au poste de commandement. Selon les concepteurs, le système détermine les coordonnées et d’autres paramètres importants avec une précision suffisante pour fournir une désignation d’objectif aux systèmes offensifs.
Le radar inclut: l’antenne d’émission, l’antenne de réception, le point de commandement et de calcul et un groupe électrogène du poste d’émission. Sur les postes des opérateurs à l’intérieur du point de commandement et de calcul se reflète la situation actuelle des cibles avec le contrôle des modes de fonctionnement des appareils. Les équipements installés dans le point de commandement et de calcul permettent de transmettre des données par les lignes de communication spatiales et documentent l’information.
En dépit des caractéristiques impressionnantes, le radar se présente sous la forme d’un complexe relativement compact. Tous ses éléments sont installés sur des remorques de manière à ce que leur déplacement entre les sites puisse être effectué avec des moyens de transport standard. La haute mobilité permet de projeter le radar dans une zone géographique donnée. Après un rapide déploiement il peut remplir de nombreuses missions de suivi de l’espace aérien et spatial.
Par exemple, le complexe entier peut être facilement projeté d’un aérodrome sur un autre par des avions de transport militaires lourds comme An-124-100 Rouslan ou Il-76MD/MD-90A. Le développeur souligne: «La mobilité et le coût bas en font un moyen d’information inestimable pour assurer les lancements et les atterrissages des appareils spatiaux à longue portée de radiolocalisation de l’espace aérien, et pour les travaux de recherche dans l’espace proche.»
L’analogue le plus proche
L’analyste britannique Douglas Barrie qualifie le radar sectoriel mobile comme un analogue russe de la station américaine An/TPY-2 de la compagnie Raytheon. Pratiquement tout ce que le lecteur pourrait trouver sur la fonctionnalité et les versions d’usage de tels radars s’applique également à la nouveauté russe. Les développeurs eux-mêmes décrivent l’AN/TPY-2 comme un radar de surveillance mobile (Surveillance Transportable Radar) spécialement conçu pour être installé à l’avant-garde de la défense aérospatiale. Il est doté d’antennes à scanner électronique du rayon et fonctionne dans le diapason de fréquences 8,55-10 GHz (X-band).
La gestion géographique du déploiement des radars AN/TPY-2 est prise en charge par l’Agence américaine de défense antimissile qui les considère comme des éléments supplémentaires aux radars stationnaires AN/FPS-129 HAVE STARE. Se cachant derrière le slogan concernant la nécessité de recueillir des informations sur les essais de missiles nord-coréens, Washington a installé un tel matériel sur les îles japonaises, sachant qu’il est intégré aux missiles PAC-3 qui y sont déployés et les systèmes navals Aegis (avec les missiles RIM-161 Standard SM-3) sur les navires de guerre de classe destroyer.
Les radars AN/TPY-2 sont utilisés comme le radar principal dans le complexe THAAD — Terminal High Altitude Area Defense, ce qui pourrait être traduit comme le système de défense pour un théâtre d’opérations prévu pour intercepter des cibles rapides à grande altitude. Les complexes THAAD mis en service en 2008 constituent la base de la défense antimissile nationale des USA dont des éléments sont déployés en Alaska. Ils ont été développés quand les opérations dans l’Orient arabe ont révélé une efficacité insatisfaisante des missiles antiaériens Patriot lors de l’interception des missiles tactiques R-17 d’origine soviétiques et leurs versions améliorées (SCUD).
En cas de présence sur un théâtre d’opérations de systèmes Patriot PAC-3, les radars AN-MPQ-53 qui en font partie pourront automatiquement obtenir des informations sur les cibles détectées par l’AN/TPY-2 sous une forme qui permet de les utiliser en élaborant la désignation d’objectif pour les missiles sol-air. De plus, ce radar peut être utilisé pour recueillir des renseignements sur l’ennemi en profondeur sur son territoire à une portée d’environ 1.000 km.
C’est pourquoi les représentants permanents chinois et russes à l’Onu en évoquant la situation sur la péninsule coréenne appellent constamment les USA à retirer immédiatement les complexes THAAD rapidement déployés. Les spécialistes russes et chinois ne reconnaissent pas les systèmes antiaériens américains comme un moyen efficace de lutte contre la menace de missile qui émanerait de Pyongyang, mais en revanche ils les considèrent comme un moyen d’espionnage de la situation au nord-est de la Chine et en Primorié en Russie. Mais désormais la Russie dispose de moyens techniques dont le déploiement à proximité des côtes américaines pourrait être un mal de tête supplémentaire pour Washington.
Source: Sputnik