En réaction à l’attentat de Barcelone, le président américain a tweeté une histoire plus que douteuse sur un général américain qui aurait exécuté des musulmans avec des balles trempées dans du sang de porc.
Après l’attentat qui a fait treize morts à Barcelone le 17 août, Donald Trump a écrit deux tweets. Le premier, sobre et classique:
«Les États-Unis condamnent l’attaque terroriste à Barcelone en Espagne et nous ferons tout ce qui est nécessaire pour aider. Soyez courageux et forts, nous vous aimons!»
Moins d’une heure plus tard, le second tweet du président fait référence à une fausse anecdote sur l’exécution de rebelles musulmans aux Philippines au début du XXe siècle.
«Étudiez ce que le général Pershing des États-Unis faisait aux terroristes qu’il capturait. Il n’y a plus eu de terrorisme islamique radical pendant trente-cinq ans!».
En février 2016, Trump avait déjà raconté cette histoire pour attiser les foules pendant sa campagne. Lors d’un discours en Caroline du Sud, il était entré dans les détails, se délectant de la brutalité de cette légende sur le général John Pershing et des combattants musulmans:
«Il a pris cinquante balles, les a trempées dans du sang de cochon. Il a demandé à ses hommes de charger leurs fusils. Il a aligné cinquante personnes et ils en ont tués quarante-neuf. Au cinquantième, ils ont dit: “Va dire à ton peuple ce qui s’est passé”. Et pendant vingt-cinq ans, il n’y avait aucun problème. Ok? Vingt-cinq ans, pas un problème.»
Faits déformés
Dans la version post-Barcelone, one est passé à trente-cinq ans sans terrorisme. À l’époque de ce violent discours, plusieurs médias –dont les sites de fact checking Snopes et Politifact– avaient tenté de vérifier l’info et conclu qu’il s’agissait d’une rumeur partie de faits déformés.
Dans ses mémoires, le général Pershing écrit qu’un autre officier aux Philippines, le colonel Frank West, avait vu des rebelles musulmans «publiquement enterrés dans la même tombe qu’un cochon mort».
Mais les historiens interviewés précisent qu’il n’y aucune preuve que Pershing ait fait cela, et certainement pas avec les balles trempées dans le sang. L’autre problème de la logique de cette anecdote, c’est que la guerrilla de la province de Moro ne s’est pas calmée après Pershing. Donc même si l’anecdote de Trump était vraie, elle ne prouverait pas que ce genre de brutalité permet d’éradiquer le terrorisme.
Ceci dit, le fantasme des balles trempées dans du sang de porc est assez répandu chez certains extrémistes américains. En 2013, une entreprise de l’Idaho avait créé une ligne de balles enrobées d’une peinture infusée au porc, censées envoyer les terroristes islamistes en enfer.
Slate.fr