Les termes de l’accord russo-américain de cessez-le feu conclu en marge du G20 de Hambourg ne sont pas encore bien définis.
Entré en vigueur depuis 6 jours, il concerne surtout les régions sud-ouest de la Syrie, à la frontière avec la Jordanie et le Golan occupé par Israël. C’est-à-dire « les zones contrôlées par les révolutionnaires à la frontière avec la Jordanie et le Golan, à l’est de Souweïda, et non celles situées au nord de Souweïda ou le Qalamoune », selon les termes du message que l’envoyé américain pour la Syrie, Mikael Ratney, a envoyé depuis deux jours à la milice à majorité kurde des Forces démocratiques syriennes.
Selon le journal libanais al-Akhbar, l’entente reflète néanmoins les lignes d’entente générale entre les deux superpuissances.
« Ce n’est pas un secret que les négociateurs russes , durant leurs rencontres avec les Jordaniens (et peut-être avec les Américains) sont parvenus à investir les victoires de l’armée syrienne et de ses alliés en parvenant à un cessez-le-feu qui puisse donner à Damas la gestion des régions du sud , et de mettre les factions vaincues autour de la table des négociations , après avoir longtemps échappé à Astana , en raison de leur agenda contradictoire et leur incapacité à se forger une position unique », a écrit le journal ce vendredi.
Citant des sources diplomatiques russes, il ajoute que l’accord dans ses lignes générales est « le fruit d’âpres négociations de plusieurs mois, au terme desquels les partenaires de la Russie sont parvenus à la conviction sur la nécessité d’un cessez-le-feu dans le sud (dont sont exclues les organisations terroristes) et qui puisse permettre le retour des forces syriennes régulières aux frontières internationales , ainsi que l’envoi de superviseurs pour la trêve, avant d’entamer un dialogue sérieux entre les factions armées et le gouvernement syrien ».
Toujours selon ces sources russes, « les forces de la police militaire russe s’apprêtent à se déployer dans le sud pour surveiller la trêve et empêcher les violations. Elles œuvrent aussi pour former des centaines de soldats syriens pour exécuter des missions de surveillance à Deraa, Souweïda et Quneitra, pendant que les conseillers russes et américains poursuivront leurs tractations pour cristallier les autres détails de l’entente ».
A la question de savoir comment l’armée syrienne allait faire pour récupérer le passage frontalier avec la Jordanie, Nassib, ces sources ont indiqué que les autorités jordaniennes sont désormais persuadées qu’il se devrait d’être sous le contrôle de Damas. Ce qui ne devrait pas tarder.
Interrogées si l’accord respecte la revendication israélienne sur un déploiement américain à la frontière avec le Golan, ces sources ont répondu : « et qui vous dit que les Américains s’entachent pour une telle responsabilité », assurant qu’il n’a pas du tout été question d’une telle suggestion.
Le prétexte du Hezbollah
Le quotidien Al-Akhbar a précisé dans quelle conjoncture cette entente russo-américaine est intervenue.
Il a rappelé les mises en garde que la Jordanie avait proférées depuis 4 mois, menaçant d’envoyer ses troupes dans les régions syriennes frontalières.
Selon le journal libanais, cette escalade semble avoir été incitée par les Israéliens lesquels lui avaient fait part de la présence d’attroupements de combattants libanais du Hezbollah et iraniens des Gardiens de la révolution à Quneitra et Deraa.
Durant la période qui va suivre, l’armée syrienne et ses alliés multiplieront leurs avancées à Deraa, sur le sol. Alors que l’aviation bombardait les positions des milices sur le passage de Nassib, voire du côté jordanien de la frontière.
En même temps, se multipliaient les frictions entre des tribus bédouines et les gardes-frontières jordaniens, ainsi que les grandes opérations de trafic de drogue vers l’intérieur jordanien effectuées par des miliciens faisant partie de la cellule des opérations de MOC.
Amman qui semblait perdre petit-à-petit le contrôle de sa frontière et donc ses cartes de négociation a alors commencé à alléger ses exigences, réduisant en même temps le montant de son financement des factions armées du sud, à l’avantage de celle investies dans le désert (badia) syrien.
L’arrivée de la 4eme brigade de l’armée syrienne à Deraa a été perçue par elle comme un signe positif pur parvenir à un accord avec Damas.
Du côté des Israéliens, malgré les déclarations optimistes exprimées de part et d’autre, mais ils sont toujours dans l’incapacité d’élargir la zone contrôlée par les milices qui collaborent avec eux, à leur tête le front al-Nosra, et estimée à 10 km. Les assauts que ces dernières ont lancés contre la ville loyaliste de Baath se sont soldés par un échec. Alors que toutes les autres villes et localités comme Hadar, Nawa et Kahana-Arnaba refusent toute collaboration avec elles et adoptent toujours un discours hostile à Israël.
La position du front al-Nosra aussi n’est pas non plus claire concernant l’entente russo-us et n’a encore déclaré s’il allait l’observer.
De même, la relation entre les milices elles-mêmes est toujours aussi critique. Des frictions impliquant le Nosra ont eu lieu récemment sur fond de livraison d’armements lourd en provenance de la Jordanie.
Alors que Daesh est en perte de vitesse dans le bassin de Yarmouk et ne continue à survivre que grâce à l’aide que lui procure les autres milices.
N’empêche que ces deux milices issues d’Al-Qaïda n’en demeurent pas moins un défu crucial pour les groupes financées par Amman, toujours selon al-Akhbar.