Le quotidien indépendant bahreïni Al-Wasat a annoncé le licenciement de ses employés, trois semaines après sa suspension par les autorités sous l’accusation de « provoquer des divisions dans la société » et de nuire aux relations étrangères de Bahreïn.
La direction du journal a communiqué cette décision à ses employés dans un message qui leur a été adressé samedi, à la veille de l’Aïd el-Fitr, la grande fête marquant la fin du mois béni de Ramadan.
Dans ce message, dont l’AFP a obtenu une copie dimanche, le président du Conseil d’administration d’Al-Wasat, Adel al-Maskati, écrit avoir décidé « avec regret » de « mettre fin aux contrats des employés » en raison de la suspension du quotidien qui « a causé des pertes à la compagnie ».
Al-Wasat, qui compte quelque 160 employés, dont 30 expatriés, se trouve ainsi contraint de cesser de paraître, 15 ans après son arrivée sur le marché dans un pays secoué sporadiquement ces dernières années par des troubles.
Le 4 juin, le ministère bahreïni de l’Information avait suspendu sine die Al-Wasat, une mesure qu’il avait justifiée par la publication par ce quotidien d’un article qui, selon lui, « portait atteinte à un pays arabe frère ».
L’article incriminé évoquait les troubles dans la province d’Al-Hoceïma au Maroc et l’origine de la colère populaire dans cette région.
Cette mesure a été critiquée par des ONG de défense des droits de l’Homme, dont Human Rights Watch (HRW) qui a appelé, dans un communiqué le 18 juin, le gouvernement bahreïni à retirer sa décision, « Al-Wasat étant l’un des rares médias indépendants dans la région du Golfe ».
En janvier, les autorités avaient déjà suspendu pendant trois jours la version en ligne du quotidien Al-Wasat, l’accusant de « semer la sédition » à Bahreïn.
Le journal avait été également interdit de parution pendant deux jours en août 2015.
Al-Wasat avait été suspendu une première fois en avril 2011 en pleine mobilisation d’un mouvement de contestation inspiré par le Printemps arabe et mené par la majorité de la population, qui réclamait des réformes politiques à la dynastie des al-Khalifa qui tient d’une main de fer ce petit pays, siège de la Ve flotte des Etats-Unis.
Le journal avait été alors accusé d’avoir publié de fausses informations.
Son rédacteur en chef, Mansour al-Jimri, avait été jugé et condamné à une amende, et le journal finalement autorisé à reparaître.
Les autorités ont intensifié la répression de l’opposition, avec la dissolution récente des deux plus grands mouvements politiques: Waad (opposition laïque) et Al-Wefaq (opposition musulmane chiite).
Source: Avec AFP