L’ex-président du Yémen Ali Abdallah Saleh a appelé dimanche à la mobilisation à la frontière avec l’Arabie saoudite pour « venger » les victimes du massacre saoudo-US de Sanaa.
« J’appelle les forces armées et les comités populaires (milices rebelles) à se rendre sur le front de guerre à la frontière pour venger nos victimes », a déclaré M. Saleh dans une allocution télévisée, au lendemain de la mort de plus de 140 personnes dans des frappes aériennes de la coalition saoudo-US contre une cérémonie funéraire dans la capitale Sanaa.
Qualifiant l’Arabie saoudite de régime « réactionnaire » et « rétrograde », l’ancien chef de l’Etat a exhorté ses compatriotes à « affronter cette flagrante agression tyrannique par tous les moyens ».
« Le ministère de la Défense, l’état-major et le ministère de l’Intérieur doivent prendre les dispositions nécessaires pour accueillir les combattants sur les lignes de front à la frontière, à Najrane, Jizane et Assir », les trois provinces saoudiennes frontalières du Yémen, a-t-il dit.
Saleh a en outre appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à « prendre des décisions contraignantes pour mettre fin à cette agression barbare des Al-Saoud (la famille régnante en Arabie) et de leurs alliés ».
Al-Houthi appelle à la mobilisation et fustige l’hypocrisie US
Pour sa part, le chef du mouvement yéménite Ansarullah, Sayed Abdel Malek al-Houthi, a appelé le peuple yéménite à la mobilisation générale et à se rendre vers tous les fronts de bataille pour venger les assassins des femmes et d’enfants, en allusion aux forces saoudiennes et à leurs alliés.
« Le crime commis samedi par l’Arabie est d’une telle ampleur que même l’allié américain de Riyad s’en sent perturbé », a fait remarquer dans une allocution dimanche, le numéro un d’Ansarullah, Sayed Abdel Malek al Houthi.
M.Al Houthi a fustigé l’hypocrisie américaine et sa fausse neutralité dans la guerre que mène l’Arabie saoudite contre le Yémen.
« Sans le feu vert américain, aucun roi saoudien n’aurait osé attaquer le Yémen », a souligné Sayed al-Houthi.
Les USA annoncent le réexamen de leur soutien à la coalition
Peu après le bombardement de Sanaa, les Etats-Unis ont annoncé le réexamen de leur soutien à la coalition.
« La coopération sécuritaire des Etats-Unis avec l’Arabie saoudite n’est pas un chèque en blanc », a déclaré Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche.
Et lors d’une conversation téléphonique dimanche, John Kerry, le secrétaire d’Etat américain a fait part de « sa profonde préoccupation » au vice-prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’a exhorté à « prendre immédiatement les mesures nécessaires pour s’assurer qu’un tel incident ne se reproduise pas ».
La coalition militaire, conduite par l’Arabie saoudite, a nié dans un premier temps toute implication dans les raids, avant de publier un communiqué dans la nuit annonçant une enquête « immédiate » à laquelle « la partie américaine » pourrait être associée.
Une bombe US a visé la cérémonie funéraire à Sanaa
Cependant, l’agence de presse britannique « ITV » a révélé que les raids saoudiens, ayant bombardé samedi Sanaa, ont été effectués à l’aide des bombes américaines de type « Mark 82 ».
C’est un engin qui explose à une dizaine de mètres d’altitude avec un rayon létal de 60 à 100 m. Il pèse plus de 200 kilogrammes et peut être transporté à bord des missiles téléguidés.
Samedi, plus de 140 personnes ont été tuées et 525 autres blessées dans des raids aériens saoudo-US contre une cérémonie funéraire à Sanaa.
La guerre saoudo-US qui a été déclenché en mars 2015 a fait environ 6.700 morts, en majorité des civils, et provoqué une grave crise humanitaire, selon l’ONU.
‘Enquête impartiale’
Entre-temps, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon a « condamné » l’attaque « absolument inacceptable », qui « serait » le résultat de « frappes aériennes par la coalition ».
Il a exigé « une enquête rapide et impartiale ».
Le coordinateur humanitaire de l’ONU au Yémen, Jamie McGoldrick, n’a pas mâché ses mots.
« La communauté humanitaire du Yémen est choquée et scandalisée par les raids aériens qui ont visé une salle publique où des milliers de personnes participaient à une cérémonie funéraire ».
L’Iran propose d’évacuer les blessés du bain de sang de Sanaa
Et puis, au niveau humanitaire, l’Iran a demandé dimanche l’assistance des Nations unies pour envoyer un avion au Yémen afin d’évacuer les blessés du carnage qui a fait plus de 500 blessés.
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif s’est dit « choqué et indigné » par les raids aériens contre Sanaa.
« L’Arabie saoudite, mais aussi tous ceux qui ont soutenu l’agression menée par la coalition emmenée par l’Arabie saoudite contre le peuple yéménite devrait rendre compte pour les crimes de guerre commis au Yémen au cours des 18 derniers mois », a écrit M. Zarif dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.
Dans la foulée, le chef de la diplomatie iranienne a demandé à M. Ban d’aider le Croissant-Rouge iranien à organiser un vol chargé de convoyer de l’aide humanitaire pour Sanaa et « d’évacuer les blessés vers l’Iran pour les y soigner ».
Un missile yéménite contre une base saoudienne à Taef
Dans une 1ère riposte au massacre de Sanaa, les forces yéménites ont bombardé la base aérienne de Fahed, dans la région de Taef, à l’ouest de l’Arabie saoudite.
Selon une source yéménite citée par l’agence Khabar, il s’agit d’un missile de type Borkane 1, d’une longueur de 12 m et d’une portée de 800 km.
2 missiles tombent près d’un destroyer US
Et puis, deux missiles tirés par les forces yéménites sont tombés en mer Rouge non loin d’un destroyer américain, a annoncé lundi le commandement central des forces navales américaines (Navcent).
Alors que l’USS Mason effectuait dimanche soir « des opérations de routine dans les eaux internationales », deux missiles, tirés en l’espace de 60 minutes, sont tombés dans les eaux de la mer Rouge sans atteindre le navire et sans faire ni victime ni dégât, a déclaré Paula Dunn, porte-parole du Navcent.
« Nous estimons que ces missiles ont été tirés depuis les territoires contrôlés par les Houthis au Yémen », a ajouté un communiqué, en allusion à Ansarullah.
Cet incident intervient quelques jours après qu’un navire des Emirats arabes unis a été bombardé par des roquettes yéménites également en mer Rouge près du détroit stratégique de Bab Al-Mandeb.
Sur leur site sabanews.net, un « porte-parole militaire » des d’Ansarullah a affirmé que son mouvement « n’avait visé aucun navire de guerre » et qualifié d' »infondées » les informations à ce sujet.
Un détenu saoudien capturé par Ansarullah
Sur un autre plan, le chaine AlMassirah d’Ansarullah a publié une vidéo montrant un militaire saoudien capturé par les forces yéménites lors d’une opération contre une base saoudienne dans la région frontalière de Najrane.
Fayssal al-Zafiri, de la 6ème brigade de l’unité d’infanterie, a indiqué qu’il parle au nom de ses collègues capturés par l’armée yéménite et Ansarullah. Zafiri a accusé le régime saoudien de laxisme dans la protection des bases militaires frontalières.
Source: Divers