Département d’Etat des Etats-Unis : Briefing quotidien à la presse, 28 septembre 2016 – Porte-parole John Kirby
QUESTION: Mais je crois qu’on n’a pas parlé ici des conséquences pour la Russie, si cet accord tombe à l’eau, à part pour quelques échanges inter-institutions sur des options qui n’ont pas encore été choisies? Quelles sont les conséquences pour la Russie à part le fait que le Secrétaire Kerry ne lui parlera plus de cette question à l’avenir?
KIRBY: Les conséquences sont que la guerre civile se poursuivra en Syrie, que les extrémistes et les groupes extrémistes continueront à exploiter les vides en Syrie pour étendre leurs activités qui comprendront, sans aucun doute, des attaques contre les intérêts russes, peut-être même contre des villes russes, et la Russie continuera à renvoyer des soldats à la maison dans des sacs mortuaires, et ils vont continuer à perdre des ressources – et même, peut-être, d’autres avions.
La Fédération de Russie n’a pas interprété ces paroles comme une prédiction ou un avertissement, mais comme une menace directe.
L’accord de cessez-le feu est tombé à l’eau. Les Etats-Unis en sont essentiellement responsables parce qu’ils n’ont PAS poussé leurs forces par procuration en Syrie à le respecter. Ils ont blâmé, comme d’habitude, le camp russe qui a respecté le cessez-le-feu à la lettre.
Voilà ce qui est ensuite arrivé:
Le Front Al-Nosra bombarde l’ambassade de Russie à Damas
L’Ambassade de Russie à Damas a été bombardée depuis les zones contrôlées par les militants du Front al-Nosra et de Faylaq al-Rahman, a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
« Nous considérons ce bombardement de l’ambassade de Russie comme la conséquence des actions de ceux qui, à l’instar des Etats-Unis et de leurs alliés, provoquent le violent conflit en Syrie, en flirtant avec les militants et les extrémistes de toutes sortes», a – le ministere russe.
La Russie a déployé des bombardiers supplémentaires en Syrie. On ne sait pas encore combien. Mais, dès qu’ils seront opérationnels, les «rebelles » devront faire face à beaucoup plus d’attaques aériennes.
Quelques semaines de bombardements intensifs vont détériorer leurs capacités logistiques, de commandement et de contrôle, au point qu’ils ne pourront plus mener une lutte organisée.
La Russie a aussi déployé une batterie de systèmes de défense aérienne S-300. Très précisément des S-300VM, qu’on appelle également Antey-2500. Ils sont spécialement conçus pour la défense contre les missiles de croisière et les missiles balistiques. Le système sera installé près du port de Tartous et protégera la côte est de la Syrie ainsi que la flotte russe qui se trouve en Méditerranée orientale.
Elle a également de bonnes capacités de défense contre les avions d’attaque. Tout cela rendrait très difficile une attaque de missiles de croisière par les Etats-Unis contre les aéroports syriens et russes et les forces aériennes en Syrie, comme cela est en discussion dans divers journaux américains, dans le but de commencer une guerre de « zone d’exclusion aérienne ».
Et il y a ceci:
La décision finale a été prise, je crois, après l’attaque étasunienne sur les positions de l’armée arabe syrienne à Deir Ezzor qui a ouvert l’accès de la ville assiégée à l’Etat islamique. Cela, et le bombardement américain actuel des ponts de Deir Ezzor, offrira à l’État islamique un espace dans lequel il pourra survivre. La Russie ne peut, ni ne veut tolérer une chose pareille.
Les Etats-Unis veulent, par manque d’une meilleure idée, jouer aux durs avec la Russie. Mais ils ne veulent pas la guerre. La Russie aussi durcit ses muscles. Elle veut que les Etats-Unis comprennent qu’il leur faudra, en effet, déclarer une vraie guerre à la Russie et à ses alliés, s’ils souhaitent faire ce qu’ils veulent en Syrie. Armer toujours plus leurs mercenaires d’Al-Qaïda, comme Washington le fait actuellement, ne changera rien à l’affaire.
La Russie ne cédera pas aux exigences américaines, sans se battre de toutes ses forces. Elle fait le pari qu’Obama, les membres de son administration et les généraux du Pentagone sont, finalement, des lâches habitués à leur petit confort. Elle a, à mon avis, une très grande chance de gagner son pari.
Par Moon Of Albama
Source: Blog Moon Of Albama; Traduction par Dominique Muselet pour Arrêt sur Info