Décidément, l’adoption de la loi Jasta par le congrès US continue de faire couler beaucoup d’encre tant aux Etats-Unis qu’en Arabie-Saoudite. Et ce compte tenu des conséquences de cette loi sur les relations américano-saoudiennes à différents niveaux.
Car , jusqu’à présent, cela n’était possible que contre des Etats placés par l’administration américaine dans la liste de ceux qui pratiquent le terrorisme. L’Arabie saoudite n’en fait pas partie.
Or, c’est précisément elle qui est visée par Jasta, législation bipartisane. Quinze des dix-neuf auteurs des attentats du 11 septembre 2001 étaient saoudiens.
Dans ce contexte, l’Arabie poursuit sa campagne de propagande et de menaces contre son allié américain durant prés de 80 années. Dernière réaction: l’Arabie a affirmé que la loi Jasta viole le principe de l’Egalité et de la Souverainneté qui régit les relations internationales depuis des centaines d’années.
Il s’agit de la deuxième position officielle de l’Arabie, après la condamnation par le ministère des Affaires étrangères saoudien de ladite loi , mettant en garde contre des «conséquences graves» qui peuvent en résulter.
Seulement, le ton menaçant de Riyad se contredit avec les rapports et les analyses qui assurent que l’Arabie ne dispose en réalité que d’une faible marge de manoeuvres dans ce domaine. Autrement dit, elle ne peut s’opposer à cette loi.
A l’issue de la réunion du cabinet ministeriel saoudien, présidé par le roi Salman, hier, le ministre de l’information Adel Tarifi, a déclaré dans un communiqué, que l’adoption de la loi « Jasta », « constitue une grande préoccupation pour la communauté internationale , dans laquelle les relations internationales sont régies par le principe de l’égalité et de la souveraineté ».
Il a ajouté que cette loi » porte un préjudice au principe de l’immunité souveraine et cela risque d’avoir un impact négatif sur tous les pays, y compris les États-Unis. »
Il a exprimé « l’espoir que la sagesse reprenne le dessus et que le Congrès des États-Unis prenne les mesures nécessaires, afin d’éviter des conséquences graves suite à l’adoption de la loi Jasta ».
Cela dit, le journal »Wall Street Journal » a estimé que « l’Arabie ne changera pas subitement sa stratégie d’investissements aux États-Unis ».
Le quotidien a souligné que la loi «Jasta» peut saisir les avoirs de l’Arabie aux Etats-Unis , ajoutant que » dans le contexte de la tension croissante dans les relations entre les deux alliés, l’Arabie peut choisir de vendre ou de transférer ses avoirs aux États-Unis, quitte aussi à réevaluer sa monnaie le ryal par rapport au dollar afin de libérer leurs échanges monétaire américaines « .
Et de poursuivre: « une telle décision pourrait avoir une incidence sur la valeur des investissements saoudiens, sans compter le risque d’une instabilité monétaire accrue liée à une inflation de la valeur des importations.»
Le quotidien a évoqué « les réserves de change du Royaume saoudien, qui ont atteint au mois d’Août dernier, le chiffre de 560 milliards $, sans oublier que le Royaume saoudien a d’autres investissements aux États-Unis comprenant des propriétés d’une valeur de plusieurs milliards de dollars ».
Le « Wall Street Journal » a estimé que « l’adoption de la loi Jasta est un revers pour les relations entre Washington et Riyad, notant qu’il est probable que Riyad réévalue sa relation avec Washington ».
Et d’ajouter : » l’Arabie saoudite pourrait envisager de séparer le ryal du dollar, voire remettre en question l’inclusion éventuelle de la société saoudienne « Aramco » dans le marché boursier américain. Et pour cause, Riyad veut protéger ses avoirs de tout risque juridique ».
Enfin, le quotidien estime que « l’Arabie pourrait cette année vendre des obligations d’une valeur de plusieurs milliards de dollars , pour la première fois, à des investisseurs internationaux », ajoutant que « la question de l’emprunt pourrait se compliquer et coûter plus cher car les créditeurs pourraient suspendre toute décision par crainte que les tribunaux américains ne rendent des décisions contre le régime saoudien ».
Source: Médias