Traiter son possible futur employeur de «vilain et prédateur» et l’accusez de «banaliser la xénophobie et les sentiments anti-musulmans» n’est pas la meilleure des stratégies. Selon Mother Jones, c’est pourtant la situation dans laquelle se serait trouvée Andrew Bowen.
Ce chercheur à l’American Enterprise Institute et classé parmi les conservateurs a écrit plusieurs éditoriaux pour Arab News dans lesquels il prenait la défense d’Hillary Clinton et attaquait sévèrement son opposant devenu 45ème président des Etats-Unis.
Arab News pas réceptif
Jusque là pas de problème. Après tout, une immense majorité des journalistes américains ont fait de même durant la campagne. Mais quand Andrew Bowen s’est mis en tête de décrocher un job dans l’administration de Donald Trump, les cadavres cachés dans le placard se sont fait d’un coup très odorants.
Alors le chercheur a demandé à son ancien employeur de supprimer ses anciens articles défavorables au locataire de la Maison Blanche.
A la place, le média a décidé de publier la lettre suivante :
«Arab News a le regret d’annoncer qu’il ne publiera plus d’articles rédigés par le chroniqueur américain Andrew Bowen.
Cette décision trouve son origine dans la volonté du chroniqueur qui veut que notre média supprime ses articles écrits avant les récentes élections présidentielles américaines, articles dans lesquels il se montre favorable à l’ex-candidate démocrate Hillary Clinton.
Andrew Bowen, chercheur invité à l’American Enterprise Institute a demandé à plusieurs reprises à ce que ces articles soient retirés en précisant qu’il fallait qu’il soit «lavé de tout soupçon« afin d’obtenir un poste au sein du nouveau Département d’Etat de l’administration de Donald Trump.
De plus, Andrew Bowen a également insinué – verbalement et pas écrit – qu’il cherchera le soutien d’amis et contacts influents pour aider à supprimer ces articles. Arab News possède toute la correspondance relative à cette affaire et sa position demeure qu’une telle demande n’est pas éthique sur le plan journalistique, d’autant plus que lesdits articles ne contiennent aucun commentaire diffamatoire ni erreur factuelle nécessitant une correction.
Nous souhaitons à Andrew Bowen toute la réussite pour sa recherche d’emploi.»
D’après le site indy100.com, le lien conduisant vers le communiqué était inaccessible le 5 avril dans la soirée.
Intervention de la famille royale saoudienne ?
Mais, comme il l’avait rappelé à son ancien employeur, Andrew Bowen avait quelques ficelles de choix à tirer. Le 4 avril, plusieurs des articles concernés s’étaient volatilisés. Il se trouve qu’Arab News est un journal détenu par un membre de la famille royale saoudienne.
Selon Foreign Policy qui cite une source anonyme, Andrew Bowen a fait appel à plusieurs officiels saoudiens afin qu’ils fassent pression sur la rédaction… et qu’il obtienne ce qu’il voulait.
RT