La Russie et les pays occidentaux s’opposaient de nouveau mercredi sur le dossier syrien à l’occasion d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à l’attaque chimique présumée ayant fait 72 morts en Syrie.
L’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley a fustigé Moscou pour n’avoir pas su tempérer son allié syrien. « Combien d’enfants devront encore mourir avant que la Russie ne s’en soucie? », a lancé Mme Haley.
Alors que Damas a été pointé du doigt, Moscou avait jugé plus tôt « inacceptable » en l’état le projet de résolution présenté par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni condamnant l’attaque de mardi.
Depuis le début du conflit syrien il y a six ans, le dossier syrien divise les Occidentaux et la Russie, bloquant tout effort pour mettre fin à une guerre qui a fait plus de 320.000 morts.
Sur le terrain, des médecins tentent de sauver les blessés les plus graves parmi les plus de 160 personnes soignées après l’attaque.
Cette dernière a déjà provoqué la mort de 72 civils, dont 20 enfants, selon un bilan établi par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Ce bilan « pourrait encore augmenter car il y a des personnes disparues », a-t-il précisé.
Ces victimes ont été prises de convulsions lorsque le raid aérien a visé Khan Cheikhoun, petite ville de la province rebelle d’Idleb dans le nord-ouest.
L’armée russe a en partie disculpé le régime en affirmant en matinée que l’aviation syrienne avait frappé un « entrepôt » des rebelles contenant des « substances toxiques ». En explosant, ces dernières se sont disséminées dans l’atmosphère.
Moscou a ensuite qualifié le projet de résolution de « catégoriquement inacceptable » car « son défaut est d’anticiper les résultats de l’enquête et de désigner des coupables ».
Le texte appelle à une enquête complète et rapide de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Il demande au régime de fournir toute information sur des opérations militaires au moment de l’attaque.
Il faut « une réaction de la communauté internationale à la hauteur de ce crime de guerre », a affirmé le président français François Hollande qui a réclamé des « sanctions » contre le régime.
Le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a pour sa part affirmé que « toutes les preuves » qu’il avait vues « suggèrent que c’était le régime d’Assad » qui a utilisé « des armes illégales en toute connaissance de cause ».
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays soutient les rebelles, a qualifié d' »assassin » M. Assad en lui imputant l’attaque.
La Maison Blanche a durci le ton
La Maison Blanche a durci le ton à l’encontre du président Assad qu’elle tient pour responsable de cette attaque, un « acte odieux ». Mais cette condamnation s’est accompagnée une nouvelle fois d’un appel à reconnaître la « réalité politique » en Syrie.
L’opposition politique syrienne a d’ailleurs déploré les positions de M. Trump. « Jusqu’à maintenant, cette administration (…) fait des déclarations qui donnent au régime une opportunité pour commettre de nouveaux crimes », a déclaré le vice-président de la Coalition nationale syrienne Abdelhakim Bachar à Istanbul.
Il faisait référence à des propos du secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson qui a déclaré la semaine dernière que le sort du président Assad devait être décidé par « le peuple syrien ». « Il faut choisir ses batailles », avait de son côté estimé l’ambassadrice américaine à l’ONU, jugeant que la priorité était de lutter contre la menace takfiriste.
Mais, pour Abdelhakim Bachar, « tant que ce régime est en place il ne sera pas possible de vaincre le terrorisme ».
Mardi soir, l’ex-branche d’Al-Qaïda et des groupes rebelles ont promis de venger les victimes de Khan Cheikhoun, exhortant leur scombattants à « embraser les fronts ».
Source: Avec AFP