La décision d’un tribunal espagnol d’accepter une plainte déposée contre le gouvernement syrien pour «terrorisme» a provoqué de nombreux débats. Cette accusation est-elle légitime?
Pour un expert espagnol interviewé par Sputnik, l’Espagne a commis par le passé trop de crimes restés impunis pour s’immiscer dans les affaires des autres pays.
Le tribunal espagnol a accepté la plainte déposée par Amal Hag-Hamdo Anfalis, une ressortissante espagnole, visant neuf représentants des forces de sécurité syriennes accusés de terrorisme étatique à la suite du décès de son frère, citoyen syrien, selon les informations de l’agence Europa Press.
Cette décision a été critiquée par le parquet du pays, qui s’y est opposé fermement, car la victime n’avait pas de passeport espagnol.
Interrogé par Sputnik, Julián Jiménez, professeur espagnol et expert dans le domaine des médias, considère que l’Espagne « a, elle-même, trop de crimes passés restés impunis pour s’immiscer dans les affaires des autres pays ».
« Imaginons seulement: un juge espagnol va mener une enquête pour terrorisme contre un gouvernement qui est, justement, en train de lutter contre les terroristes! Il aurait mieux fait de s’occuper des vrais extrémistes qui combattent en ce moment en Syrie contre les autorités légitimes. Et encore mieux, il aurait dû se concentrer sur ceux qui les financent et les arment. Je parle ici d’un certain nombre des pays occidentaux », relate l’expert.
Qualifiant cette plainte d’absurde, M. Jiménez n’exclut pas que cette décision soit une tentative pour entraver les négociations entre les autorités syriennes et l’opposition qui ont démarré à Genève.
« D’abord, le tribunal espagnol ne possède pas ce droit, et puis je voudrais demander pourquoi Madrid ne s’est jamais intéressé au meurtre d’un journaliste espagnol tué par des soldats américains en Irak en 2013? En plus, à l’époque, des mesures judiciaires ont été prises pour exclure toute participation de la justice espagnole dans cette affaire. Tout cela est étonnant », conclut-il.
Auparavant, Amal Hag-Hamdo Anfalis, une ressortissante espagnole, avait porté plainte contre le gouvernement syrien suite au décès de son frère, citoyen syrien affirmant qu’il avait été détenu puis torturé en 2013 par les forces de sécurité syriennes et les services de renseignement.
Un juge espagnol a pris la décision d’ouvrir une enquête sur cette affaire malgré les protestations du parquet du pays. D’après une loi adoptée en mars 2014, les tribunaux du pays ont le droit de mener une telle procédure uniquement quand le crime concerne des citoyens espagnols ou étrangers résidant de façon permanente en Espagne.
Source: Sputnik