Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait déjà été pris au piège par Donald Trump dans le bureau ovale lors d’une scène d’humiliation surréaliste, le 28 février dernier, au cours de laquelle il avait été accusé de « manquer de respect » aux États-Unis.
Cette fois, c’est le président sud africain Cyril Ramaphosa qui a fait les frais d’une nouvelle mise en scène orchestrée par le locataire de la Maison Blanche.
Accueillant son homologue devant les journalistes, le président états-unien a interrompu les échanges pour diffuser une vidéo censée étayer ses accusations selon lesquelles les agriculteurs blancs sud-africains seraient victimes de « génocide ».
Dans cette vidéo de quatre minutes, sans contexte, des images montrant, selon Donald Trump, des « familles entières » d’agriculteurs blancs fuyant leurs terres et les expropriations forcées, des extraits de discours de Julius Malema, leader d’un parti minoritaire, ou encore une manifestation en Afrique du Sud durant laquelle des croix blanches ont été érigées sur une route rurale présentées comme des tombes de fermiers blancs…
Une offensive menée de concert avec Elon Musk
« Vous leur permettez de prendre les terres, et quand ils prennent les terres, ils tuent le fermier blanc et quand ils tuent le fermier blanc, il ne leur arrive rien », a lancé le milliardaire.
Il a également brandi une pile de coupures de presse censée confirmer ses dires dont l’une, souligne l’Agence France-Presse (AFP), avec une photo venant en réalité de la République démocratique du Congo.
La scène s’inscrit dans une offensive menée de concert avec le patron de Tesla et Space X, Elon Musk, lui-même né en Afrique du Sud et également présent dans le bureau ovale, pour présenter les lois visant à réduire les inégalités fruit de l’apartheid comme des « lois racistes » et les assassinats de fermiers blancs, dans un pays victime d’une très forte criminalité (75 meurtres par jour en moyenne pour 49 agriculteurs tués recensés en 2023), comme un « génocide ».
Or, selon le Laboratoire sur les inégalités mondiales, les Afrikaners – des descendants des colons européens s’étant installés en Afrique du Sud – contrôlent 72 % des terres agricoles disponibles.
Après avoir pris, le 7 février dernier, un décret qui les prétend spoliés de leur terre, l’administration de Donald Trump s’est félicitée, le 12 mai, d’accueillir une cinquantaine d’Afrikaners sous un statut de réfugié accordé par la présidence des États-Unis.
« C’est un groupe marginal qui n’a pas beaucoup de soutien, qui est contre la transformation et le changement. Et qui préférerait voir l’Afrique du Sud revenir à des politiques d’apartheid », avait alors répliqué Cyril Ramaphosa.
Dans le bureau ovale, mercredi, le président sud-africain, après avoir tenté de prendre la parole à plusieurs reprises sans succès, a essayé de temporiser : « Nelson Mandela nous a appris qu’en cas de problème, les gens doivent s’asseoir autour d’une table et en parler », a-t-il affirmé.
« Nous sommes ici essentiellement pour remettre à zéro les relations entre les États-Unis et l’Afrique du Sud », a-t-il également assuré préférant présenter sa visite comme « dans l’ensemble, un grand succès ».
Source: Avec Humanité