Le fils du Premier ministre israélien, Yaïr Netanyahou, a insolemment vilipendé le président français Emmanuel Macron pour avoir évoqué l’éventualité de reconnaitre un Etat palestinien.
« Allez vous faire voir ! » a-t-il lancé sur X, avant d’enchaîner avec une série de revendications indépendantistes visant des territoires français : « Oui à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie ! Oui à l’indépendance de la Polynésie française ! Oui à l’indépendance de la Corse ! Oui à l’indépendance du Pays basque ! Oui à l’indépendance de la Guyane française ! » Le fils Netanyahu a même accusé la France de « néo-impérialisme en Afrique de l’Ouest ».
Dans une interview à l’émission « C’est à vous » sur France 5 donnée à son retour d’Egypte mardi et diffusée mercredi, le président français a annoncé que Paris pourrait reconnaître un Etat palestinien « en juin » à l’occasion d’une conférence que la France coprésidera avec l’Arabie saoudite aux Nations unies à New York.
« On doit aller vers une reconnaissance (de l’Etat palestinien, ndlr) et donc dans les prochains mois on ira », a-t-il dit.
« Récompense »
Le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar a répondu à la proposition de Macron sur le réseau social X : « Une ‘reconnaissance unilatérale’ d’un Etat palestinien fictif, par n’importe quel pays, dans la réalité que nous connaissons tous, sera une récompense pour le terrorisme et un coup de pouce pour le Hamas. Ce genre d’actions n’apportera pas la paix, la sécurité et la stabilité dans notre région, mais l’inverse : elles ne feront que les éloigner davantage ».
Le Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF), s’est aussi indigné du projet d’Emmanuel Macron.
Dans un communiqué, son président Yonathan Arfi affirme que cette reconnaissance serait « précipitée » et « inopportune » dans le contexte actuel. L’organisation du lobby pro israélien en France s’interroge : « Comment peut-on envisager reconnaître un État alors qu’une partie de son territoire est contrôlée par une organisation terroriste ? ».
« Sans le Hamas »
La proposition française avait été saluée par le Hamas estimant qu’elle constituerait une « étape importante » susceptible d’apporter un « changement positif dans la position internationale » à l’égard des droits du peuple palestinien.
Sur X, le président français a fait remarquer que l’Etat palestinien « serait sans le Hamas ».
L’annonce du président français a divisé la classe politique en France.
« Enfin »
« Un an et six mois après LFI, ces gens comprennent enfin que la solution politique est la seule possible », a de son côté posté son leader Jean-Luc Mélenchon.
« Enfin, s’est entre autres réjouie Mathilde Panot. Après près de deux ans de génocide à Gaza, la France envisage enfin de reconnaître l’État de Palestine. 147 pays l’ont déjà fait. Ce geste, arraché de haute lutte, ne doit pas rester un mot. Il doit se traduire en acte. L’Histoire nous regarde », a lancé sur X la députée LFI.
L’eurodéputée LFI Rima Hassan a réagi dénonçant une décision « très, très, très tardive ». Pour elle, ce n’est « pas un cadeau », mais « un dû », arraché après des mois de guerre à Gaza.
Toujours à gauche, le chef du Modem, Marc Fesneau, a qualifié de « bonne idée » la proposition du président de la République, avant d’insister sur le principe d’« une clause de réciprocité ». « Il faut que les parties se reconnaissent mutuellement : les Palestiniens ont droit à un Etat, les Israéliens ont droit à un Etat, les deux ont le droit de vivre en sécurité dans un régime démocratique », a-t-il déclaré sur TF1. Il s’est néanmoins inquiété du fait que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu envisage d’« évacuer l’idée que les Palestiniens aient droit à un Etat, quitte à occuper l’ensemble du territoire ».
Sur RTL, l’ancien président socialiste François Hollande a estimé que si cette reconnaissance « vient dans un cadre qui permet à des pays qui ne reconnaissent pas Israël de le faire et à d’autres pays qui ne reconnaissent pas l’Etat palestinien de le faire, c’est un bon processus ». Il a néanmoins rappelé que c’était « purement déclaratoire ». « Ce qui compte, c’est qu’un jour, il puisse y avoir un Etat palestinien, mais que le Hamas n’y soit pas et que Gaza puisse être une zone où les Gazaouis vivent, tout simplement », a-t-il développé.
« Prématuré »
A droite, les positions ont plutôt hostiles.
Selon le président LR du Sénat, Gérard Larcher, « Nous avons toujours des otages dans la bande de Gaza, nous avons toujours des attaques du Hamas, nous avons malheureusement une Autorité palestinienne extrêmement faible ».
Du côté de l’extrême-droite, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a estimé pour sa part que reconnaître dès juin un Etat palestinien « reviendrait à donner au Hamas, mouvement islamiste et terroriste, un statut d’interlocuteur légitime ».
Avec la guerre contre Gaza, les appels en faveur d’un Etat palestinien se sont multipliés. Surtout dans les manifestations organisées dans les capitales occidentales contre le génocide israélien.
148 des 193 États membres des Nations unies, soit trois quarts d’entre eux, reconnaissent la Palestine en tant qu’État. Les derniers à l’avoir fait sont l’Espagne, l’Irlande et la Norvège le 28 mai 2024, suivis par la Slovénie le 4 juin et l’Arménie le 21 juin. Le Vatican, qui n’est pas membre de l’Onu, a également reconnu officiellement la Palestine en 2015.
Source: Médias