Des dizaines de milliers de manifestants israéliens ont défilé ce samedi à Tel Aviv à l’appel de l’opposition pour protester contre la décision de Benjamin Netanyahu de reprendre la guerre contre la Bande de Gaza, au prix de la vie des 59 captifs israéliens et celle de démettre le chef du Shin Bet.
Des manifestants brandissaient des pancartes où étaient inscrits « Plus de sang versé », « Combien de sang doit encore être versé » ou « Stoppez la guerre, Maintenant ! » au milieu d’une nuée de drapeaux israéliens.
Selon le média israélien Times of Israel, cette manifestation est « la plus importante et la plus en colère ».
Netanyahu veut les captifs morts
Danny Elgarat, le frère du captif israélien Itzik, tué à Gaza et dont la dépouille a été restituée récemment, a déclaré : « le chiffre des otages tués va augmenter en raison de la reprise des combats à Gaza ».
« Ce sont les directives de Netanyahu qui les tuent. Il se comporte à l’insu de l’intérêt d’Israël. Il voudrait les captifs morts, silencieux pour ne pas qu’ils dévoilent les détails », a-t-il ajouté.
Il a sollicité le Procureur général d’empêcher Netanyahu d’aller de l’avant dans ses décisions et le chef d’état-major de cesser de se plier à ses ordres.
Le père du soldat captif Nemrod Cohen a dit : « aujourd’hui est le 533eme jour de guerre. 59 captifs et captives sont encore dans l’enfer de Gaza. Après avoir sapé l’accord, Netanyahu bombarde la vie des captifs à Gaza. Nous lançons un appel à tout le monde. Netanyahu détruit les otages et détruit tout. Sortez dans les rues. C’est urgent ! »
« Netanyahu a décidé de sacrifier volontairement la vie de mon fils. Il a choisi Smotrich et Ben Gvir. C’est la vérité qu’il faut dire partout. Au lieu de choisir de sauver les vies, Netanyahu a choisi la mort », a-t-il averti.
Appel à la grève générale
S’exprimant lors d’un rassemblement antigouvernemental devant le théâtre national, au centre de Tel-Aviv, le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, a appelé à une grève générale si le Premier ministre Benjamin Netanyahu refuse de tenir compte de l’avis de la Cour suprême gelant la décision du gouvernement de renvoyer le chef du Shin Bet (Sécurité intérieure) Ronen Bar.
« Si le gouvernement du 7-Octobre décide de ne pas obéir à la décision de la Cour, il deviendra ce jour-là un gouvernement hors-la-loi », a déclaré M. Lapid devant plusieurs milliers de manifestants à Tel-Aviv, selon l’AFP.
« Si cela arrive, le pays entier doit s’arrêter » a-t-il lancé, soulignant que « le seul système qui ne doit pas s’arrêter est le système de sécurité ».
« L’économie doit se mettre en grève, le Parlement doit se mettre en grève, les tribunaux doivent se mettre en grève, les autorités doivent se mettre en grève, et pas seulement les universités, mais aussi les écoles », a-t-il affirmé.
La Cour suprême d’Israël a suspendu vendredi la décision inédite du gouvernement de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar, dont l’annonce de la révocation a ravivé les profondes divisions de la société. Elle veut examiner, d’ici au 8 avril, cinq recours contre la décision annoncée par l’exécutif.
Affaire Qatargate et fiasco du 7 octobre
Samedi soir, Netanyahu a persisté. « Ronen Bar ne restera pas à la tête du Shin Bet, il n’y aura pas de guerre civile, et Israël restera un État démocratique », a-t-il affirmé dans un message vidéo en forme de défi à la Cour suprême.
L’un des recours émane du parti Yesh Atid de M. Lapid, qui dénonce une « décision prise en raison d’un conflit d’intérêts flagrant du Premier ministre ».
Selon l’AFP, le recours met en avant les deux éléments qui, selon les requérants, ont poussé M. Netanyahu à limoger M. Bar: l’affaire nommée « Qatargate » par les médias dans laquelle des proches du Premier ministre sont soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vin en provenance du Qatar, et la mise en cause de l’exécutif dans le fiasco sécuritaire du 7 octobre 2023.
Destitution de la procureure générale
Une partie des Israéliens dénoncent ce qu’ils considèrent comme une dérive autocratique du Premier ministre, qui réunit dimanche son gouvernement pour lancer une procédure de destitution de la procureure générale du pays, Gali Baharav-Miara.
Mme Baharav-Miara, qui joue aussi le rôle de conseillère juridique du gouvernement, a averti M. Netanyahu que la décision de la Cour suprême lui « interdit » temporairement de nommer un nouveau chef du Shin Bet.
Une manifestation contre la destitution de la procureure générale est prévue dimanche devant la Knesset, le Parlement israélien, et près de la résidence privée du Premier ministre à Jérusalem.