La Russie a lancé vendredi une attaque massive de drones et de missiles sur les infrastructures énergétiques de l’Ukraine dont le président Volodymyr Zelensky a, une nouvelle fois, appelé à une trêve dans les airs et en mer.
Ces bombardements nocturnes interviennent au lendemain d’un sommet des 27 dirigeants des pays membres de l’UE qui, face au désengagement de Washington dans le conflit, ont affiché à Bruxelles leur volonté de renforcer les capacités de défense du continent.
« Les premières étapes pour établir une paix réelle devraient être de forcer la seule source de cette guerre, c’est-à-dire la Russie, à mettre fin à de telles attaques », a écrit M. Zelensky vendredi dans un message sur X, en demandant une « interdiction » de l’usage « de missiles, de drones à longue portée et de bombes » aériennes.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit vendredi soutenir « l’idée d’établir un cessez-le-feu le plus rapidement possible et de cesser les attaques dans les airs et en mer comme mesure de confiance entre les parties », plaidant pour « une paix juste, durable et honorable en Ukraine ».
Sur le plan diplomatique, une rencontre est prévue mardi en Arabie saoudite entre des délégations américaine et ukrainienne pour définir « un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial », selon Steve Witkoff, émissaire américain pour le Moyen-Orient.
Les Mirage utilisés pour la première fois
Tôt vendredi, dans plusieurs régions d’Ukraine, les infrastructures énergétiques et gazières se sont retrouvées à nouveau sous « des bombardements massifs de missiles et de drones », selon le ministre ukrainien de l’Énergie Guerman Galouchtchenko. « Toutes les mesures nécessaires sont prises pour stabiliser l’approvisionnement en énergie et en gaz », a-t-il précisé sur Facebook.
Lors de cette « attaque combinée », le pays a été visé par au moins 58 missiles et 194 drones russes, selon l’armée ukrainienne. Pour les contrer, elle a notamment utilisé pour la première fois des chasseurs français Mirage 2000 livrés par la France le mois dernier. L’armée de l’air ukrainienne a précisé avoir abattu au moins 134 cibles, dont 34 missiles et 100 drones, au moment où la suspension de l’aide militaire américaine fait craindre un affaiblissement de ses capacités de défense antiaérienne.
Attaque contre le complexe militaire
Ces attaques menées depuis les airs, la mer et la terre, visaient des installations énergétiques stratégiques qui alimentent le complexe militaro-industriel ukrainien, rapporte le média russe RT, citant le ministère russe de la Défense selon lequel toutes les cibles ont été atteintes, entraînant la destruction complète des sites visés.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que ces frappes nocturnes n’étaient aucunement une réponse aux récentes suggestions de trêve du président français qui a proposé de cesser les attaques contre les infrastructures énergétiques, aériennes et maritimes. «Nous ne sommes pas d’accord avec une telle interprétation», a affirmé Peskov, rappelant que les opérations russes s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie prédéfinie visant exclusivement à neutraliser les capacités militaires et industrielles ukrainiennes.
Selon RT, au total, sept frappes similaires ont eu lieu entre le 1er et le 7 mars, ciblant des infrastructures militaires variées telles que des aérodromes, des dépôts de munitions, des ateliers industriels, des centres de commandement de drones, des bases navales, ainsi que des zones de regroupement des forces armées ukrainiennes, de groupes nationalistes et de mercenaires étrangers.
« Réarmer l’Europe »
Une semaine après la vive altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche, l’Ukraine fait face au gel de l’aide militaire américaine, dont l’interruption du partage de renseignements.
Face au désengagement américain, les 27 dirigeants européens, réunis en sommet exceptionnel à Bruxelles, ont donné jeudi leur feu vert au plan de la Commission européenne, baptisé « Réarmer l’Europe », qui vise à mobiliser 800 milliards d’euros face à « la nécessité d’accroître substantiellement les dépenses en matière de défense ».
Dans leurs conclusions, les membres de l’UE, à l’exception de la Hongrie, ont convenu qu' »il ne peut y avoir de négociations sur l’Ukraine sans l’Ukraine ».
« Une rhétorique de confrontation »
« Nous voyons que l’UE discute activement de militarisation, nous suivons ce processus de près car l’UE positionne la Russie comme ennemi principal », a réagi vendredi le porte-parole de la présidence russe. Dmitri Peskov a dénoncé une « rhétorique de confrontation » qui s’oppose à « la recherche d’un règlement » du conflit en Ukraine, déclenché par l’invasion russe du pays fin février 2022.
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé qu’il recevrait mercredi prochain à Paris ses homologues d’Allemagne, d’Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, pour « coordonner leur action en soutien à Kiev ».
Source: Divers