Les tensions géopolitiques, la guerre des monnaies, les craintes au sujet de l’éventuelle dévaluation du dollar, de l’euro et d’autres grandes monnaies ont contraint les banques centrales à chercher des moyens de diversifier leurs réserves. La Russie a misé sur l’or.
Ces dernières années, la Russie a considérablement augmenté ses réserves d’or, vendant, en même temps, des obligations du gouvernement américain, écrit Holger Zschäpitz, chroniqueur économique pour le quotidien allemand Die Welt.
Ainsi, en février, la Banque centrale de Russie a augmenté ses réserves d’or de 9,3 tonnes, ce qui porte le montant total de l’or en Russie à plus de 1 650 tonnes, un record depuis l’effondrement de l’URSS.
L’or est un des actifs d’investissement les plus stables et les plus fiables. Selon le conseiller politique et auteur James Rickards, en achetant du métal précieux la Russie cherche à se protéger de l’influence des fluctuations de l’économie mondiale, notamment de l’économie américaine.
« Poutine achète de l’or parce qu’il prévoit qu’à long terme la confiance dans le dollar va tomber et que le dollar serait utilisé comme une arme contre la Russie », a estimé M. Rickards, ajoutant que dans cette perspective, « l’or est un investissement excellent ».
« Poutine n’est pas guidé par des émotions, mais par des considérations d’ordre étatique, ses intérêts personnels et les intérêts du pays », a souligné l’analyste.
Le journal allemand ajoute que de nombreux experts, après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, ne savaient pas si le président russe Vladimir Poutine continuerait à réduire la dépendance économique des États-Unis.
« Mais les dernières données dissipent tous les doutes: depuis novembre dernier, les réserves d’or de la Russie ont augmenté de 72 tonnes », informe Holger Zschäpitz.
Pour mieux comprendre les motivations de Moscou, M. Zschäpitz attire également l’attention sur le fait que la Russie vend rapidement ses titres américains.
Selon les données de Bloomberg, depuis 2014 la Russie a vendu des titres américains pour une valeur totale de 60 milliards de dollars (55,6 mds EUR). En conséquence, Moscou ne possède plus actuellement que pour 86 milliards de dollars de titres US (79,5 mds EUR).
« Si, précédemment, le Kremlin a été l’un des plus grands créanciers des États-Unis, aujourd’hui Moscou est sorti du top 10. Des pays comme l’Irlande, la Suisse ou le Brésil, ont prêté à l’Amérique plus que la Russie », a conclu le chroniqueur.
Source: Sputnik