L’ex-président égyptien Hosni Moubarak est désormais libre et a quitté l’hôpital militaire du Caire dans lequel il a passé l’essentiel de ses six années de détention, a indiqué vendredi son avocat Farid al-Deeb.
La justice égyptienne avait décidé au début du mois de libérer Moubarak, 88 ans, après son acquittement par la cour de Cassation pour la mort de manifestants en 2011 durant la révolte qui avait provoqué sa chute.
La libération de M. Moubarak qui avait régné sans partage sur le pays pendant 30 ans, vient briser définitivement les aspirations nées d’une révolution qui avait porté l’espoir d’un régime plus démocratique.
Outre M. Moubarak, son ex-ministre de l’Intérieur, Habib al-Adly, qui symbolise la torture et les abus du régime, a aussi été acquitté pour les meurtres de manifestants pendant la révolte.
En revanche, Alaa Abdel Fattah et Ahmed Douma deux des plus importants meneurs de la révolution, sont toujours en prison.
Depuis que l’actuel président Abdel Fattah al-Sissi, ex-chef de l’armée, a destitué son prédécesseur Mohamed Morsi en 2013, il dirige à son tour le pays d’une main de fer, éliminant toute forme d’opposition.
La justice a toutefois ordonné jeudi la réouverture d’une enquête pour corruption contre l’ex-président. Elle porte sur des accusations selon lesquelles lui, sa femme, leurs deux fils et leurs belles-filles ont reçu des cadeaux du quotidien gouvernemental Al-Ahram d’une valeur d’environ un million de dollars.
Depuis son départ du pouvoir, M. Moubarak a été jugé dans deux grandes affaires.
Il a notamment été accusé d’avoir incité au meurtre de manifestants pendant la révolte, au cours de laquelle quelque 850 personnes ont été tuées lors d’affrontements avec la police.
Condamné à la prison à vie en 2012, il avait été blanchi en 2014. Et le 2 mars dernier, la cour de Cassation a confirmé cet acquittement.
Dans un autre grand procès, la cour d’appel avait confirmé en janvier 2016 une peine de trois ans de prison pour M. Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal, dans une affaire de corruption.
Il était accusé avec eux d’avoir détourné plus de 10 millions d’euros, alloués à l’entretien des palais présidentiels. Outre les trois ans de prison, tous trois ont été condamnés ensemble à payer une amende de 125 millions de livres égyptiennes (environ 15 millions d’euros) et à rembourser à l’Etat 21 millions de livres (2,5 millions d’euros).
Dans cette affaire, M. Moubarak a purgé sa peine et ses deux fils ont été remis en liberté.
Traitement spécial
Pour Adel Ramadan, avocat pour l’organisation de défense des droits de l’Homme Egyptian Initiative for Personal Rights, M. Moubarak a bénéficié d’un traitement spécial lors de son procès.
« Il y a une différence entre la façon humaine dont M. Moubarak et les symboles de son régime ont été traités et celle dont ont été traités les militants de janvier 2011 », a-t-il dit à l’AFP.
Si des militants ont été remis en liberté, certains sont astreints à un contrôle judiciaire strict.
Ahmed Maher, fondateur et porte-parole du Mouvement du 6 Avril, un groupe très actif en 2011, a été libéré en janvier. Pendant trois ans, il devra se rendre chaque soir au commissariat de son quartier et y passer la nuit.
Et la semaine dernière, les autorités ont gracié 203 détenus dans des procédures liées à l’interdiction de manifester. Mais aucun militant réputé n’est sorti de prison.
Avec AFP