Israël a annoncé mardi avoir arrêté un Gazaoui accusé d’avoir détourné au profit du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, des fonds d’un organisme officiel turc, la troisième organisation visée par de telles accusations de l’entité sioniste.
Mohammed Mourtaja, coordinateur dans la bande de Gaza de TIKA (Turkish Cooperation and Coordination Agency) depuis 2012, a été arrêté le mois dernier à la suite de soupçons d’appartenance à la branche armée du Hamas, affirme un communiqué du Shin Beth, le service de sécurité intérieure israélien.
TIKA, une agence de développement international du gouvernement turc, est dirigé par le bureau du Premier ministre. Cette organisation n’a pas été mise en cause par le Shin Beth, dont les accusations ne visent que M. Mourtaja.
« L’enquête a prouvé que M. Mourtaja a détourné les ressources et les fonds qui étaient destinés à d’importants projets humanitaires dans la bande de Gaza », a souligné le communiqué.
M. Mourtaja a été arrêté alors qu’il se trouvait dans les tyeritoires de 1948, pour y suivre des stages de formation organisés par TIKA. Mais, selon le Shin Beth, il recueillait aussi des informations destinées à améliorer la précision des tirs de roquettes depuis Gaza sur Israël.
Lors des interrogatoires, M. Mourtaja « a fourni de nombreuses informations opérationnelles sur le tracé des tunnels, les méthodes utilisées par le Hamas pour creuser les tunnels, des scénarios de combat et la fabrication d’armes », selon le communiqué du Shin Beth.
Le communiqué accuse M. Mourtaja, né en 1977, d’avoir détourné des millions de shekels (des centaines de milliers d’euros Ndlr) d’aide humanitaire lors de la guerre de l’été 2014 dans la bande de Gaza et d’avoir inscrit des cadres de la branche armée du Hamas sur les listes de personnes nécessiteuses soumises à TIKA.
Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas, a dénoncé dans un communiqué des « accusations mensongères » portées contre les « organisations internationales présentes à Gaza » dans le cadre d’un « plan sioniste délirant visant à renforcer le blocus de la bande de Gaza » en « terrorisant les organisations internationales pour qu’elles cessent d’aider les Gazaouis ».
Ces derniers mois, Israël a accusé Mohamed Halabi, directeur de l’organisation World Vision à Gaza, d’avoir détourné des dizaines de millions de dollars au profit du Hamas. Une enquête des autorités australiennes a écarté de tels soupçons.
Wahid Borsh, employé du Programme de l’ONU pour le développement (Pnud), a été accusé par Israël d’avoir accepté que des gravats évacués par le Pnud servent à construire une jetée pour les activités militaires du Hamas. Selon son avocate, la justice israélienne a finalement estimé qu’il avait agi involontairement et l’a condamné à sept mois de prison. Libéré en janvier, il est rentré à Gaza.
Plus de deux tiers des deux millions de Gazaouis sont tributaires d’une aide étrangère dont l’acheminement dépend à la fois du Hamas, considéré comme « terroriste » par Israël, les Etats-Unis et l’UE, et d’Israël, qui impose depuis 10 ans un sévère blocus à l’enclave côtière.
Source: Avec AFP