Le journal américain The New York Times a révélé que des enquêteurs israéliens évaluent si des collaborateurs du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ont falsifié le journal d’appels officiel du 7 octobre 2023, afin de cacher qu’il a été mis au courant d’une attaque qui se prépare avant son lancement.
Depuis plus d’un an, le Premier ministre israélien nie avoir reçu des informations au préalable sur les évènements du 7 octobre refusant la formation d’une commission d’enquête pour évaluer sa responsabilité et celle des dirigeants militaires et sécuritaires. Le journal américain a indiqué que le matin du 7 octobre 2023, avant le début de l’opération Déluge d’Al-Aqsa, un général israélien de haut rang avait appelé Netanyahu pour lui dire que des centaines de combattants se préparaient pour mener des attaques contre des positions et des colonies israéliennes.
L’enquête a été lancée lorsque l’ancien secrétaire sécuritaire de Netanyahu, le général Avi Gil a adressé une lettre au procureur général d’Israël lui faisant part que les textes officiels des appels téléphoniques qu’il avait effectués au matin du 7 octobre semblent avoir été modifiés. Ayant démissionné le mois de mai dernir, il accuse l’un des assistants de Netanyahu d’en être l’instigateur en forçant l’un des fonctionnaires à les falsifier, notamment en changeant les dates.
Cette accusation n’est que l’une des nombreuses accusations portées contre les collaborateurs de Netanyahu ces dernières semaines, pour tentative de « consolider sa réputation tout au long de la guerre entre Israël et le Hamas », bien que Netanyahu lui-même ne fasse pas l’objet d’une enquête policière, précise le New York Times.
Dans son édition de mercredi 13 novembre, le quotidien israélien Yediot Ahronoth est allé dans le même sens de ces révélations. Il rapporte que l’enquête menée par le journaliste d’investigation spécialiste des questions sécuritaires et des renseignements Ronen Bergman confirme que le bureau du Premier ministre avait reçu des informations à partir de 2 :00 après minuit. « Les informations de l’armée contredisent le récit des fonctionnaires du bureau de Netanyahu qui nient avoir reçu des informations avant l’attaque », précise l’enquête de Bergman.
A noter que les médias israéliens ont plusieurs fois relayé les confessions de militaires israéliens qui étaient en mission à la frontière avec la bande de Gaza, dans la nuit du 7 octobre, qu’ils avaient averti leurs supérieurs du Shin Bet et des renseignements militaires de mouvement suspects, avant le déclenchement de l’attaque, mais ces derniers ont refusé de les prendre au sérieux.
Ces nouveaux éléments s’ajoutent à d’autres livrés précédemment qui assurent que Natanyahu avait été informé.
Le 10 octobre 2023, un responsable des renseignements égyptiens avait confié pour l’agence AP que le Caire avait averti les Israéliens que quelque chose se préparait dans la bande de Gaza. « Nous les avons avertis qu’une énorme explosion de la situation allait avoir lieu, très prochainement, et qu’elle sera très grande, mais ils ont minimisé l’importance des menaces en provenance de Gaza », a dit ce responsable sous le couvert de l’anonymat.
A la même date, le Yediot Ahronoth rapportait que le chef des renseignements égyptiens le général Abbas Kamel a averti Netanyahu en personne, 10 jours avant l’attaque, que la résistance dans la bande de Gaza « préparait quelque chose d’anormal, une opération affreuse ». Mais le bureau de Netanyahu avait démenti ces déclarations assurant qu’elles sont « de pures mensonges » et qu’il n’a rencontré aucun responsable égyptien depuis sa prise de fonction en novembre 2022.
Dans une interview avec la chaine saoudienne al-Arabiya, le général de division Marwan Mustafa, ancien directeur du Bureau arabe pour les médias de sécurité au Conseil des ministres arabes de l’Intérieur, a déclaré que les fuites des résultats de l’enquête sur l’attentat du 7 octobre, ont révélé qu’Israël avait a reçu des informations selon lesquelles le Hamas entraînait ses forces à faire voler des parapentes dans des zones ouvertes pendant la journée et à la vue de tous, publiant une partie de ses entraînements sur Internet.
Toujours selon al-Arabiya, l’Autorité de diffusion israélienne a révélé que des responsables de l’armée et des renseignements étaient au courant de détails de l’opération du 7 octobre 3 semaines avant son lancement.
Sachant que la confirmation de la falsification des textes officiels des appels ne saurait qu’étayer la probabilité que Netanyahu était au courant au préalable de l’attaque, une question essentielle subsiste sur les raisons pour lesquelles il n’a pas réagi par prévention. Surtout qu’elle a coûté la vie à 1200 israéliens, selon les chiffres officiels. Une autre zone d’ombre subsiste, sur le recours à la directive de Hannibal, qui a été signalée par des médias israéliens, dont le Haaretz. L’enquête n’en est qu’à ses débuts.
Source: Médias