Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a exprimé sa frustration que ses initiatives diplomatiques pour soi-disant mettre un terme au conflit syrien n’aient pas été soutenues par une action militaire des Etats-Unis, selon un enregistrement publié vendredi par le New York Times.
Il a exprimé cette plainte la semaine dernière lors d’une rencontre réalisée à New York en marge de l’Assemblée générale de l’ONU avec une organisation de civils syriens, également frustrés selon l’AFP de voir que les actions américaines en Syrie visent à combattre la milice wahhabite Daesh et pas les forces gouvernementales ou leurs alliés.
L’authenticité de l’enregistrement a été reconnu par le porte-parole du département d’Etat John Kirby
« Je pense que vous faites allusion à trois ou quatre personnes au gouvernement qui ont tous défendu l’usage de la force, et j’ai perdu », leur a-t-il déclaré. « J’ai défendu l’usage de la force (…) mais les choses ont évolué différemment ».
Selon Kerry, il avait poussé en privé le président Barack Obama à prendre des mesures plus fortes en Syrie, pour soutenir les initiatives diplomatiques internationales et pousser Assad vers la sortie.
En août 2013, après que le président syrien Bachar al-Assad eut été accusé arbitrairement d’avoir utilisé des armes chimiques contre des civils, il avait tenu un discours offensif qui semblait augurer de représailles militaires américaines. Mais Obama y avait finalement renoncé quelques heures plus tard. M. Kerry fait référence à ce discours dans l’enregistrement mais fait porter au Congrès la responsabilité de refuser l’usage de la force contre le pouvoir syrien.
Washington hésite à « claquer la porte » au nez de Moscou
Par ailleurs et selon le porte-parole du département d’État américain Marc Toner, Washington n’est pas encore prêt à « claquer la porte » au nez de Moscou, mais il étudie déjà des sanctions à adopter en cas d’absence de consensus sur la Syrie.
« Il y a d’autres possibilités dont nous avons parlées. Certaines d’entre elles ne sont pas très bonnes. Avant de claquer la porte, nous devons nous assurer que nous comprenons quels sont les enjeux et que la Russie le comprend aussi », a déclaré vendredi M.Toner.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a antérieurement déclaré, lors d’un entretien téléphonique avec le secrétaire d’État américain John Kerry, que Moscou était ouvert au dialogue avec Washington sur toutes les questions du processus de paix syrien.
« Le secrétaire d’État a appelé à mettre un terme à l’opération antiterroriste à Alep pour relancer le régime de cessez-le-feu. M. Lavrov a rappelé que les terroristes dirigés par le Front al-Nosra avaient déjà violé à maintes reprises la trêve proclamée le 12 septembre dernier conformément aux ententes russo-américaines.
Ces terroristes entravent l’acheminement d’aide humanitaire en Syrie en menaçant d’attaquer les convois de l’Onu », a annoncé le service de presse du ministère russe des Affaires étrangères.
Washington reconnait ménager le Front al-Nosra en Syrie
Selon Sputnik, Toner a également reconnu que les Américains s’abstiennent de frapper les positions du Front al-Nosra, rebaptisé front Fateh al-Sham, dans une manœuvre qui sert à faire croire qu’il s’est séparé d’Al-Qaïda.
Les États-Unis ne portent pas de frappes contre le groupe terroriste Front al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda, a annoncé vendredi le porte-parole du département d’État américain Mark Toner.
« Non, mais je dois le vérifier. Je ne peux pas l’affirmer », a indiqué M.Toner à la question de savoir sur les États-Unis avaient frappé le Front al-Nosra ces six derniers mois.
Lavrov avait antérieurement déclaré à la chaîne de télévision BBC que les États-Unis n’avaient jamais frappé les terroristes du Front al-Nosra en Syrie. Selon le ministre, Moscou a de plus en plus de raisons de croire que Washington épargne ce groupe pour l’utiliser dans un plan B prévoyant le renversement du régime syrien.
Washington, peu enclin à faire respecter la trêve
Le 9 septembre, John Kerry s’est mis d’accord avec Moscou sur un cessez-le-feu entre le pouvoir syrien et les miliciens. A peine entré en vigueur le 12 septembre, il est volé en éclat quelques jours plus tard en raison du refus des milices de le respecter.
Selon Damas, Washington a toujours été peu enclin à respecter l’accord avec Moscou sur le cessez-le-feu en Syrie, ce qui a causé son échec.
« Nous croyons que l’intérêt humanitaire supérieur exige toute sorte de coopération et de coordination de la part de tous les pays dans la lutte contre le terrorisme. Il est important que toutes les parties prennent aux sérieux les aspects qui ont manqué lors de la réalisation de l’accord entre la Russie et les États-Unis. Mais ceux-ci ne semblent pas vraiment disposée à remplir ses fonctions », a indiqué une source du ministère syrien des Affaires étrangères.
Damas a même accusé les Etats-Unis d’avoir bombardé volontairement une position de l’armée syrienne à Deir Ezzor, et n’a pas cru ses allégations qu’il s’agit d’une « bavure ».
Elle a de même démenti les accusations occidentales qui lui attribuent le bombardement d’un convoi humanitaire qui avait desservi dans une localité détenue par les rebelles dans la province d’Alep. Estimant que ces accusations servient à couvrir le bombardement us de ses forces.
Le 19 septembre, craignant par-dessus tout que les miliciens ne reprennent leur souffle, l’armée syrienne et ses alliés ont lancéune bataille pour libérer les quartiers Est d’Alep. Selon les dernières informations, ce samedi, ils sont en train d’avancer.
Sources : Sputnik ; AFP
Source: Agences