Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a assuré lundi qu’il n’y aurait pas de retrait des troupes de l’ONU déployées au Liban (Finul), en critiquant son homologue israélien Benjamin Netanyahu, qui a appelé à les mettre « à l’abri immédiatement ». Il a exhorté aussi les autres membres de l’Union européenne à répondre à la demande de Madrid et de l’Irlande de suspendre l’accord de libre-échange de l’Union avec « Israël » en raison de ses actions à Gaza et au Liban.
« Nous condamnons, et nous continuerons à condamner avec la plus grande fermeté, la déclaration faite hier par le Premier ministre Netanyahu », a assuré le chef du gouvernement espagnol lors d’un forum organisé par le groupe de médias Prisa.
« Il n’y aura pas de retrait de la Finul, parce que notre engagement en faveur de la légalité internationale, dans les termes établis par la résolution 1701, a plus de sens aujourd’hui que jamais », a-t-il ajouté, en référence à la disposition ayant permis le déploiement de Casques bleus au Liban.
Dimanche, Benjamin Netanyahu a appelé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à mettre les Casques bleus de la Finul « à l’abri immédiatement », lors d’un discours en anglais. « Votre refus d’évacuer les soldats de la Finul en fait des otages du Hezbollah. Cela les met en danger », a-t-il insisté.
Ces propos ont été tenus alors qu’au moins cinq Casques bleus ont été blessés ces derniers jours dans des tirs israéliens, pendant une tentative des forces israéliennes d’avancer en direction de la position de la Finul à Ras Naqoura. Ces attaques ont été fermement condamnées par l’ONU, qui a évoqué de possibles « crimes de guerre ».
Déployée dans le sud du Liban, la Finul a dénoncé des « violations choquantes » israéliennes contre ses positions, faisant état notamment d’une entrée « en force » dimanche de deux chars israéliens dans une de ses positions. L’armée d’occupation israélienne a dit qu’un de ses chars avait percuté un poste de la Finul alors qu’il évacuait des soldats blessés.
Pedro Sánchez, qui multiplie les critiques contre Israël depuis le début du conflit dans la bande de Gaza voilà un an, a par ailleurs de nouveau appelé lors de son intervention la communauté internationale à « suspendre immédiatement les livraisons d’armes à Israël ».
« Sans armes, il ne peut y avoir de guerre », a insisté le dirigeant socialiste, qui souhaite, en outre, que la Commission européenne mette un terme à son « accord d’association avec le gouvernement israélien, s’il est établi, comme tout le suggère, que les droits de l’homme sont violés ».
Depuis des mois, l’Espagne et l’Irlande sont en pourparlers avec d’autres pays de l’UE qui souhaitent une révision de l’accord d’association UE-Israël au motif qu’Israël pourrait enfreindre la clause relative aux droits de l’homme de l’accord dans le cadre de la conduite de sa guerre dans la bande de Gaza et au Liban.
La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), établie en mars 1978 par le Conseil de Sécurité, comprend au total 10.000 soldats, dont 650 Espagnols, déployés le long de la frontière. Elle est dirigée depuis début 2022 par un général espagnol, Aroldo Lázaro.
Source: Avec AFP