Madrid, Dublin et Oslo reconnaissent formellement, ce mardi 28 mai, l’Etat de Palestine, une décision provoquant la fureur d’Israël qui a accusé le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez de se rendre « complice des appels au génocide du peuple juif ».
Cette reconnaissance est « une question de justice historique » pour le peuple palestinien, a déclaré mardi M. Sánchez, dans une brève déclaration en espagnol et en anglais.
Cette décision n’est prise « contre personne, et encore moins contre Israël, un peuple ami (…) avec qui nous voulons avoir la meilleure relation possible », a-t-il ajouté, en estimant que reconnaître l’Etat de Palestine reflétait par ailleurs « notre rejet total du Hamas qui est contre la solution à deux Etats ».
Dans un message publié sur X, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a accusé le Premier ministre espagnol de se rendre « complice des appels au génocide du peuple juif » en reconnaissant l’Etat de Palestine et en maintenant à son poste la numéro trois de son gouvernement, Yolanda Diaz, qui a appelé récemment à libérer la Palestine « du fleuve à la mer ».
Ce slogan fait référence aux frontières de la Palestine sous mandat britannique, qui s’étendait du fleuve Jourdain à la mer Méditerranée, avant l’usurpation de la Palestine et la création de l’entité sioniste en 1948.
Annoncée mercredi dernier de façon coordonnée par M. Sánchez et ses homologues irlandais et norvégien, la reconnaissance de l’Etat de Palestine par ces trois pays sera effective à compter de ce mardi.
La réunion du Conseil des ministres espagnol, qui doit formellement adopter le décret actant cette reconnaissance, a débuté à 09H30 locales (07H30 GMT). Le gouvernement irlandais doit également se réunir dans la matinée, tandis que la Norvège a remis dimanche une note verbale au nouveau Premier ministre palestinien, Mohammed Mustafa, actant l’entrée en vigueur mardi de cette décision.
Ces trois pays européens – dont deux, l’Espagne et l’Irlande, sont membres de l’UE – estiment que leur initiative a une très forte portée symbolique, à même d’amener d’autres Etats à les rejoindre.
En incluant l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, l’Etat de Palestine est désormais reconnu par 145 pays sur les 193 Etats membres de l’ONU, selon un décompte de l’Autorité palestinienne. Sont absents de cette liste la plupart des pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, l’Australie, le Japon ou encore la Corée du Sud.
« Une récompense au Hamas »
Lundi, Israël Katz avait déjà pris des « mesures punitives » à l’encontre de Madrid, en interdisant au consulat d’Espagne à Al-Qods occupée de fournir ses services aux Palestiniens à compter du 1er juin.
« Nous ne tolérons pas que l’on porte atteinte à la souveraineté et à la sécurité d’Israël », a-t-il dit, accusant l’Espagne de décerner « une récompense au Hamas ».