Des images d’horreur. La mort est passée par l’hôpital al-Chifa. Telle est la scène que présente ce plus grand complexe hospitalier de la ville de Gaza, après le retrait de l’armée d’occupation israélienne à l’aube de ce lundi, selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza.
L’armée d’occupation israélienne, qui avait lancé à partir du 18 mars une deuxième offensive militaire contre ce complexe hospitalier, n’a pas immédiatement confirmé ce retrait, indique l’AFP. Un journaliste de l’agence et des témoins sur place ont vu des chars et des véhicules quitter le complexe hospitalier, couverts par des tirs d’artillerie et des frappes aériennes.
« Une avidité à tuer »
Depuis le 18 mars, il faisait l’objet d’une offensive israélienne meurtrière sans merci, aérienne et d’artillerie, à longueur de journée. Il était devenu « une boule de feu ».
Le journal libanais al-Akhbar a pu obtenir les témoignages de gens qui ont été témoins de ce qui s’est passé auparavant.
Le jeune Ahmad Sayed raconte que les chars israéliens s’étaient auparavant infiltrés dans les quartiers Rammal, Nasr et al-Chati’, après plusieurs jours de bombardement incessant. Leurs soldats ont attaqué les bâtiments, ont exécuté les hommes en ont arrêté d’autres et ont contraint les femmes et les enfants à se rendre au sud.
Sayed raconte qu’une famille formée d’une mère et de 3 enfants qui a pu s’en sortir lui a raconté ce qu’elle a vue : « les cadavres décomposés jonchaient dans les rues, dévorés par les chiens… c’était tous des civils qui avaient été bombardés par l’artillerie ou les avions Kodakapter et certains martyrs ont péri sous les décombres des maisons bombardées ».
Une autre femme, Oum Mahmoud qui a pu fuir à l’est de Gaza au lieu du sud, a livré son témoignage sur l’intérieur de l’hôpital al-Chifa où elle était restée 5 jours : « Les soldats faisaient preuve d’une brutalité incompréhensible et d’une avidité à tuer. Les jeunes hommes qui sortaient les mains levées, arborant des insignes blancs, ils étaient tués par des tireurs embusqués ou piétinés par des bulldozers. Il y a plus de 130 cadavres jetés dans la cour de l’hôpital al-Chifa. Les soldats forçaient les enfants à rester assis pendant de longues heures parmi les cadavres en décomposition. Ils battaient les femmes », a-t-elle décrit.
Selon elle, aucun char ne passait d’une rue à l’autre, sans utiliser les Palestiniens non armés comme boucliers humains les faisant marcher devant eux, par peur d’être la cible de la résistance qui défendait le complexe hospitalier.
Hors-service : 300 cadavres
Des sources médicales ont indiqué que l’hôpital est désormais entièrement hors service compte tenu de l’ampleur des destructions causées dans ses bâtiments que dans ceux avoisinants. Elles ont rapporté que des centaines de cadavres ont été trouvés dan son enceinte et dans les périphéries.
Le porte-parole de la Défense civile Mahmoud Bassal en a dénombré 300 pour la chaine qatarie al-Jazeera.
« Des dizaines de corps de martyrs, certains en état de décomposition, ont été retrouvés dans l’enceinte et aux abords de l’hôpital d’al-Chifa », a affirmé le ministère de la Santé du Hamas dans un communiqué, précisant que les dégâts matériels sont « très importants » sur l’ensemble des bâtiments.
Un médecin a déclaré à l’AFP que plus de 20 cadavres ont été récupérés. D’après lui, certains corps se sont fait rouler dessus par les véhicules militaires en train de se retirer.
L’armée dit y avoir tué quelque 200 « terroristes », en avoir arrêté 550 autres et capturé pour l’enquête 900 personnes. 6.000 autres ont été lâchés.
Des rapports rendent compte que les forces d’occupation ont effectué des exécutions à l’intérieur du complexe. Certains ont été liquidés les mains menottées.
21 patients morts
De plus, 21 patients ont succombé, depuis le lancement de la seconde attaque contre cet hôpital, le 18 mars dernier, a indiqué le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon lequel il n’y a plus qu’une bouteille d’eau pour 15 personnes.
Il a fait état de 107 patients dans un bâtiment incompatible, qui maquent de soins médicaux et d’approvisionnement, dont 4 enfants et 28 atteints de maladies graves. Certains malades ont eu les blessures infectées en raison du manque d’eau et d’autres produits nécessaires pour les désinfecter.
Le tour de l’hôpital al-Aqsa
Le chef de l’OMS a fait état d’une autre attaque israélienne contre un autre centre hospitalier, l’hôpital al-Aqsa situé à Deir el-Balah, au centre de la bande de Gaza.
Il a rendu compte qu’ »un campement dans l’enceinte de l’hôpital al-Aqsa a été touché par une frappe aérienne israélienne », faisant quatre morts et 17 blessés.
Une équipe de l’OMS était au moment de la frappe en mission dans cet hôpital, a précisé Tedros Adhanom Ghebreyesus sur X.
L’armée d’occupation israélienne a fait état sur X d’une « frappe précise contre un centre de commandement opérationnel du Jihad islamique et des terroristes positionnés dans la cour de l’hôpital Al-Aqsa ».
Depuis le déclenchement de la guerre le 7 octobre, l’armée israélienne a attaqué la plupart des hôpitaux de l’enclave sous prétexte que les combattants du Hamas y sont retranchés. Ce que le Hamas nie catégoriquement. Lors de la première prise de l’hôpital al-Chifa, le mois de novembre dernier, les preuves apportées par les Israéliens pour étayer leurs accusations fournies étaient maigres et n’ont pu convaincre les journalistes de leur bien-fondé.
Entretemps, l’armée d’occupation israélienne poursuit sans relâche ses bombardements sur la bande de Gaza. Au moins 77 Palestiniens sont tombés en martyrs ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé de Gaza.
Source: Divers