Les médias israéliens ont révélé dimanche soir que le chef du gouvernement israélien, Benjamin Netanyahu, « a réprimandé le chef du Mossad, David Barnea, après son retour de Paris ».
Selon la chaîne de télévision israélienne Channel 13, « Netanyahu a réprimandé Barnea et a exigé une position israélienne plus dure dans les négociations. » Cependant, il a finalement été décidé qu’« une délégation technique professionnelle partirait pour le Qatar dans les prochains jours pour discuter des questions humanitaires liées à l’accord sur les détenus et de l’aide qui entrerait à Gaza ».
Selon ce média, « la délégation partira avec un mandat limité », c’est-à-dire pour discuter uniquement des « questions humanitaires », et rien d’autre.
Ce qui s’est passé à Paris
Barnea était à la tête de la délégation envoyée vendredi par le gouvernement israélien à Paris pour participer aux pourparlers visant à parvenir à un accord d’échange de prisonniers entre le Hamas et l’occupation israélienne, ainsi qu’à une trêve dans la bande de Gaza.
Le site Axios a indiqué que la délégation israélienne comprenait aussi le chef du Shin Bet et des renseignements de l’armée d’occupation (AMAN). Ont également participé aux tractations les États-Unis, le Qatar l’Égypte, qui étaient représentés respectivement par le directeur de la CIA, William Burns, le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdul Rahman Al Thani, et le chef des renseignements égyptiens, Abbas Kamel.
Selon Israël, 130 otages –dont 30 seraient morts– sont encore retenus sur les quelque 250 personnes prises en captivité lors de l’opération Déluge d’al-Aqsa réalisée dans l’enveloppe de Gaza le 7 octobre en vue de les échanger contre plus de 5.000 détenus palestiniens qui ont été arrêtés en Cisjordanie occupée avant cette date. Depuis l’opération et la guerre, plus de 7.000 Palestiniens de la Cisjordanie occupée se sont ajoutés à ces détenus.
Le mécanisme un Israélien contre 10 Palestiniens
Evoquant ce qui avait été discuté à Paris, le chroniqueur politique du site d’information israélien Walla Barak Ravid a pour sa part fait remarquer pour la radio israélienne 103 : « Le changement le plus important est que si, aujourd’hui encore, nous entendons Netanyahu dire que le mécanisme de libération des personnes kidnappées en échange de prisonniers palestiniens sera de 3 prisonniers palestiniens pour chaque Israélien kidnappé, alors ce mécanisme n’est plus approprié. Nous nous dirigeons vers un mécanisme qui sera beaucoup plus proche du 1 pour 10, soit 3 fois l’accord précédent. Non seulement le nombre changera ici, mais peut-être que la qualité changera aussi. Autrement dit, si cet accord entre en vigueur, les Palestiniens qui ont tué des Israéliens seront libérés, ce qui n’était pas prévu dans l’accord précédent ».
Selon Axios, citant deux sources, Américains, Qataris et Egyptiens ont proposé un nouveau cadre plus détaillé aux négociateurs israéliens. Il propose de libérer 40 captifs israéliens en échange d’un cessez-le-feu de 6 semaines et la libération de plusieurs centaines de détenus palestiniens chez les Israéliens.
Les revendications du Hamas négligées
Pour leur part, des sources privées de la résistance palestinienne ont révélé pour la télévision d’information libanaise satellitaire al-Mayadeen que les principales revendications du Hamas ont été négligées à Paris, malgré certains progrès réalisés sur des points précis. Et de souligner que le progrès le plus significatif de la deuxième réunion est l’augmentation du nombre des prisonniers palestiniens qui seront libérés.
Elles ont rapporté que les responsables israéliens ont empêché la conclusion d’un accord final, alors que le fossé reste grand entre les deux parties, notamment avec le rejet par « Israël » d’un cessez-le-feu définitif et d’un retrait complet, expliquant que la réunion a été marquée par des changements insuffisants dans la position israélienne.
Elles ont également indiqué que le Hamas estime que l’occupation essaie de gagner du temps et de tergiverser pour ne pas parvenir à un accord final, car cela déclencherait une crise interne.
Délégation israélienne à Doha
En outre, le journal Yedioth Ahronoth a rapporté qu’« une délégation israélienne composée des services du Mossad et du Shin Bet devrait arriver ce lundi dans la capitale qatarienne, Doha, pour entamer des discussions avec les médiateurs qataris sur les détails de l’accord d’échange.
Selon le journal, les négociations de Doha aborderont toutes les questions, tel que:
1- Une liste des noms des prisonniers israéliens qui seront libérés.
2- Les noms des prisonniers palestiniens qui seront libérés par Israël.
3- Conditions d’un cessez-le-feu, y compris le retrait de l’armée israélienne de la bande de Gaza.
4- Discuter de la cessation de la collecte de renseignements par Israël.
5- Retour limité des citoyens du sud de la bande de Gaza vers son nord.
De hauts responsables israéliens admettent que les négociations sur l’accord d’échange « semblent bonnes » à l’heure actuelle, mais « il y a une personne qui a le mot à dire, et c’est le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar. » et ils disent : « Au final, personne ne sait ce qui se passe dans sa tête», d’après le Yedioth Ahronoth.
Netanyahu: avec ou sans accord, Rafah sera attaquée
Benjamin Netanyahu a aussi son mot à dire. Les médias israéliens lui rapportnt avoir dit qu’aucun accord ne sera conclu si le Hamas n’abandonne pas « ses exigences irréalistes ».
Evoquant toujours de la nécessité de lancer une attaque contre Rafah, il a assuré qu’après son lancement, « notre opération dans la bande de Gaza se terminera d’ici quelques semaines ».
« Nous ne pouvons quitter le dernier bastion du Hamas sans nous en occuper », a-t-il dit, rapportent les médias israéliens . « Si nous parvenons à un accord sur les otages, l’opération à Rafah sera un peu retardée, et si nous ne parvenons pas à un accord, nous nous rendrons à Rafah», a-t-il aussi dit
Netanyahu a souligné qu’« il n’y a aucun désaccord avec Washington concernant la nécessité d’évacuer les civils de Rafah, et nous travaillerons pour les diriger vers une zone au nord de Rafah ».
Jeudi soir, Netanyahu a soumis au cabinet de sécurité de son gouvernement un plan qui prévoit notamment le maintien du « contrôle sécuritaire » d’Israël sur la bande de Gaza, une fois la guerre terminée. Il a été immédiatement rejeté par les Palestiniens, le Hamas à Gaza et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée, mais aussi par les Etats-Unis, principal allié d’Israël. En visite en Argentine, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a réaffirmé l’opposition de son pays à toute « réoccupation israélienne » de Gaza.
Source: Divers