Prenant le relais du Conseil de sécurité paralysé, l’Assemblée générale de l’ONU a réclamé, le mardi 12 décembre, « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » à Gaza, un texte non contraignant qui vise toutefois par sa majorité écrasante à mettre la pression sur ‘Israël’ et son allié américain.
Dans cette résolution adoptée par 153 voix pour, 10 contre (dont ‘Israël’ et les Etats-Unis), et 23 abstentions sur 193 Etats membres, l’Assemblée s’inquiète de la « situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza ».
Répondant à une demande sans précédent du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres qui craint un « effondrement total de l’ordre public » dans le territoire palestinien en guerre, elle « exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat », réclame la protection des civils, l’accès humanitaire et la libération « immédiate et inconditionnelle » de tous les prisonniers.
Le représentant israélien a dénoncé une résolution « hypocrite ». « Le temps est venu de rejeter la faute sur ceux qui le méritent, les monstres du Hamas », a-t-il dit, répétant que selon lui, un cessez-le-feu ne ferait que renforcer le mouvement de résistance palestinien.
Les Américains avaient déposé un amendement pour condamner les attaques du Hamas du 7 octobre rejeté (84 voix pour, 62 contre, 25 abstentions), comme un amendement similaire fin octobre.
Un autre amendement autrichien qui voulait préciser que les otages sont détenus par « le Hamas et d’autres groupes » a également été rejeté.
Rappelons que le Hamas a lancé le 7 octobre une opération baptisée Déluge d’Al-Aqsa contre les colonies environnantes Gaza, en riposte aux agressions israéliennes continues contre les Palestiniens et la mosquée d’Al-Aqsa.
1400 colons et soldats israéliens ont été tués au cours de cette opération et 200 autres ont été arrêtés en vue de les échanger avec les milliers de prisonniers palestiniens incarcérés dans les geôles de l’occupation israélienne.
« Deux poids, deux mesures »
Cette réunion spéciale de l’Assemblée générale a été réclamée par les pays arabes après le véto américain vendredi à un projet de résolution du Conseil de sécurité réclamant ce même « cessez-le-feu humanitaire immédiat ».
De nombreux pays et organisations de défense des droits humains avaient déploré l’échec de vendredi, y compris Antonio Guterres qui a décrit un Conseil de sécurité à l’autorité et la crédibilité « compromises ».
Le Conseil avait déjà mis plus d’un mois après le début de la guerre israélienne contre Gaza pour réussir à parler d’une seule voix, se contentant mi-novembre, après quatre textes rejetés, de demander des « pauses » humanitaires.
La guerre israélienne contre Gaza a fait plus de 18.000 martyrs palestiniens, dont plus de 7000 enfants, en plus de 50.000 autres blessés.
L’ONU ne cesse d’alerter sur la situation catastrophique à Gaza, où le système humanitaire est « au point de rupture ».
« Qu’attendons-nous pour arrêter ces morts et cette machine de guerre destructrice ? », a lancé mardi à la tribune l’ambassadeur égyptien Osama Mahmoud Abdelkhalek Mahmoud en présentant la résolution, déplorant les « efforts d’une minorité de pays qui s’opposent à l’opinion publique internationale en faveur d’un cessez-le-feu ».
Dans une allusion à peine voilée notamment aux Etats-Unis qui ont condamné l’offensive russe en Ukraine, il a dénoncé les pays qui appliquent une politique de « deux poids deux mesures ».
« Le prix d’une défaite du Hamas ne peut pas être la souffrance continue de tous les civils palestiniens », ont déclaré de leur côté dans un communiqué commun les Premiers ministres d’Australie, du Canada et de la Nouvelle-Zélande, qui ont voté pour la résolution.
Cet appel à un cessez-le-feu a recueilli bien plus de voix que la résolution de fin octobre (120 voix pour, 14 contre et 45 abstentions).
Un « jour historique », pour l’ambassadeur palestinien à l’ONU
Le « message puissant » envoyé par l’Assemblée générale de l’ONU représente un « jour historique », a salué l’ambassadeur palestinien à l’ONU.
« C’est notre devoir collectif de poursuivre sur ce chemin jusqu’à ce que nous puissions voir la fin de cette agression contre notre peuple, la fin de cette guerre contre notre peuple », a déclaré à la presse Riyad Mansour.