Donald Trump souhaite que la flotte militaire américaine dispose de 12 porte-avions à l’avenir, conformément au voeu exprimé par la marine, a-t-il dit jeudi lors d’une visite sur le porte-avions Gerald Ford.
Le président américain veut « reconstruire l’armée américaine » en augmentant substantiellement les dépenses militaires.
Il a déjà déclaré qu’il souhaitait une marine américaine à 350 navires et sous-marins dans les prochaines années, contre un objectif fixé à 310 navires par l’administration Obama, et un niveau actuel de 274 bateaux.
Mais il n’a pas encore détaillé sur quels genre de bateaux l’effort se porterait.
« Je viens de parler avec des responsables de la marine et de l’industrie, pour discuter de mes plans d’entreprendre une expansion majeure de notre flotte militaire, comprenant le 12e porte-avions dont nous avons besoin », a déclaré le président américain sur le Gerald Ford.
« Après des années de réduction des dépenses militaires qui ont affaibli nos défense, je souhaite mener l’une des plus grandes augmentations des dépenses militaires de l’histoire », a souligné M. Trump.
La marine américaine compte actuellement 10 porte-avions, et en aura 11 lorsque le Gerald Ford, le dernier-né de ces navires géants, entrera en service dans les prochaines mois. Le prix du Gerald Ford est estimé à 12,9 milliards de dollars.
La marine américaine a demandé en décembre dernier une forte augmentation de sa flotte, du fait de la sophistication croissante des armements de ses adversaires potentiels.
Elle demande désormais 355 navires, dont 12 porte-avions, contre 308 navires et 11 porte-avions dans ses prévisions précédentes.
Le porte-avions, capable de porter le feu américain un peu partout dans le monde, est l’un des principaux attributs de la puissance militaire américaine.
Mais certains experts considèrent qu’il est désormais une arme dépassée, du fait de la sophistication croissante des défenses anti-navires de pays comme la Russie ou la Chine.
Les porte-avions sont devenus vulnérables et ne peuvent plus s’approcher suffisamment des côtes pour que leurs avions puissent frapper à l’intérieur des terres, expliquent-ils.
Ils estiment que le sous-marin est beaucoup plus un choix d’avenir, par sa capacité à s’approcher des côtes ennemies et à tirer des missiles, ou à terme des drones, sans être détectés.
Trump dénonce une « chasse aux sorcières »
Sur un autre plan, e président américain a qualifié jeudi de « chasse aux sorcières » les appels à la démission de son ministre de la Justice dans l’affaire des contacts supposés de ce dernier et d’autres alliés avec des responsables russes.
Soutien de la première heure au Sénat du président républicain, dont il a inspiré la politique anti-immigration, le ministre de la Justice Jeff Sessions a reconnu avoir rencontré l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis Sergueï Kislyak à deux reprises l’année dernière, ce qui semblerait contredire de récentes déclarations.
Mais M. Sessions a démenti avoir commis quelque acte illicite que ce soit au cours de ces rencontres ou avoir menti pendant ses auditions de confirmation au Congrès.
Lors d’une conférence de presse, M. Sessions a annoncé qu’il se récusait dans toute enquête sur la campagne. Et il a expliqué que c’était son rôle de sénateur de rencontrer des diplomates et qu’il avait parlé de « choses normales » avec l’ambassadeur russe.
Parlant dans la soirée de jeudi sur la chaîne de télévision Fox News, M. Sessions a répété qu’il n’avait pas parlé de la campagne électorale avec l’ambassadeur de Russie. « Quand je faisais campagne pour Trump, je n’ai pas été impliqué dans quoi que ce soit de ce genre. Vous pouvez en être sûrs », a-t-il dit.
« Jeff Sessions est un honnête homme », a écrit M. Trump dans un communiqué jeudi soir, au terme d’une journée agitée par cette affaire au Capitole et dans les médias américains. Il l’avait plus tôt assuré de sa confiance « totale ».
Trump reconnaît toutefois que son ministre aurait pu répondre « plus précisément » lorsqu’une commission parlementaire l’a interrogé sur ses éventuels contacts avec des responsables russes.
Jeff Sessions a en effet admis avoir eu de tels contacts pendant la campagne mais en sa qualité de sénateur et non de représentant de la campagne de Donald Trump.
« Mais ce n’était clairement pas intentionnel », poursuit le président. « Il n’a rien dit de faux. »
« Toute cette histoire est une façon de ne pas perdre la face pour les démocrates qui ont perdu une élection que tout le monde pensait qu’ils devaient gagner », accuse encore Donald Trump, assurant que l’opposition a « perdu le sens de la réalité ».
« La véritable histoire, c’est toutes les fuites illégales d’informations classées et d’autres informations. C’est une véritable chasse aux sorcières! », conclut-il.
A coups de fuites et révélations, Donald Trump ne parvient pas à mettre un terme à cette affaire russe, qui l’a déjà conduit à se séparer de son conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, le 13 février.
Un nombre croissant de parlementaires de l’opposition démocrate mais aussi de la majorité républicaine appelaient à ce que l’Attorney General s’exclue de lui-même de l’enquête conduite par le FBI sur la campagne de piratage et de désinformation attribuée à Moscou.
L’existence de l’enquête, rapportée par de multiples journaux américains, n’a pas été confirmée officiellement.
‘Parjure’
Cette affaire à tiroirs alimente les soupçons sur le rapprochement envisagé par le nouveau locataire de la Maison Blanche avec le président russe Vladimir Poutine.
Sous l’administration Obama, Washington a accusé Moscou d’avoir mené en 2016 une campagne d’influence pour tenter de discréditer la candidate démocrate Hillary Clinton et aider son adversaire républicain.
Donald Trump a nié à plusieurs reprises toute collusion, et la Russie nie catégoriquement toute ingérence.
L’ambassadeur Kisliak semble avoir assidûment cherché à nouer des liens avec le premier cercle du républicain avant et après l’élection.
En attestent les rencontres avec Jeff Sessions en juillet et septembre, des coups de fil avec Michael Flynn en décembre, ainsi qu’une visite le même mois à la Trump Tower à New York, lors de laquelle il a également rencontré le gendre du président, Jared Kushner, selon le New Yorker – un rendez-vous confirmé par la Maison Blanche.
La récusation de Jeff Sessions ne suffira pas aux démocrates, qui continuaient d’appeler à sa démission après sa conférence de presse en l’accusant de mensonge, voire de parjure. Ils réclament également la nomination d’un procureur indépendant pour faire toute la lumière sur les ingérences russes et d’éventuelles collusions politiques américaines.
Politiquement, ce nouvel épisode place Donald Trump sur la défensive, au moment où il veut engager un train de réformes.
Des membres de la majorité n’hésitent plus à demander, eux aussi, la nomination d’un procureur indépendant.
Avec AFP