Le ministère russe des Affaires étrangères a accusé les autorités arméniennes de chercher à «détruire» leurs relations bilatérales, en pleine crise au Haut-Karabagh dont Erevan rejette en partie la responsabilité sur Moscou.
Le ministère russe des Affaires étrangères a vivement réagi ce 25 septembre aux propos du Premier ministre arménien qui, la veille, avait qualifié d’«inefficaces» les alliances de son pays, dans une allusion voilée aux relations de longue date d’Erevan avec Moscou.
«On tente de se dégager de la responsabilité des échecs de la politique intérieure et étrangère, en rejetant la faute sur Moscou» a tancé la diplomatie russe, dans une déclaration fustigeant des «attaques inacceptables contre la Russie».
Le 24 septembre, dans une allocution télévisée, Nikol Pachinian avait en partie rejeté sur les forces de maintien de la paix russe la responsabilité de la situation au Haut-Karabagh.
Selon Pachinian, si les Arméniens devaient «quitter leur patrie comme seul moyen de sauver leur vie et leur identité», la «responsabilité d’une telle évolution des événements incombera entièrement à l’Azerbaïdjan, qui a adopté une politique de nettoyage ethnique, et au contingent de maintien de la paix de la Fédération de Russie au Haut-Karabagh».
Pachinian cherche à légitimer un revirement pro-occidental, selon la diplomatie russe
Au-delà de l’offensive déclenchée le 19 septembre par Bakou contre le Haut-Karabagh, le Premier ministre arménien avait également évoqué «le blocage illégal» du corridor de Lachine, parmi les évènements qui à ses yeux «soulèvent de sérieuses questions quant aux objectifs et aux motivations du contingent de maintien de la paix de la Fédération de Russie dans le Haut-Karabagh».
Assurant que son pays «n’a jamais abandonné ses engagements envers ses alliés et ne les a jamais trahis», Pachinian avait également estimé que «l’analyse des événements montre que les systèmes de sécurité et les alliés sur lesquels nous nous sommes appuyés au fil des ans se sont donnés pour mission d’étaler notre vulnérabilité et de justifier l’impossibilité pour le peuple arménien de disposer d’un État indépendant».
«Les dernières déclarations de Nikol Pachinian confirment nos conclusions précédentes indiquant que des processus, inspirés par l’Occident et incités par Erevan, et qui détruisent leur propre pays et nos relations bilatérales, ne sont pas épisodiques, mais systémiques», estime le ministère russe des Affaires étrangères dans son communiqué.
«Ces démarches destinées à lancer une nouvelle politique pro-occidentale de l’Arménie sont justifiées sans preuve par de soi-disant erreurs commises par la Fédération de Russie», insiste-t-il.
«Le dialogue» entre Moscou et Erevan se poursuit, assure le Kremlin
«Nous sommes convaincus que les dirigeants d’Erevan commettent une grave erreur en essayant délibérément de détruire les liens multiformes et vieux de plusieurs siècles entre l’Arménie et la Russie et en faisant du pays l’otage des jeux géopolitiques de l’Occident», conclut le document.
«Nous sommes catégoriquement contre les tentatives de faire porter une responsabilité sur la partie russe et les forces russes de maintien de la paix, qui font preuve d’héroïsme», avait déclaré plus tôt dans la journée, Dmitri Peskov, également en réaction au discours de Pachinian.
«L’Arménie reste notre allié, un gouvernement proche, un peuple qui nous est proche», ajoutait le porte-parole du Kremlin, soulignant que «le dialogue» entre Moscou et Erevan se poursuivait à différents niveaux diplomatiques «en particulier en ces jours difficiles».
Membres de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), la Russie et l’Arménie sont liées depuis plusieurs décennies par un traité de défense commune.
Le 20 septembre, moins de 24 heures après le lancement de l’offensive azerbaïdjanaise, la présidence de Stepanakert, capitale du Haut-Karabagh, avait annoncé qu’«un accord sur une cessation complète des hostilités» avait «été conclu avec la médiation du commandement des forces de paix russes».
Accusé de passivité face à l’Azerbaïdjan, Pachinian fait face depuis plusieurs jours à la colère de la rue dans son pays, les opposants lui reprochant d’avoir abandonné le Haut-Karabagh.