Depuis le dimanche 27 août, l’Est de la Syrie contrôlé par les milices kurdes des Forces démocratiques syriennes est le théâtre de combats meurtriers entre ces dernières et les membres du Conseil militaire de Deir Ezzor, un groupe armé tribal arabe qui fait partie des FDS.
Ce jour-là, les FDS ont arrêté dans la ville de Hassaké le dirigeant de ce Conseil militaire, Ahmad al-Khabil, surnommé Abou Khawla. Il en a découlé des tensions qui ont dégénéré en affrontements armés au cours desquels 22 personnes sont mortes, dont 3 civils, 16 membres des tribus et 3 miliciens kurdes, selon un récent bilan ce mercredi.
Les tribunes de coordination des groupes armés ont indiqué qu’Abou Khawla était un corrompu car il était impliqué dans des opérations de contrebande qui lui ont permis de faire fortune.
Selon elles, les évènements qui ont suivi sont « un règlement de compte du fait que les dirigeants corrompus se sont sentis menacés depuis l’arrestation d’Abou Khawla. Ils ont alors attisé les tensions tribales et arabes pour se défendre ».
Les FDS se sont contentées d’indiquer dans un communiqué avoir lancé lundi « une opération pour renforcer la sécurité » dans la province de Deir ez-Zor contre l’EI et « des criminels (…) impliqués dans le trafic de drogue et la contrebande d’armes ». Une source au sein des FDS ayant requis l’anonymat a précisé que la zone où les affrontements ont eu lieu longe « une route de contrebande bien connue ».
Mais selon le quotidien libanais al-Akhbar, les FDS ont toujours voulu se débarrasser du chef du Conseil militaire de Deir Ezzor, en raison de son influence grandissante dans la région. Surtout depuis qu’il projetait de devenir l’émir du clan al-Zoubeid et de s’imposer comme un partenaire clé dans les décisions à l’Est de l’Euphrate. Il œuvrait pour renforcer l’emprise des tribus arabes face au milices kurdes qui contrôlent cette région, avec l’assistance des Etats-Unis qui disposent d’une douzaine de bases militaires.
L’an dernier, Abou Khawla avait fait l’objet de deux tentatives d’assassinat à Hassaké. Ce qui l’a poussé à renforcer son dispositif sécuritaire en augmentant les effectifs du Conseil militaire de Deir Ezzor, recrutant plus de mille éléments. Et ce sans coordination préalable avec les Kurdes.
Il accueillait régulièrement les chefs de clans et de tribus dans le village al-Rabidha au nord de Deir Ezzor pour obtenir leur soutien et réclamait de mettre fin à l’emprise des kurdes et de laisser les tribus la contrôler militairement et administrativement.
Pour ces raisons, assurent les sources d’al-Akhbar, les FDS ont voulu en finir avec Abou Khawla. Elles ont tenté de persuader les Américains de renoncer à lui, profitant de plusieurs évènements, dont les manifestations de protestation contre la profanation du Noble Coran dans leur zone, ou en les accusant d’abriter des éléments de Daech ou de mener des opérations de contrebande de carburant et d’armements vers les zones contrôlées par le gouvernement syrien ou même en l’accusant d’entretenir des liens avec des forces à la solde de l’Iran.
Il semble qu’ils soient parvenus à les persuader.
Il y a deux mois, ils avaient donné leur feu vert pour réduire les pouvoirs du Conseil dans la province de Deir Ezzor, permettant de substituer la présence de ses éléments sur les check-points par des éléments des Asayechs kurdes.
Le dimanche, après avoir reçu des assurances pour régler sa situation, Abou Khawla a acquiescé une invitation à une réunion à laquelle ont participé tous les membres du Conseil militaire de Deir Ezzor, dans le quartier général des FDS. Ce dernier se trouve dans la base de la Coalition internationale à l’Est de Hassaké. Ils ont tous été arrêtés.
Commentant l’évolution de la situation, des sources sur le terrain ont confirmé à al-Akhbar que « le plan visant à attirer les dirigeants du Conseil a été exécuté avec la bénédiction et la supervision des forces américaines, comme en témoigne l’arrestation d’Abou Khawla à l’intérieur de la base de la coalition ».
Selon ces sources, les FDS veulent s’assurer qu’ils contrôlent seuls les ressources de la région et ses décisions, indépendamment de toute autre considération. Ce que les tribus considèrent comme une diminution de leur rôle et une confiscation de leurs droits de participation à l’administration de la région de manière efficace, et non formelle.
Le lundi 28 août, des membres des tribus arabes et des militants du Conseil militaire de Deir Ezzor ont coupé un grand nombre de routes publiques et secondaires, dont l’une des routes menant à la base pétrolière Al-Omar, occupée par l’armée américaine.
Dernière évolution, les tribus de Deir Ezzor ont adressé un ultimatum aussi bien à la Coalition qu’aux FDS de libérer tous ceux qui ont été arrêtés et de briser le siège sur les habitants de Hassaké menaçant de déclarer la mobilisation générale.
Source: Divers