Les zones de désescalade dans la province d’Idlib sont de nouveau le théâtre de tentatives vigoureuses de la part des groupuscules armés visant à modifier la carte de contrôle, rapporte le quotidien libanais al-Akhbar.
Ces dernières semaines, se sont multipliées les attaques ciblant des positions de l’armée syrienne. Elles se sont toutefois heurtées à des ripostes violentes de cette dernière, avec la participation de l’armée de l’air russe, visant à rétablir les lignes de contrôle.
Selon les sources du journal, La dernière attaque a été lancée par des combattants affiliés à Ansar al-Tawhid, une faction indépendante qui fait partie d’al-Fatah al-Moubine, salle commune avec Hayat Tahrir al-Cham (HTC, ex-front al-Nosra, bras armé d’al-Qaida).
Elle a visé le village d’al-Mallaha, situé dans la campagne sud d’Idlib, qui revêt une importance sur le terrain car il constitue un point d’appui et de supervision.
L’attaque a commencé, selon des sources sur le terrain qui ont parlé à Al-Akhbar, par l’explosion d’un tunnel préalablement creusé par les hommes armés, suivie d’une tentative d’avancée terrestre. Mais elle a échoué.
Selon certaines rumeurs, l’attaque aurait été réalisée unilatéralement par Ansar al-Tawhid, sans planification avec HTC. Mais certaines sources affirment le contraire.
D’autre part, l’armée syrienne a intensifié ses tirs d’artillerie sur les lignes d’approvisionnement des factions et ses avions de guerre ont directement attaqué les rassemblements de militants et leurs véhicules, dans des attaques dont les images et les enregistrements publiés ont montré l’exactitude. Les sources ont assuré que la carte de contrôle n’a pas changé.
Selon elles, le timing de cette attaque semble être liée à la confusion qui règne dans les couloirs internes de HTC, due à la tentative de son chef, Abou Mohammad al -Joulani de resserrer son emprise en mettant fin à la présence de quelques autres personnalités influentes, dont le deuxième homme, Abou Maria al-Qahtani. Ce dernier fait l’objet d’accusations de collaboration.
En outre, l’attaque a coïncidé avec les bombardements aériens concentrés menés par des avions militaires syriens et russes sur des sites sensibles appartenant à HTC au cours de la semaine dernière, notamment contre un centre de traitement des drones, un centre d’entraînement et un poste de commandement militaire.
Selon les sources d’al-Akhbar, en dépit de la riposte violente de l’armée syrienne, ce genre d’attaques risquent de connaitre une escalade dans les jours prochains car cela fait partie des tentatives continues menées par HTC pour commander les factions qui combattent l’armée syrienne et pour s’emparer des zones dans la province d’Alep après avoir conclu des accords avec des factions sur le terrain en leur fournissant un généreux soutien financier.
De même, les sources du quotidien libanais attribuent l’escalade à « une tentative de s’opposer à tout progrès sur la voie de la normalisation entre Damas et Ankara ».
Toujours selon al-Akhbar, cette dernière initiative s’inscrit dans la continuité de la série d’attaques menées par HTC tout au long de la bande séparant ses zones de contrôle de la province de Lattaquié à la province de Hama, en passant par Idlib.
Quoiqu’elle représente pour Joulani une opportunité pour s’ériger comme leader de l’opposition, ces attaques ouvrent toutefois grande la porte à une opération militaire que l’armée syrienne pourrait lancer, compte tenu de l’échec persistant de la Turquie à isoler les factions «terroristes » et ouvrir la route Alep-Lattaquié (M4).
Selon al-Akhbar, tout ceci rappelle un scénario similaire lorsque l’armée syrienne a pu ouvrir par la force la route Alep-Damas (M5) il y a environ trois ans, d’autant plus qu’elle a amené au cours des deux derniers mois d’importants renforts militaires dans les zones d’Idlib et de la campagne de Hama.
Cette escalade coïncide curieusement avec la visite d’une délégation du Congrès américain dans les zones nord de la province d’Alep et sa tournée dans un camp du nord-ouest syrien avec la participation du président de l’Organisme des négociations syriennes Badr Jamous pendant une heure et demi.
Cette démonstration des trois sénateurs French Hill, Scott Fitzgerald et Ben Cline n’est pas sans rappeler pour al-Akhbar, la visite réalisée dix ans plus tôt, par un autre sénateur, John McCain, dans la même région lorsque l’administration Obama avait lancé son projet de soutien aux groupuscules armés de l’opposition syrienne, avec la collaboration de la Turquie.
Source: Médias