Le Hezbollah a révélé un nouvel équipement militaire de missiles téléguidés anti blindé baptisé Tharallah (la vengeance de Dieu) qui est entré en action en 2015.
Lors de l’émission vendredi soir sur al-Manar, Panorama de la victoire, une vidéo de cet équipement a été diffusée avec les explications d’un haut officier de la Résistance islamique (RI), présent dans le studio et présenté sous le pseudonyme Haj Jihad. Il a déclaré qu’il s’agit d’un anti blindé qui tire des obus Cornet à partir d’une plateforme double.
Se distinguant par ses capacités à frapper des cibles simultanément avec une grande précision, il peut être utilisé de jour comme de nuit et peut être déplacé facilement, a-t-il expliqué.
Cet équipement est une version perfectionnée du Cornet qui avait été utilisé pour la première fois pendant la guerre de juillet 2006 contre les colonnes des merkavas israéliens qui s’étaient engouffrés vers Wadi Hojeir dans la vallée d’al-Khiam, au sud du Liban. Il avait alors endommagé et rendu inopérants plusieurs dizaines de spécimens, à la grande surprise de l’armée israélienne.
Le secret gardé du Cornet
Selon l’officier de la RI, ce premier anti blindé a été acquis par la RI à partir de 2003, mais elle l’a gardé au grand secret pendant trois années jusqu’à son utilisation en 2006.
« L’essentiel pour nous a été de garder au secret notre possession de cet armement. Lorsque le premier obus a été tiré sur le premier char israélien les soldats israéliens ont pris peur parce qu’ils s’attendaient à des obus traditionnels ».
Selon lui, le fait de combattre un ennemi qui dispose de capacités technologiques supérieures pousse la RI à dissimuler ses atouts de force et à lui préparer des surprises.
« L’ennemi a perdu tout contrôle dans la bataille de Wadi Hojeir comme l’illustre l’ordre donné par le commandant de la brigade aux soldats de prendre la fuite… ce sont les pertes causées à l’ennemi qui l’ont poussé à arrêter son opération… On les a vus de nos yeux lorsque nos formations ont ciblé les chars comment ils ont pris la fuite. Sur le terrain un char est tombé dans une tranchée, son équipage en est sorti et est monté dans un autre char qui s’est enfui vers Metulla. Ils ne l’ont récupéré qu’après le cessez-le-feu »
Haj Jihad rappelle que dès le retrait israélien du sud-Liban en l’an 2000, la RI avait entamé de nouveaux préparatifs pour « prévenir une autre bataille et empêcher l’ennemi d’occuper notre territoire de nouveau ». Il évoque le rôle essentiel de l’ex- commandant de la RI, le martyr haj Imad Moughniyeh qui a choisi d’introduire les cornets afin de « détruire ces chars blindés considérés comme les plus performants dans le monde ».
« Nous disons à l’ennemi quoique tu fasses pour prévoir ce que tu peux prévoir, prévois que tu ne peux tout prévoir. Car tu fais face à une résistance qui, comme le montre l’expérience, est en évolution continue et prépare des surprises. Ceci fait partie de ses constantes. L’armement du Cornet en fait partie ».
Pendant l’émission ont été diffusée des images sur la bataille de merkava.
La surprise de la localisation des dépôts des missiles
Durant l’interview, haj Jihad a abordé une autre surprise que la RI avait préparée à l’ennemi, celle de lui avoir fait croire qu’il détenait la localisation des dépôts des missiles et de leur plateforme.
« L’ennemi a cru détenir un trésor sur les cibles, c’est pour cela que Peretz (ministre israélien de la Défense pendant cette guerre) a dit aux responsables qu’il était capable de frapper le centre de gravité de la résistance qui n’est autre que les missiles et les centres de commandement. Or, ils étaient vides. La RI avait su d’avance que l’emplacement des dépôts était connu de l’ennemi et qu’il voulait les bombarder dans la prochaine guerre. Nous savions qu’il nous espionnait… alors le commandement de la RI a décidé de continuer à lui faire croire ceci tout en les vidant en catimini … du coup, lorsque l’ennemi a déclenché sa guerre en bombardant ces endroits, il a été surpris de voir par la suite que les missiles de la résistance bombardaient Haïfa… A ce moment, lorsque le commandement de l’ennemi a découvert que les informations de son service des renseignements militaires n’étaient pas vraies, il a changé sa façon de réfléchir ».
« L’ennemi a investi toutes ses capacités mais le jour J, et comme l’a démontré l’expérience, grâce à l’intelligence de nos formations et de notre commandement, nous avons donné un nouvel exemple de guerre en utilisant certains moyens, nous permettant de vaincre une armée qui dispose de capacités hors norme. C’est la première défaite de l’entité depuis 1948, c’est une défaite réelle qui établit les bases du projet de l’élimination d’Israël ».
L’ennemi est en posture de défense
Selon lui, la guerre 2006 a toutefois contribué à introduire dans la doctrine militaire israélien un nouvel élément, celui de la protection.
« La théorie de défense nait de cette notion de protection et par conséquent l’ennemi se trouve en posture de défense face à la résistance. C’est un résultat qui a découlé de la guerre 2006. Il a poussé les généraux israéliens à réviser tout. Par conséquent aujourd’hui en 2023, nous sommes face à une armée différente en forme et en contenu de celle de 2006 ».
Haj Jihad estime aussi que depuis la guerre 2006, l’armée israélienne souffre d’un manque de confiance en soi.
« Depuis la guerre de juillet et ses conséquences, je peux dire que nous avons fait reculer l’armée israélienne. La preuve en est qu’aujourd’hui nous sommes confrontés à une armée qui est hors de capacité de combat. Ces mots ne sont pas les mots de la Résistance islamique, mais ceux des dirigeants les plus éminents de l’ennemi qui parlent aujourd’hui d’inefficacité, de manque de fiabilité, de manque d’entraînement et de manque de confiance dans la victoire… En revanche, aujourd’hui, nous sommes avons une résistance qui possède une grande confiance dans la possibilité de remporter la victoire. »
Et de conclure : « Évidemment, si nous voulons résumer brièvement les dimensions stratégiques de la guerre de juillet, le premier point est de dire que la guerre a mis l’accent sur la supériorité de la dimension morale sur les éléments matériels. C’est la preuve de ce que nous disions depuis des années. La guerre a prouvé que les capacités matérielles ne valent rien devant l’aspect moral ».
« L’idéologie de la Résistance et de l’Axe de la Résistance est fondée sur la dimension morale et sur la capacité d’une force de petite taille de l’emporter face à une force supérieure en nombre. Comme l’illustre le verset coranique (Si parmi vous il y en a vingt qui sont patients, ils vaincront deux cents). La guerre de 2006 a prouvé que le petit nombre l’emporte sur le grand nombre, et confirme la victoire de l’intelligence et de la volonté sur la technologie et les capacités matérielles dont se vante l’ennemi »
La prochaine bataille celle de la Galilée
Interrogé sur le scénario de la prochaine guerre, Haj Jihad a dit :
« Nous parlons de 17 années au cours desquelles le cours de préparation était presque quotidien, car comme je l’ai dit au début, c’est la caractéristique de la résistance. Aujourd’hui, notre bataille sera celle de la Galilée… Les préparatifs de l’ennemi confirment qu’il planifie comment se protéger de l’entrée de nos forces en Galilée.
Mais si l’ennemi envisage d’entrer dans notre territoire, il se passera ce que Son Éminence le secrétaire général avait averti: en 2006, c’est après le cessez-le-feu décrété que l’ennemi a pu retirer ses soldats et ses chars du champ de bataille. Or, dans la prochaine guerre, si cela se produit, l’ennemi ne pourra retirer ses forces. Et cette fois-ci, la société israélienne verra en direct les soldats morts sur le terrain, cela aura un plus grand effet. En 2006, les caméras n’ont pas fonctionné pour donner une image complète de la guerre. Mais nous planifions pour la prochaine fois pour que les caméras soient collées à chaque combattant et les gens verront les scènes de victoire en direct. »
Et de poursuivre plus loin : « La prochaine étape sera différente avec cet ennemi. Il ne lui sera pas permis de rentrer dans les territoires libanais. Vous qui occupez la Palestine, nous travaillons pour vous en chasser… la Résistance œuvre sur les moyens de franchir la frontière et ce n’est un secret pour personne. Nous avons devant nous une frontière de 126 kilomètres de longueur, l’ennemi ne pourra les fermer et nous empêcher d’y œuvrer. L’ennemi est confus en raison de ceci, nous le constatons d’après son comportement à la frontière ; c’est une hantise pour lui que de voir ses positions attaquées. Les ennemis vont fuir ces positions lorsque nous les attaquerons. Ces positions seront les cibles de la Résistance et elles seront mises hors de service. Ce n’est pas un secret. Ce ne sont pas menaces médiatiques. Nous ne cherchons pas à nous faire remarquer publiquement. Nous faisons savoir à l’ennemi que cette résistance n’est plus ce qu’elle était dans le processus de développement permanent et elle se prépare à cette bataille. Si jamais vous songez à attaquer le Liban, vous ne pourrez pas sortir comme vous êtes entrés. »
A la fin de l’entretien, l’officier de la Résistance a rappelé que c’est l’état d’esprit des combattants qui est leur principal atout de force.
« Bien sûr que nous nous entraînons et perfectionnons nos compétences, jour et nuit, pour avoir des combattants et des moudjahidines qui ont l’expérience et l’efficacité appropriées sur le terrain, mais le moteur principal de tous ces éléments est spirituel… notre base essentielle est cet aspect spirituel, c’est l’esprit qui combat en nous ».
Hj Jihad a aussi rendu hommage à la République islamique d’Iran qui est « notre principal soutien et qui a pu perfectionner ses moyens pour combattre l’armée israélienne ».
Source: Al-Manar