En France, l’assassinat du jeune Nahel Merzouki a ravivé le débat sur les violences et le racisme des policiers, stigmatisés encore une fois par l’ONU, et les émeutes qui ont éclaté par la suite ont relancé le débat sur les violences urbaines et les moyens de les maitriser pour leur mettre un terme.
Samedi, malgré leur interdiction, une trentaine de manifestations contre les violences policières ont été organisées dans plusieurs régions de France, notamment à Paris, Marseille (sud-est), Nantes (ouest), Strasbourg (est) et Bordeaux (sud-ouest).
Au total, près d’une centaine d’associations, syndicats et partis politiques classés à gauche avaient appelé à des « marches citoyennes » pour exprimer leurs « deuil et colère », dénoncer des politiques jugées « discriminatoires » contre les quartiers populaires, et demander « une réforme en profondeur de la police ».
La France ne peut pas donner de leçon
À Paris, les manifestants se sont massés dans le calme sur la place de la République, en mémoire d’Adama Traoré, un jeune homme mort peu après son interpellation par des gendarmes en juillet 2016.
Sa sœur, Assa, d’Adama devenue en France une figure du combat contre les violences policières, a pris la parole devant plusieurs élus du parti d’opposition de La France insoumise (LFI, gauche radicale) et entourée d’un important dispositif des forces de l’ordre.
« On marche pour la jeunesse, pour dénoncer les violences policières. On veut cacher nos morts. La France ne peut pas donner des leçons de morale. Sa police est raciste, sa police est violente », a affirmé Mme Traoré.
Des policiers de proximité
Même ton de la part d’une retraitée qui manifestait à Strasbourg.
« Ça suffit, les coups de fusil, les LBD (lanceurs de balles en caoutchouc, utilisés pour disperser des manifestations et accusés de causer de graves blessures, ndlr) etc. On a besoin de policiers de proximité », a déclaré à l’AFP Geneviève Manka.
L’ONU critique la gestion des émeutes
Mais le gouvernement français ne le voit pas de cet œil et défend son institution policière. Il a interdit les manifestations, et dénoncé les appels à manifester « dans les grandes villes qui ne se sont pas encore remises des saccages ». Une enquête a été ouverte à l’encontre de la sœur de Traoré, pour l’organisation du rassemblement de Paris, selon l’AFP.
Le ministère français des Affaires étrangères a fortement contesté samedi les déclarations d’un comité d’experts de l’ONU qui a lourdement critiqué la gestion des émeutes par les forces de l’ordre et réclamé notamment l’interdiction du « profilage racial ».
La France « conteste des propos qu’elle juge excessifs » et « infondés », a répondu le ministère, en soulignant notamment que « la lutte contre les dérives de contrôles dits +au faciès+ (s’était) intensifiée ».
Des sanctions contre les familles
De plus, le gouvernement ne voit que les violences urbaines et se prépare pour de nouvelles mesures répressives qui risquent de faire exploser la situation davantage. Des « moyens massifs pour protéger les Français » selon les termes de la Première ministre Elisabeth Borne.
Dans un entretien samedi au quotidien Le Parisien, la Première ministre a annoncé l’interdiction de la vente aux particuliers de feux d’artifices, avec lesquels des émeutiers visent parfois les forces de l’ordre, afin d’empêcher de nouvelles violences ce weekend-là.
L’une des pistes du gouvernement, selon Mme Borne, concerne de nouvelles sanctions pour les familles de jeunes auteurs de violences.