Le Premier ministre indien Narendra Modi débute mardi une visite aux Etats-Unis au cours de laquelle il doit rencontrer le président américain pour un « dialogue de haut niveau » destiné à resserrer leurs liens, au moment où Washington rivalise d’influence avec Pékin en Asie-Pacifique.
Le dirigeant de l’Etat le plus peuplé au monde s’adressera au Congrès américain à Washington. Il sera reçu jeudi à la Maison Blanche pour un fastueux dîner d’Etat avec M. Biden, qui recevra seulement pour la troisième fois un haut dignitaire étranger à sa table.
Présenté par New Delhi comme une occasion « historique d’étendre et de consolider » les liens indo-américains, le voyage de M. Modi survient au moment où son bilan en matière de droits humains fait l’objet de vives critiques de la part d’ONG et de l’ONU.
Malgré les critiques, Narendra Modi n’en est pas moins un dirigeant très courtisé par les Occidentaux. Et cette visite est considérée par Washington comme l’occasion de renforcer ses liens commerciaux, technologiques et militaires avec l’Inde, un allié potentiel en Asie pour contrer l’influence régionale de la Chine.
Selon des analystes, plusieurs avancées majeures sont attendues après la rencontre de MM. Biden et Modi, en particulier dans les domaines de la défense, des énergies propres et des technologies stratégiques.
Pour Ashok Malik, du cabinet de conseil indien The Asia Group, les relations entre New Delhi et Washington se définissent à l’aune du « pragmatisme » et par des liens économiques « très forts ».
L’Inde est une « puissance montante » en Asie, où la « Chine se montre inhabituellement de plus en plus sûre d’elle », insiste M. Malik.
Début juin, les Etats-Unis et l’Inde étaient ainsi déjà convenus d’une nouvelle feuille de route de coopération militaro-industrielle à l’occasion d’une visite à New Delhi du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin.
Un rapprochement avec Washington qui intervient au moment où l’Inde cherche à mettre fin à sa dépendance avec Moscou sur le plan militaire, à la fois en élargissant ses sources d’importations d’armes et en augmentant sa production nationale.
Et les Etats-Unis, qui ne sont pas seuls à courtiser l’Inde, espèrent que ses offres en matière de coopération technologique et de coproduction lui assureront ce marché-clé.
Après un affrontement meurtrier à la frontière contestée le long du Tibet et de la région indienne du Ladakh en 2020, l’Inde avait renforcé ses liens avec Washington et les autres membres du Quad, une alliance informelle relancée par Joe Biden qui regroupe les Etats-Unis, l’Inde, le Japon et l’Australie.
Mais si un rapprochement permettrait à Washington de contester la position dominante de la Chine au niveau des chaînes d’approvisionnements, la relation qu’entretient New Delhi avec Moscou peut compliquer les discussions avec les Etats-Unis.
Alliée de longue date de la Russie, l’Inde a certes appelé à la fin des hostilités en Ukraine, mais n’a jamais condamné l’invasion russe.
Donald Camp du Centre d’études internationales et stratégiques (CSIS) à Washington, estime que les Etats-Unis encourageront l’Inde à « prendre des mesures supplémentaires » à l’égard de la Russie, bien que le sujet n’ait pas, selon lui, constitué « un obstacle majeur au développement des relations (indo-américaines) cette année ».
Pour Samir Saran, président de l’Observer Research Foundation, la rencontre de MM. Biden et Modi devrait resserrer les liens entre les deux puissances, « malgré les personnalités très différentes des deux dirigeants ».
M. Modi devrait aussi rencontrer le secrétaire d’Etat Antony Blinken, de retour d’une visite à Pékin, cinq ans après le voyage de son prédécesseur Mike Pompeo.
Le Premier ministre indien assistera à une démonstration de yoga, mercredi, au siège des Nations Unies à New York. Il rencontrera des chefs d’entreprise américains dans l’espoir de les convaincre d’investir dans son pays, avant la tenue des élections générales indiennes l’an prochain.
Source: AFP