Le Hezbollah a annoncé, ce lundi 6 mars, son soutien à la candidature de l’ancien ministre Soleiman Frangiyé à la présidentielle libanaise.
Cette annonce a été faite par le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah et ce, lors d’une cérémonie d’hommage aux handicapés de guerre et aux détenus de la résistance.
Voici les principaux points de son discours :
Je voudrais aborder lors de mon discours les dossiers des handicapés de la guerre et des détenus, de la résistance, de l’invasion israélienne en mars 1978, des frontières terrestres et maritimes, ainsi que du dossier présidentiel.
La journée des handicapés, comme vous le savez, est inspiré du jour de naissance d’Abu al-fadl al-Abbas qui a combattu malgré ses blessures jusqu’au dernier souffle auprès de son maître l’Imam Hussein (petit-fils du prophète Mohammad).
Il en est de même pour la journée des détenus inspiré de l’Imam Zein al-abidine, dont la maladie l’a empêché de combattre le jour d’Achoura, mais qui est resté fort et ferme pendant sa détention, en dépit des souffrances qu’il a vécues.
Nos handicapés étaient, dès le début, au premier front comme Al-Abbas. Ils aspiraient à la victoire ou au martyre. Mais Dieu a choisi de leur faire voire la victoire, tout en vivant une épreuve qui nécessite une patience.
Il faut également se rappeler des détenus sur le champ de bataille et d’autres qui ont été emprisonnés par l’occupation israélienne et barbarement torturés pour leur relation avec la résistance.
Beaucoup de détenus sont revenus sur le champ de bataille après leur libération et sont tombés en martyre, citons les deux dirigeants de la résistance Samir Qantar et Fawzi Ayoub.
Idem pour les handicapés de guerre. Ni les blessés, ni les détenus n’ont abandonné la résistance.
Il convient de rappeler la crédibilité de la résistance qui a juré de ne pas abandonner les détenus dans les geôles de l’occupation.
Une procédure stupide
Le peuple libanais est le plus conscient des peuples du monde des souffrances du peuple palestinien. Tout ce qui se passe dans l’entité ennemie est l’une des indications de la fin de cette entité.
L’ennemi estime que le fait de menacer les prisonniers palestiniens d’exécution leur effrayera et les empêchera de mener des opérations.
Au contraire, la loi de l’exécution des prisonniers, qui est une procédure stupide, augmentera la foi et le courage de la jeunesse palestinienne qui aura recours à plus d’opérations.
Nous n’avons pas besoin de nouvelles preuve sur la brutalité des sionistes lorsque nous parlons de ce qui s’est passé dans la ville de Huwara et des souffrances du peuple palestinien en Cisjordanie. Que tout le monde voit la réalité des colons et des sionistes.
Dissuasion terrestre
Depuis plusieurs semaines, nous assistons à des tentatives israéliennes d’avancer de plusieurs mètres au-delà de la ligne bleue à la frontière terrestre du sud-Liban.
Nous avons vu des civils sans armes se tenir avec courage en face des chars de l’occupation. Ainsi que les soldats et officiers de l’armée libanaise qui assument leur responsabilité…Puis les forces d’occupation rebroussent chemin.
Cela n’aurait dû se passer sans l’équation de dissuasion imposée: peuple-armée-résistance.
C’est cette équation qui protège aujourd’hui nos frontières, nos terres et notre mer, protégera dans l’avenir nos puits du pétrole. Cette équation a été écrite par les sacrifices de notre peuple, le sang de nos martyrs, et les blessures de nos résistants. Cette force dissuasive ne jouit d’aucun soutien étranger, à l’exception de l’Iran et de la Syrie.
Invasion de 1978
Rappelons qu’en 1978, près de 30 milles soldats et officiers israéliens sont arrivés à la lisière de la ville de Tyre, et ont pris le sud du Litani en sept jours.
Alors qu’en mai 2006, environ 80 et 100 mille soldats et officiers israéliens n’ont pas réussi, durant 33 jours, à entrer dans les localités frontalieres de Bint Jbeil et Aita el-Chaab.
Les paris US échoueront
Après la signature de l’accord (indirect) de la démarcation des frontières maritimes, nous avons dit que nous ne permettons pas à l’ennemi d’extraire le pétrole si le Liban en est interdit.
Nous ne renoncerons pas d’un iota à notre terre ou à notre mer, et tout cela grâce à l’équation de force que nous possédons.
Aujourd’hui, les USA tentent de nous arracher cette force en commettant des assassinats, en diabolisant notre réputation, en incitant l’opinion publique mondiale à notre encontre, en affamant et en poussant vers le chaos.
Mais vos paris échoueront…nous ne renoncerons point à nos options.
Les peuples de la région détiennent la force et la conscience de connaître leurs forces.
La position du Hezbollah du processus présidentiel
S’agissant du dossier présidentiel, nous sommes en faveur de l’élection d’un président et nous ne voulons pas le vide qui n’est pas dans l’intérêt national.
Nous sommes attachés au quorum des deux tiers dans l’élection du président dans les deux tours.
Nous n’acceptons qu’un pays étranger impose au peuple libanais son président.
Nous n’acceptons pas un veto étranger sur les candidats à la présidentielle, tous partis confondus.
Oui, nous ne sommes pas opposés à une aide visant à rapprocher les points de vue, mais non pas à les imposer.
Pas de pari sur les développements régionaux
Par rapport à nos alliés en Iran et en Syrie, ils ne se sont pas ingérés et ne s’ingèreront pas dans l’élection présidentielle, et notre décision est entre nos mains. Nous choisissons le candidat que nous voulons et nommons celui que nous voulons. Nous n’attendons pas un diktat de l’extérieur. Nous ne parions pas sur les conditions régionales. Nous travaillons jour et nuit pour parvenir à élire dès demain un chef d’Etat.
Le dossier nucléaire n’a rien à voir avec quoi que ce soit d’autre dans la région, et celui qui attend un règlement irano-américain attendra 100 ans, de même pour celui qui attend un accord entre l’Arabie saoudite et l’Iran. La résolution du dossier Yéménite ne se trouve pas en Iran ou au Liban, mais à Sanaa, c’est-à-dire entre les mains des Yéménites et de la direction d’Ansarullah.
Donnons à cette élection présidentielle toute sa dimension interne.
Pas de candidat du Hezbollah
Il n’y a pas quelqu’un qui s’appelle le candidat du Hezbollah, mais un candidat soutenu par le Hezbollah. Le but de cette appellation est d’éliminer la personne que nous soutenons.
Auparavant, le président Michel Aoun n’était pas un candidat du Hezbollah, mais nous l’avons soutenu en tant que candidat naturel à la présidentielle.
Réunion avec Bassil
Lors d’une longue réunion avec le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil jusqu’à deux heures du matin, nous lui avons fait part des caractéristiques que le Hezbollah souhaite voir dans le futur chef de l’Etat libanais : un courageux qui ne poignarde pas la Résistance dans le dos.
Je lui ai alors dit : C’est donc toi ou Soleiman Frangié, et étant donné que tu ne veux pas te porter candidat, il est naturel que ce soit M. Frangiyé. M.Bassil m’a demandé si nous avions un plan B et je lui ai répondu avoir appris de Michel Aoun de ne pas avoir besoin d’un plan B. Puis, nous avons décidé de continuer le débat et la réflexion.
Nous donnons le temps au débat interne. Quand nous écrirons un nom sur un bulletin de vote, cela signifiera qu’il s’agit d’un engagement catégorique et sérieux.
Le candidat naturel soutenu par le Hezbollah aux élections présidentielles, et qui possèdent les caractéristiques que nous prenons en compte est Soleiman Frangiyé.
Nous tenons à l’entente de Mar Mikhaël
Nous tenons à l’accord de Mar Mikhaël signé en 2006 entre le Hezbollah et le CPL, mais cet accord ne nous a pas transformés en un seul parti, nous sommes toujours deux partis.
Il n’y a rien dans l’entente qui oblige l’autre à se mettre d’accord sur un nom que ce soit pour le président de la République, le président du Parlement ou le Premier ministre.
Nous tenons à cette entente, cette amitié et cette relation avec le Courant patriotique libre, et le Liban a un besoin urgent d’élargir ses relations.
Le Liban a besoin de calme, de dialogue et de communication, faute de quoi nous devrons vivre avec le vide présidentiel.
Source: AlManar