Le nord du Liban a frôlé la sédition communautaire la semaine passée.
Tout a commencé le 20 février dernier, lorsqu’un religieux originaire de la région du Akkar, cheikh Ahmad Choeb Rifa’i a disparu, sans laisser des traces.
Pendant les 5 jours au cours desquels le département des Renseignements des Forces de sécurité était à sa recherche, une campagne incitant au recours aux armes et à la sédition entre sunnites et chiites a été menée par certains caciques du camp pro américain du 14-mars.
Comme c’est devenu coutumier, le Hezbollah a eu son gros lot d’accusations infondées lui attribuant la responsabilité de sa disparition. Rappelant ses positions très hostiles au Hezbollah.
Des hommes politiques, religieux et des activistes d’ONG, des pro américains ou pro pays du Golfe s’acharnent régulièrement contre le parti de la résistancel’accusant de tous les maux dont souffre le Liban Dans cette campagne toxique, l’Iran est souvent stigmatisé.
Il l’a été encore une fois via ses Gardiens de la révolution islamique accusés par l’ex-député Khaled Daher, connu pour ses discours haineux et ses fanfaronnades, d’être impliqué dans cette disparition. Curieusement cette fois-ci, ses accusations ont visé un service des forces de sécurité sans préciser lequel.
« J’assure que cheikh Ahmad Choeb se trouve chez des forces de sécurité et qu’il a été kidnappé par les gardiens de la révolution iraniens pour ce service sécuritaire », a-t-il argué, assurant avoir des preuves, ont rapporté les médias libanais la semaine dernière.
Même son de cloche de la part d’Amid Hammoud, un ex-officier de l’armée et ex-responsable militaire du courant du Futur qui s’est lui aussi lancé dans des accusations contre les forces de sécurité.
« Il y a un appareil de sécurité qui s’acharne pour diaboliser les sunnites et qui l’a enlevé… raison pour laquelle nous devons nous protéger en nous armant et révéler ou il se trouve », a dit cet ex-officier qui depuis qu’il a quitté l’armée, se fait appeler « le commandant de l’armée des sunnites ». Il est soupçonné d’approvisionner des petits chefs de milices qui prolifèrent dans la capitale du nord.
Il les a invités une nouvelle fois à descendre dans les rues « pour se protéger ».
La sédition n’est pas passée
Mais ses appels sont restés lettres mortes, d’autant qu’un bon nombre de ceux qui étaient à ses ordres dans le passé à Tripoli ont refusé de le faire.
Un chef de milice qui avait participé aux combats de Bab al-Tebbaneh l’a violemment attaqué dans un sonore sur les réseaux sociaux, le qualifiant de « courtier et d’instigateur au sang ».
« Nous craignons que tu n’entraînes les jeunes gens derrière toi et qu’ils te croient comme nous t’avons cru, et que tu les impliques comme tu nous as impliqué », lui rapporte le journal al-Akhbar.
Un autre chef de groupuscule de Tripoli, Ziad Alloukat a lui aussi refusé d’accuser les forces de sécurité et de s’armer et de descendre dans les rues.
« Nous refusons de nous laisser entrainer dans conflit communautaire absurde… nous avons confiance en les forces de sécurité », a-t-il affirmé.
D’aucuns comme le journal al-Akhbar ont constaté des efforts du chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea, à l’adresse du Mufti de la République cheikh Abdellatif Dariane pour l’inciter à suivre l’affaire pendant que des partisans la soulevaient sur les réseaux sociaux
Mensonges débusqués
Finalement, les mensonges de ces accusateurs effrénés ont été débusqués.
Le dimanche 26 février matin, le cadavre du religieux Rifa’i a été retrouvé, enterré dans une région du Akkar, à trois mètres de profondeur.
Auparavant, le Département des renseignements avait retrouvé sa voiture et arrêté 4 personnes dont 3 de ses proches : le maire de sa localité natale, son fils ainsi que son neveu. Ce dernier est membre de la Force de frappe. Ils ont reconnu l’avoir kidnappé, avec l’aide d’autres, et de l’avoir tué. Pour des raisons liées à des accusations qui leur sont adressées dans des affaires de corruption : gaspillage d’argent public, enrichissement illégal, conversion de projets publics en investissements privés, et vente de propriétés dans la ville.
Au service du projet américano-israélien
Le Hezbollah a pour sa part présenté ses condoléances à la famille de défunt et rendu hommage aux efforts du département des Renseignements et des Forces de sécurité intérieures.
Dans un communiqué publié par son bureau médiatique, il a dénoncé « ceux qui ont œuvré d’une manière hypocrite pour semer la sédition entre les musulmans sans aucun sens de responsabilité patriotique ». Réclamant aux appareils de sécurité et juridiques « de demander des comptes aux incitateurs qui diffusent des rumeurs mensongères ».
Autre réaction du Hezbollah de la part de son secrétaire général adjoint. Cheikh Naïm Qassem a mis en garde contre « les voix de la sédition communautaire »
« Ce sont des instigateurs à l’incitation et au chaos. Ils sont au service du projet américano-israélien », a-t-il tweeté sur sa page ce lundi.
Et d’assurer : « ils sont sortis de leur tanière. Nous allons les affronter avec notre éthique et notre honnêteté. Que leur courroux les brûle ».
Source: Divers