Jamais avant son martyre, le 16 février 2008, le Hezbollah n’avait annoncé que Imad Moughniyeh, ou celui qui était plus couramment connu sous le pseudonyme de Haj Redwane, était un militant dans ses rangs.
Ceux qui l’avaient connu dans le passé croyaient qu’il avait été tué et que le Hezbollah avait préféré garder le silence sur son martyre. Ou qu’il était allé peut-être faire sa retraite dans l’une des villes en Iran.
Il avait très tôt disparu de la scène publique, rompant toute corrélation avec sa véritable personnalité. Sauf pour de rares personnes liées à son travail dans la résistance.
Cet anonymat l’a collé pendant toute sa vie, jusqu’aux derniers jours. Paradoxalement, ce fut son atout de force par excellence.
Durant certaines réunions, il gardait le silence, se contentant d’être un observateur. Dans d’autres, sa participation ne pouvait qu’être retentissante. Mais dans les deux cas, il était inconnu. On le présentait tout bonnement comme « le conseiller au jihad ».
Pour les rares personnes qui connaissaient son génie , ils ne pouvaient ne pas constater son humilité et sa modestie. Tellement il paraissait un homme tout-à-fait ordinaire, quelqu’un qui n’inspirait nullement ce qu’il était.
Or, cela lui a fourni un atout rarement à la disposition de ceux qui travaillent dans le domaine sécuritaire et militaire. Il pouvait se contenter de mesures non exceptionnelles pour sa protection personnelle, sans convoi, ni escorte, mêmes lors de missions d’une grande dangerosité. Il se déplaçait dans des voitures ordinaires, sans lunettes noires, parfois en scooter.
Même lorsqu’il se trouvait sur les fronts avancés, aux confins avec la Palestine occupée, où la surveillance israélienne est la plus renforcée, rien ne pouvait laisser deviner qu’il était le commandant de la résistance. Les combattants qui l’accompagnaient sur les fronts non plus ne savaient qui il était.
À une occasion, il a été arrêté par le garde d’un site hautement sensible et a dû attendre l’arrivée de son responsable pour pouvoir y accéder. Il avait pourtant tenté de le persuader de le laisser entrer. Une fois l’affaire terminée, il lui a ordonné une promotion pour son obstination.
En assistant à l’explication d’une opération pour un groupe de résistants, l’un d’entre eux lui a demandé de se pousser un peu, sans aucun égard pour son rang. Et lui, a obtempéré sans aucune hésitation.
C’est ainsi qu’il a affronté ce genre de situations qui se sont répétées d’innombrables fois. En plus du fait qu’elles ne le blessaient guère, elles étaient pour lui l’illustration de l’efficacité de son anonymat , auquel il veillait judicieusement.
Son efficacité est telle que sa méthode d’action a introduit une nouvelle dimension à la notion du commandement.
En plus du fait qu’elle libère le Pouvoir des vicissitudes de la convoitise et de l’égoïsme, elle lui a permis de planifier et de mettre en exécution les deux plus grandes victoires contre Israël : en l’an 2000 et en 2006. Et bien d’autres. L’avenir se chargera de les libérer.
Informations recueillies du journal al-Akhbar