En plus d’avoir inauguré une vague de dons de blindés à l’Ukraine, Paris s’apprêterait à fournir un système antiaérien et ferait pression pour l’envoi de chars Leopard 2.
Pour autant, la France se défend de toute cobelligérance. Des blindés par dizaines, des canons automoteurs et des systèmes antiaériens dernier cri… au niveau des promesses de dons militaires, l’année débute en fanfare pour Kiev.
Selon L’Opinion, à la suite de la rencontre à Kiev entre Sébastien Lecornu et son homologue ukrainien Oleksy Reznikov fin décembre, Paris s’apprêterait à fournir à l’Ukraine une batterie de son système antiaérien moyenne portée : le MAMBA SAMP/T.
Tout comme le Patriot américain, le MAMBA dispose de capacités antibalistiques.
Ce système franco-italien sophistiqué – qui «pourrait donc être déployé en Ukraine durant l’été prochain», précise le quotidien dans sa publication en date du 10 janvier – compléterait les systèmes «Patriot» promis par Washington et Berlin ainsi que le système NASAMS acheté par Ottawa.
Un achat canadien pour le compte de Kiev, chiffré à plus de 400 millions de dollars, annoncé à l’issue de la rencontre entre Justin Trudeau et Joseph Biden le 10 janvier à Mexico.
Des armements toujours plus lourds pour l’Ukraine
La veille, le Premier ministre suédois déclarait que les canons automoteurs «Archers» − jusque-là refusés à Kiev − feraient partie du prochain paquet d’aides de son pays à l’Ukraine.
Il serait question de céder 12 de ces pièces d’artillerie mobiles, soit le quart de la dotation de l’armée suédoise.
Le même jour, Sky News relate qu’à Londres la question d’envoyer aux Ukrainiens des chars de combat Challenger 2 se poserait «depuis quelques semaines».
Si cette livraison britannique était entérinée, elle constituerait une nouvelle étape en matière de livraisons d’armements, après celle qui a été franchie par Paris le 4 janvier et sa promesse de livrer aux forces ukrainiennes des chars légers AMX-10 RC.
Par cette annonce d’envoyer à Kiev des blindés, les premiers de conception occidentale, l’Elysée a brisé un tabou et surtout franchi une «ligne rouge» qu’Emmanuel Macron avait lui-même désignée en mars dernier.
Dès le 5 janvier, Olaf Scholtz était mis sous pression et finissait par promettre à son tour 40 véhicules de combat d’infanterie (VCI) «Marder».
Visiblement dans les starting-blocks, les Etats-Unis ont dès le 5 janvier promis de livrer à Kiev 50 VCI «Bradley».
«Les Français ouvrent de plus en plus la boîte de Pandore»
«Nous avons le devoir d’aider [Kiev] à se défendre» plaidait, le même jour, la ministre françaises des Affaires étrangères Catherine Colonna sur le plateau de LCI.
Invoquant les «principes fondamentaux du droit international» et soutenant que des «discussions diplomatiques» étaient en cours avant le début de l’offensive russe, la cheffe de la diplomatie française a rejeté l’idée d’une quelconque «course à l’armement».
Elle a également contesté que les dernières annonces de livraisons de Paris puissent être perçues par Moscou comme un acte de cobelligérance.
Un avis que ne partage pas la partie russe. «Avec leur décision provocatrice de fournir au régime de Kiev des chars à roues de leur production, les Français ouvrent de plus en plus la boîte de Pandore et s’engagent de plus en plus dans le conflit.
Eh oui, c’est ainsi. Et comment le dire autrement ?», a ainsi déclaré le 12 janvier Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
La diplomate russe a en outre qualifié de «douteuse» la déclaration de la ministre française. Régulièrement, depuis le lancement de son «opération militaire spéciale» en Ukraine, Moscou met en garde contre l’escalade du conflit lié à l’envoi par des puissances étrangères d’armements à Kiev.
Fin septembre, dans la foulée de son allocution à l’Assemblée générale des Nations unies, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov déclarait notamment : «En livrant des armes à Kiev, les Etats-Unis, l’Union européenne et l’OTAN ne peuvent pas prétendre avoir un statut neutre, ils ne peuvent pas prétendre qu’ils ne participent pas au conflit».
Armes occidentales : de nouveaux dons à Kiev en perspective Par ailleurs, la France ne compterait pas s’arrêter en si bon chemin.
En effet, Politico avance – source à l’appui – que Paris ferait pression sur Berlin pour l’envoi à Kiev de chars Leopard 2. Des blindés que ne cesse de réclamer Kiev depuis des mois.
Les Ukrainiens voulant, d’ailleurs, également le «Leclerc» français. Paris pourrait-il franchir ce nouveau pas si Berlin s’y aventurait ?
«Nous ajustons toujours aux besoins et aux demandes précises sur le plan militaire des Ukrainiens», assurait en tout cas Catherine Colonna sur LCI à propos des AMX-10RC.
Le 20 janvier prochain, pour la troisième fois depuis le début de l’offensive russe, les sponsors de l’Ukraine se réuniront sur la base américaine de Ramstein en Allemagne.
Sous la houlette du Secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, il est attendu que les Occidentaux s’entretiennent notamment sur l’envoi de nouveaux types d’armements à l’Ukraine. Nul doute que les progrès des forces russes autour de Bakhmout devraient faire l’objet d’une attention toute particulière.
Source: Avec RT