Dans le cadre de leurs mises en garde contre les pays impliqués dans les émeutes qui émaillent de nombreuses régions iraniennes, depuis septembre dernier, les dirigeants iraniens ne manquent pas de stigmatiser leurs médias qui jouent un rôle au-delà de la couverture médiatique biaisée.
Les pays qui reviennent le plus souvent dans ces déclarations sont les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l’Arabie saoudite et ‘Israël’. Ils sont accusés de commanditer les actes de violence qui ont tué et blessé d’innombrables éléments des forces de l’ordre ainsi que des religieux et des citoyens iraniens. Sans compter les attaques menées contre des sièges gouvernementaux, des mosquées, des sanctuaires, des biens publics, des commerces…
S’agissant des médias braqués sur l’Iran, en langue persane, il s’agit plus précisément la BBC Farsi du gouvernement britannique, des radios « Voix d’Amérique » et « Radio Farda », financées par les USA, et de la télévision Iran International, aux capitaux saoudiens.
38.000 mensonges
D’un côté, ces médias son accusés d’exécuter une couverture biaisée et mensongère des évènements.
Plus de 38.000 mensonges leur ont été débusqués, entre le 14 septembre et le 31 octobre, rapporte la chaine de télévision iranienne arabophone al-Alam.
Cette dernière a détecté l’une des manœuvres mensongères les plus utilisées par ces médias : ils attribuent la mort des certaines personnes pour des raisons quelconques, sans liens avec les évènements, aux forces de l’ordre.
Le cas de Mahsa Amini qui a servi de prétexte pour le soulèvement en est emblématique. Alors que les images vidéo montrent bien qu’elle s’est effondrée sans que personne ne la touche au poste de la Police des Mœurs, et que des preuves ont été fournies qu’elle était atteinte d’une maladie grave depuis son enfance, mais la propagande insiste qu’elle a été tuée par les forces de l’ordre.
De même pour la jeune kurde Nisrine Qaderi qui a été retrouvée morte dans sa maison par sa famille après avoir avalé du Méthanol selon SNN, dans ce qui pourrait être un suicide. Dans les médias, les mêmes allégations sont véhiculées qu’elle est morte sous la torture. Le témoignage de son père pour les médias iraniens, racontant comment elle a été retrouvée morte dans son appartement est présenté dans ces médias comme ayant été contraint sous la menace des autorités iraniennes.
Force est de constater que dans la séquence qui lui a été consacrée par la télévision saoudienne al-Hadath, et dans laquelle le présentateur affirme qu’elle a participé au mouvement de contestation, l’on ne voit aucune image ou vidéo d’elle.
De même pour les images diffusées par la BBC censées montrer que la grève décrétée dans la région de Kamiarane dans le Kurdistan iranien.Il s’avère qu’elles ont été prises tôt le matin avant l’ouverture des magasins, selon un reportage de la télévision iranienne SNN.
Médias : soutenir les velléités séparatistes
Plus est-il, ces médias sont accusés de commanditer les émeutes dans le but de semer l’insécurité et de soutenir les velléités séparatistes de certains groupes.
Selon al-Alam, durant les premières semaines des émeutes, Iran international a invité sur ses plateaux les dirigeants séparatistes kurdes, arabes et baloutches. «50 en l’espace de 20 jours ».
Iran International semble être la plus venimeuse de toutes. Cette chaîne de télévision persanophone qui diffuse en persan depuis le Royaume-Uni a été déclarée « média terroriste » en Iran, a annoncé le ministre de la Culture Mohamad Mahdi Ismaïli qui a averti que toute collaboration avec cette télévision est prohibée et tombera sous le coup de la loi.
« Nous ne considérons pas ces chaines de télévision comme des médias réels. Ce sont des médias terroristes. Les gens ont vu durant ces deux derniers mois sa couverture. Dans les interviews diffusées par ces chaines obscures comment elles tentent de semer les troubles sécuritaires et les divisions pour affecter l’unité du pays ».
Selon la chaine de télévision iranienne arabophone al-Alam, cette chaine jouait le rôle de « relations publiques entre les groupes terroristes et fixaient ou relayait les dates et les lieux des rassemblements ».
La collaboratrice d’Iran International arrêtée
Dans ce contexte, les forces de sécurité ont annoncé l’arrestation d’une collaboratrice de cette chaine, qualifiée de «dirigeante des émeutes en Iran ».
Ilham Afkari a été arrêtée alors qu’elle tentait de fuir le pays « avec le soutien des Etats-Unis », selon le ministère iranien de la Sécurité.
« Elle était soumise à une surveillance des services de renseignements qui avaient capté ses activités d’espionnage et sa collaboration avec des éléments hostiles au pouvoir de la République islamique en Iran », a ajouté le ministère.
Ilham Afkari est la sœur de Nawid Afkari qui a tué un fonctionnaire de la Société des Eaux dans la province de Fars au sud du pays.
« Choisir entre leurs médias et leur sécurité »
« Certains Etats malheureux sur la côte sud du Golfe persique devraient savoir qu’ils doivent choisir entre leurs médias et leur sécurité. Ils devraient savoir que s’ils s’ingèrent dans les affaires iraniennes ils auront à en payer le prix », a averti le général Yahia Safawi, le conseiller du Guide suprême pour les questions militaires.
« Durant les récents évènements qui ont visé le pays, ils ont mis tout leur poids médiatique, ont investi leurs réseaux infiltrés dans la région et ont recruté les corrompus et des espions à l’intérieur de l’Iran. Mais par la grâce de Dieu et grâce à notre guide, ils ont été défaits et notre peuple a avorté cette sédition comme les précédentes », a-t-il souligné jeudi.
Emeutes planifiées d’avance
Analysant les procédés médiatiques utilisés dans la campagne de diffamation contre l’Iran, des observateurs et analystes ont déclaré pour la chaine de télévision iranienne arabophone al-Alam, que « ces émeutes ont éclaté avec la crise de l’amplification de la question du voile et des manifestations qui sont sorties et qui étaient pacifiques ».
D’autres observateurs ont estimé que ces manifestations ne sont pas spontanées mais « ont été amplement planifiées d’avance »
Selon eux, les ennemis de l’Iran ont recours à ce procédé de sédition interne « parce qu’ils ont échoué dans leurs tentatives de briser l’Iran militairement parce qu’ils savent que toute action militaire aboutira à une guerre catastrophique sur le plan régional et international ».
Saisies d’armes dans les régions frontalières
Pendant que les médias iraniens se consacrent pour débusquer les mensonges racontés par les médias occidentaux et ceux des pays du golfe, les forces de l’ordre et le corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) traquent les cellules des émeutiers.
Les régions iraniennes frontalières sont particulièrement concernées, les forces de sécurité y multipliant les saisies de cargaison d’armes.
Plusieurs d’entre elles ont été réalisées dans les provinces du Kurdistan iranien, de Kermânchâh et d’Ilam, situées dans le nord-ouest du pays, limitrophe avec le Kurdistan irakien.
Dans la première, le chef de la police de la province du Kurdistan iranien, le général de brigade Ali Azadi, a annoncé la semaine passée la saisie de 106 armes, 2 400 tasers électriques et 1 700 bouteilles de gaz poivré qui étaient en possession d’émeutiers lors des récents événements dans cette province.
Dans la seconde, Kermânchâh , 500 armes de guerre ont été saisies à des émeutiers lors des émeutes de ces dernières semaines.
Même scénario dans la troisième d’Ilam où une cellule de trois personnes a été arrêtée. Elle avait en sa possession des grenades militaires des bombes fabriquées à la main des pistolets et un fusil. Elle entretenait également des liens avec l’étranger.
Il en est de même dans le sud-est du pays frontalier avec le Pakistan et l’Afghanistan.
Le 6 novembre, les gardes-frontières iraniens ont annoncé avoir saisi une cargaison d’armes à la frontière sud-est, venant de l’extérieur du pays en direction de la province du Sistan-Baloutchistan.
De même dans le sud-ouest du pays, frontalier avec l’Irak. Notamment dans le Khouzestân, province à majorité arabe où une cargaison d’armes et de munitions a été saisie dans la ville de Khorramchahr. Elle contenait 34 pistolets, un fusil Kalachnikov, 67 chargeurs, 9 739 balles de pistolet et 12 630 balles de Kalachnikov, a annoncé le procureur des tribunaux généraux et révolutionnaires de Fakher Bawi selon lequel deux personnes ont été arrêtées dans ce contexte.
Dans cette province à majorité arabe iranienne, le service des renseignements du CGRI a démantelé une cellule de sabotage « soutenu par un Etat européen » avant qu’elle ne passe à l’acte. Elle envisageait de tuer des citoyens et des personnalités arabes iraniennes.
Même saisie dans le nord-ouest limitrophe des Républiques d’Azerbaïdjan et d’Arménie, et plus précisément dans la province d’Azerbaïdjan oriental où un trafiquant d’armes a été arrêté en possession de munitions de guerre de fabrication américaine dans la bande frontalière de la ville de Julfa. Il avait l’intention de les transférer au reste des provinces à l’intérieur du pays, a précisé le commandant des gardes-frontières le général de brigade Muhammad Ahmadi.
Plus tôt, les médias iraniens ont rapporté que 10 agents liés au Mossad ont été arrêtés dans cette province. Ils avaient été chargés de prendre des photos et de planifier des attentats contre des membres des forces de sécurité iraniens.
Dans la ville de Chiraz, capitale de la province de Fars, qui n’est séparée du Golfe persique que par la fine province de Bouchehr, un atelier de fabrication d’engins piégés a été découvert, a rapporté le jeudi 10 novembre, le président des juges de la province de Fars, Kazem al-Moussaoui. Selon lui les forces de sécurité ont aussi arrêté deux hommes qui ont reconnu qu’ils planifiaient des actes de sabotage dans cette ville où un attentat à la mitrailleuse a été perpétré le 26 octobre contre un sanctuaire, causant la mort d’au moins 15 fidèles. 26 personnes soupçonnées d’implication dans cet acte terroriste ont été arrêtés.
Assassinats ciblés
Dans les autres régions iraniennes, l’on constate des cas d’assassinats ciblés contre des forces de l’ordre.
Le mardi 8 novembre, un bassidji a été tué dans une attaque à la voiture-bélier contre un check-point du port de Kiyshahr dans la province de Guilan au nord du pays. C’est le deuxième bassidji tombé en martyr durant ces évènements qui ont également affecté cette province du nord du pays.
Le 7 novembre, le commandant du bataillon « Mohamad Rassoul Allah » à Téhéran a indiqué la capture de 14 personnes impliquées dans l’assassinat du religieux Armane Ali Wardi, tué dans la région d’Acbatan, à l’ouest de Téhéran, le 26 octobre dernier.
Cellules terroristes et recrutement
Le 6 novembre, le CGRI a assuré avoir arrêté les membres de 3 cellules appartenant à l’organisation terroriste des Moudjahidines du peuple. Ils planifiaient des actes terroristes et de sabotage dans les provinces du Khuzestân, (sud-ouest), Fars (sud) et Ispahan (Centre).
Elles étaient aussi chargées de recruter de nouveaux éléments pour les émeutes, d’établir des réseaux pour inciter aux émeutes, d’attaquer des bâtiments gouvernementaux, des centres de sécurité, de détruire les biens publics et d’attaquer les citoyens et les piétons sur les routes.
Il y a trois jours, le président iranien Ibrahim Raïssi a déclaré que « l’ennemi cherche à répéter son expérience en Libye et en Syrie en Iran », estimant que ses tentatives se sont soldées par un échec et assurant que la sécurité complète est en place dans toutes les villes iraniennes.
Source: Médias