L’Iran a affirmé, le jeudi 10 novembre, avoir fabriqué pour la première fois un missile balistique hypersonique, une arme très rapide et surtout manœuvrable, allongeant la liste des pays qui ont déjà annoncé développer cette technologie, ravivant les craintes d’une nouvelle course à l’armement.
L’annonce a été faite par le général Amirali Hajizadeh, le commandant de la Force aérospatiale des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, rapporte l’AFP.
«Il pourra traverser tous les systèmes de défense antimissile»
«Ce missile balistique hypersonique peut contrer les boucliers de défense anti-aérienne. Il pourra traverser tous les systèmes de défense antimissile et je ne pense pas qu’il existera avant des décennies une technologie pour y faire face», a affirmé le général, cité par l’agence Fars.
Un missile hypersonique évolue à des vitesses supérieures à 6.000 kilomètres à l’heure, soit cinq fois la vitesse du son.
Selon le général Hajizadeh, «ce missile qui cible les systèmes antimissiles ennemis représente un grand saut de génération dans le domaine des missiles».
Selon la revue Janes, les missiles hypersoniques posent des défis aux concepteurs de radars en raison de leur vitesse élevée et de leur maniabilité.
Plusieurs pays cherchent à développer cette technologie, que Moscou a affirmé avoir utilisée en combat au début de son offensive en Ukraine.
Cette annonce survient alors que les Occidentaux ont échoué depuis plus d’un an de relancer le JCPOA, l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 entre les grandes puissances et Téhéran.
Cet accord visant à garantir la nature pacifique du programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions internationales est en déliquescence depuis le retrait unilatéral en 2018 des États-Unis sous la présidence de Donald Trump, qui a entraîné l’affranchissement progressif par Téhéran de ses obligations. Les négociations, déjà dans l’impasse, semblent aujourd’hui impossibles.
Les responsables iraniens ont averti à plusieurs reprises que le pays n’hésiterait pas à renforcer ses capacités militaires, y compris sa puissance de missiles, qui sont entièrement destinées à la défense, affirmant que les capacités de défense de la République islamique ne feront jamais l’objet de négociations.
«Succès» d’une fusée iranienne
Le 5 novembre, l’Iran avait par ailleurs annoncé avoir testé avec «succès» une fusée capable de transporter des satellites dans l’espace. Les gouvernements occidentaux craignent que les systèmes de lancement de satellites intègrent des technologies interchangeables avec celles utilisées dans les missiles balistiques capables de livrer une ogive nucléaire, ce que l’Iran a toujours nié vouloir construire.
L’Iran insiste sur le fait que son programme spatial est à des fins civiles et de défense uniquement, et ne viole pas l’accord de 2015 ni aucun autre accord international.
Alors que l’Iran et la Russie, tous deux frappés par des sanctions occidentales, ont opéré un rapprochement ces derniers mois, Téhéran avait déclaré le 5 novembre avoir livré des drones à la Russie, mais avant la guerre en Ukraine. Kiev et les Occidentaux accusent Moscou d’utiliser des drones iraniens pour ses attaques contre les infrastructures ukrainiennes.
La Russie en avance
La Russie, la Corée du Nord et les États-Unis avaient annoncé en 2021 avoir procédé à des essais de missiles hypersoniques, mais c’est la Russie qui a pris une longueur d’avance, avec plusieurs types de ces missiles.
En mars, dans les premières semaines de l’opération en Ukraine lancée le 24 février, la Russie avait annoncé avoir utilisé des missiles hypersoniques Kinjal, ce qui constituait probablement une première, Moscou n’ayant jusque-là jamais fait état de l’emploi de ce type d’armes sauf pour des essais.