Avec sa frimousse d’enquiquineuse, contente d’elle, à narguer tout le monde du haut de ses dollars, Ksenia Sobtchak vient de fuir la Russie et a pu passer la frontière lituanienne munie de son passeport israélien. Eh oui, que voulez-vous, toujours les mêmes partout, qui en France veulent libérer les Français d’être Français et qui en Russie veulent libérer les Russes d’être Russes.
On pourrait expliquer que Sobchak a quitté précipitamment le pays dans le contexte de l’ouverture d’une procédure pénale contre son directeur commercial Kirill Sukhanov, soupçonné d’extorsion de fonds, mais à quoi bon, on nous expliquera que c’est bien entendu la célébrité, l’influenceuse, la journaliste, qui était visée et que d’ailleurs sa maison aussi a été perquisitionnée.
Bien entendu, si elle a préféré s’enfuir la veille de la perquisition à son domicile, ce n’est pas parce qu’elle craignait qu’on y découvre quelque chose, c’est parce qu’elle a senti la « manœuvre antisémite », la manœuvre contre ses droits et ceux des huit milliards d’êtres humains, bientôt 10 ou 12, ça en fait des droits de l’homme à défendre, et que du beau monde, mais une précision au passage : le fait de conserver son identité raciale et nationale ne fait pas partie des droits de l’homme, ça, non : il faut que nous soyons tous ouverts à tout, fondamentalement, nous n’avons pas le droit d’être quoi que ce soit d’autre et surtout pas Français ou Russe, ou alors si, mais à titre accessoire, un peu comme elle.
Sobchak ne faisait pas partie du gouvernement, mais elle faisait partie de l’élite (au moins en tant que l’un des blogueurs les plus populaires, c’est-à-dire une personne qui avait une énorme influence sur l’information), et pour la plupart des gens, « pouvoir » et « élite » sont presque synonymes. Par son origine sociale, c’était la fille de l’ancien maire de Saint-Pétersbourg, elle était perçue comme un « pouvoir », et son activisme médiatique, digne des plus grandes célébrités de la télévision, faisait d’elle un « membre de l’élite ».
Elle a joué des deux pour se lancer, d’abord comme présentatrice de télévision, volontiers scandaleuse et vulgaire, puis, de là, elle a rapidement cherché à devenir une figure politique. Il y a dix ans, elle était la porte-parole de Bolotnaya, elle s’est même présentée à la présidence, obtenant 1,6% des suffrages. Bien que les anti-poutinistes radicaux ne la considéraient pas comme une des leurs, elle s’est évertuée à incarner le visage de la « génération libre » et de « l’alternative libérale à l’autoritarisme ».
Mais tout ce qu’elle a réussi à faire en fin de compte, c’est de devenir le symbole de la vulgarité et de la médiocrité des Russes occidentalisés, c’est-à-dire des forces de l’élite russe qui ont essayé, sinon de revenir en arrière, vers les « glorieuses années quatre-vingt-dix », du moins d’«arrêter le mouvement », de tenir les hauteurs prises – dans l’économie, l’idéologie, l’éducation, la culture. Ils étaient depuis longtemps voués à la défaite : la Russie leur échappait et inexorablement leur tournait le dos pour suivre son propre chemin. Mais eux, comme toute communauté parasitant l’organisme du peuple, espéraient toujours tenir, s’accrochant au pays si mal aimé d’eux, mais qui les nourrissait.
Février les a privés de leur avenir, accélérant considérablement les processus qui auraient pris plus de temps sans le début de l’opération spéciale. Les épreuves du temps de guerre conduiront à la guérison et à la purification de la vie à l’intérieur de la Russie, tant spirituelle que matérielle. Ceux qui méprisent leur propre peuple – et Sobchak a démontré à plusieurs reprises son attitude envers les gens, franchement, elle n’y a pas été avec le dos de la cuiller – seront impossibles à reconstruire et à adapter à des temps nouveaux.
De plus, ils n’ont aucune raison pour un tel « choix » – à la fois en raison de leur nature personnelle et à cause de la profonde ignorance de l’histoire et de la culture russe, de leur manque de compréhension du peuple. À vrai dire, c’est cette ignorance même qui leur a permis de prétendre « faire connaître la culture aux masses » avec un tel aplomb, c’est-à-dire d’essayer d’inculquer au peuple des « valeurs » qui lui sont complètement étrangères.
Mais le destin leur a préparé à un autre sort : ils feront une nouvelle « Maison-2 » pour se réunir en cercle et discuter de celui d’entre eux qui aime le plus la Russie et sera en mesure de la sauver. Mais à la fin, ils se disputeront, se tromperont et se piégeront mutuellement – et cela continuera indéfiniment, année après année. Dieu merci, leurs états d’âme ne seront plus diffusés à nos dépens sur nos ondes, et ils ne pourront en aucun cas influencer notre avenir.
Source : RIA Novosti