La livre libanaise a atteint lundi un nouveau plus bas face au dollar américain sur le marché noir, dans un contexte d’effondrement économique total et d’aggravation de la crise politique.
« Si la livre continue de s’effondrer, c’est tout simplement parce qu’il n’y a pas de plan de réforme global », a déclaré à l’AFP Michel Fayad, analyste politique et financier. En parallèle, « la Banque du Liban fait tourner la planche à billets », ajoute M. Fayad.
Selon des bureaux de change interrogés par l’AFP, la livre libanaise s’échangeait en matinée à plus de 40.000 pour un billet vert, après s’être stabilisée autour de 38.000 LL durant des semaines.
La monnaie nationale, fixée officiellement depuis 1997 au taux de 1.507 livres pour un dollar, a perdu depuis 2019 environ 95% de sa valeur.
Le Liban connaît l’une des pires crises économiques au monde depuis 1850 selon la Banque mondiale. Elle est marquée par une dégringolade historique de la devise nationale, une flambée vertigineuse des prix, une paupérisation inédite de la population.
Le Liban a aussi connu durant ces trois dernières années de graves pénuries : essence, fuel, pain. Mais ce phénomène s’est estompé ces derniers mois.
Cette crise a été spécialement causée par l’adoption d’un système économique rentier et non productif assortie d’une politique d’endettement excessive et. Et ce depuis la fin de la guerre civile au début des années 90. Durant ces décennies, cette politique a été conduite par le Premier ministre défunt Rafic Hariri puis par son fils et par l’ingénierie monétaire du président de la Banque du Liban, Riyad Salamé qui était sans cesse encensé par les organisations internationales. La corruption vient en troisième position parmi les causes profondes de cette crise.
Le Fonds monétaire international (FMI)a épinglé le Liban à plusieurs reprises pour sa lenteur dans la mise en œuvre de réformes préalable au déblocage des aides financières dont le pays a besoin. Des aides qui ne feront que plonger davantage le Liban dans l’endettement.