L’ancienne ambassadrice du Liban en Jordanie, Tracy Chamoun, a annoncé lundi sa candidature à l’élection présidentielle prévue en novembre, un poste rarement convoité par une femme dans ce pays frappé par la pire crise économique de son histoire.
Mme Chamoun, née en octobre 1960, est la fille du leader chrétien Dany Chamoun, assassiné en 1990, et la petite-fille de l’ancien président Camille Chamoun (1952-1958).
« J’annonce au peuple libanais et à ses élus ma candidature en vue de la prochaine élection présidentielle », a dit l’ancienne diplomate lors d’une conférence de presse à Beyrouth.
« J’ai une nouvelle vision pour la République, qui offre des solutions aux problèmes économiques et sociopolitiques » qui gangrènent le pays, a-t-elle ajouté, se présentant comme un rempart contre la classe dirigeante, inchangée depuis des décennies et accusée de corruption par une grande partie de la population.
S’agissant des lignes politique de Mme Chamoun, elle fait partie du camp pro occidental au Liban.
Tout en rendant hommage à la résistance contre l’entité sioniste, « qui a donné ses meilleurs fils pour enregistrer la première victoire pour restituer la souveraineté du pays en entier », selon ses termes lors de la célébration de la Fête de la Résistance et de la Libération en 2014, elle a réclamé le retour des collaborateurs avec ‘Israël’ qui ont fui en Palestine occupée après le retrait israélien en l’an 2000.
En 2015, elle a soutenu l’intervention du Hezbollah en Syrie pour faire face aux groupuscules takfiristes en disant : «la résistance mène des batailles sur plusieurs fronts pour stopper l’extension de l’extrémisme violent et fou vers le Liban ».
Elle avait aussi défendu la riposte du Hezbollah à l’assassinat par Israël de résistants dans le Golan syrien au côté d’un responsable iranien, critiquant ceux qui l’ont condamnée au Liban.
Depuis l’éclatement de la crise économique et du déclenchement du mouvement de protestation en novembre 2019, elle prend part à la campagne qui diabolise le Hezbollah, lui imputant la responsabilité de tous les maux dont souffre le Liban.
Elle a fait partie de ceux qui ont arbitrairement imputé au Hezbollah l’explosion du port de Beyrouth, et l’utilise comme nouvel alibi pour réclamer son désarmement et qui taclent « la tutelle de l’Iran sur le Liban ».
Après cette explosion meurtrière, Mme Chamoun a démissionné de son poste d’ambassadrice du Liban en Jordanie qu’elle a occupé pendant trois ans, dénonçant « l’incurie » des autorités de son pays et appelant à un changement de leadership.
La prochaine élection présidentielle libanaise est prévue en novembre, à l’expiration du mandat de six ans de l’ex-général Michel Aoun, 87 ans, mais plusieurs experts prédisent un report du scrutin en raison de fortes divergences politiques.
Elle a affiché aussi des positions hostiles au président de la république Michel Aoun en février 2021 : « Je suis libanaise et le président Aoun ne me représente pas », a-t-elle tweeté en anglais. Sachant que son père Dany avait été l’un de ses partisans lorsqu’il était Président du gouvernement militaire transitoire en 1988.
Sachant aussi que c’est le président Aoun qui l’avait désignée comme ambassadrice en Jordanie, quoiqu’elle ne faisait pas partie du corps diplomatique « par respect pour son père et pour les relations qu’entretenait les Chamoun avec le royaume jordanien pendant le mandant de son grand père Camille Chamoun », selon les médias .
M. Aoun, qui préside le Liban depuis janvier 2016, a été élu au 46e tour de l’élection présidentielle, la classe politique n’ayant pas été capable de s’entendre sur un nom pendant plus de deux ans.
Selon un partage du pouvoir sur une base communautaire au Liban, le poste de président de la République est dévolu à un chrétien maronite, celui de Premier ministre à un musulman sunnite et la présidence du Parlement revient à un musulman chiite.
Rares sont les femmes qui ont tenté de briguer la présidence au Liban. En 2014, l’avocate et militante Nadine Moussa était devenue la première Libanaise à avoir déposé sa candidature pour le scrutin présidentiel.
Son père, le dirigeant chrétien Dany Chamoun a été assassiné en octobre 1990 ainsi que son épouse et ses deux garçons à leur domicile près de Beyrouth.
Son meurtre avait été imputé à son rival, le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea, qui dirige aujourd’hui un grand bloc parlementaire chrétien et pressenti pour être candidat à la présidence. M. Geagea a été le seul seigneur de la guerre civile à être condamné dans les années 1990, passant onze ans en prison. Geagea a dans son répertoire pendant la guerre civile (1975-1990) le plus grand nombre d’assassinats politiques au Liban, dont les victimes ont été aussi bien des maronites que des musulmans.
Sleimane Frangiyeh qui est le petit fils du président défunt du même nom l’accuse d’avoir commandité l’assassinat de tous les membres de sa famille: son père, sa mère et sa petite soeur de deux ans et demi. Ainsi que plus de 30 de ses partisans.
De même, il est responsables de l’assassinat de l’ex-premier ministre libanais Rachid Karamé, selon les accusations étayées des membres de sa famille, dont son frère Omar.
Les massacres les plus horribles pendant la guerre civile au Liban (1975-1990) ont aussi été perpétrés par les FL, dont ceux connus au Liban sous le terme « les massacres à la carte d’identité » englobant des musulmans aussi bien palestiniens que libanais.
Source: Divers