Dix députés conservateurs sont désormais lancés, le dimanche 10 juillet, au Royaume-Uni pour succéder au premier ministre Boris Johnson, dans une campagne où nombre de candidats s’attachent à marquer leur différence par rapport à l’ex-ministre des Finances Rishi Sunak sur les questions fiscales.
Dernière à se lancer dimanche soir, la cheffe de la diplomatie Liz Truss, 46 ans .
«Je me battrai dans cette élection en tant que conservatrice et gouvernerai en tant que conservatrice», a-t-elle déclaré dans les colonnes du Daily Telegraph.
Elle rejoint neuf autres candidats dans la course à la tête du parti conservateur et donc à Downing Street, le parti ayant la majorité à la Chambre des Communes.
Dimanche matin, la secrétaire d’État au commerce international Penny Mordaunt, 49 ans, a annoncé sa candidature.
Cette ancienne réserviste de la Marine, qui a été la première femme à occuper le poste de ministre de la Défense en 2019, a insisté sur la nécessité que le débat public «tourne un peu moins autour du leader», pour se concentrer sur le «navire».
Une volonté affichée de s’extraire de l’interminable succession de scandales qui ont émaillé le mandat de Boris Johnson, jusqu’à ne lui laisser d’autre choix que de démissionner jeudi, après une avalanche de démissions dans son gouvernement.
Révélations et coups bas
Très ouverte, la compétition qui va s’ouvrir pour la tête du parti conservateur – et donc pour Downing Street, les Tories étant majoritaires à la Chambre des Communes – annonce un été particulièrement animé, avec son lot de révélations et de coups bas.
Samedi soir, les anciens ministres Jeremy Hunt et Sajid Javid ont à leur tour annoncé leurs candidatures dans les colonnes du journal conservateur Sunday Telegraph.
L’un et l’autre ont insisté sur leurs projets de diminution des impôts, se démarquant de la ligne de Rishi Sunak qui veut attendre un assainissement des finances publiques avant d’envisager de s’engager sur une telle voie, dans un Royaume-Uni en proie à une inflation inédite depuis 40 ans.
«Sans baisses d’impôts nous n’aurons pas de croissance», a déclaré sur la BBC dimanche Sajid Javid, qui en annonçant sa démission mardi du gouvernement a lancé l’hémorragie – une soixantaine de départs en tout – qui s’est avérée fatale à Boris Johnson.
Sajid Javid, 52 ans, avait été suivi neuf minutes après par le ministre des Finances Rishi Sunak, mais a assuré que les deux hommes ne s’étaient pas concertés.
Un favori renonce
Très populaire pour les multiples mesures de soutien économique déployées au plus fort de la pandémie, Rishi Sunak s’est un temps trouvé affaibli par la révélation du recours de sa richissime épouse à un avantageux dispositif fiscal.
Premier poids lourd à s’être lancé, il semble avoir réussi à rebondir et bénéficie de nombreux soutiens de députés.
Mais il risque de subir les foudres du camp Johnson qui le soupçonne de trahison.
Rishi Sunak n’avait apparemment pas prévenu le premier ministre avant de quitter le gouvernement.
Autre candidat sérieux, Nadhim Zahawi, qui en tant que secrétaire d’État avait piloté le programme de vaccination anti-Covid britannique, avant de passer la semaine dernière du ministère de l’Éducation à celui des Finances, voit son début de campagne plombé par la révélation dans la presse d’une enquête fiscale le visant.
Il a assuré que tous ses intérêts financiers ont été dûment déclarés.
Les autres concurrents, dont les chances de succès apparaissent bien moindres, sont le ministre des Transports Grant Shapps, le président de la commission des Affaires étrangères Tom Tugendhat, ainsi que l’attorney general – chargée de conseiller juridiquement le gouvernement – Suella Braverman, et l’ex-secrétaire d’État à l’Égalité Kemi Badenoch.
Au total, les instances du parti anticipent une quinzaine de candidatures, un afflux qui laisse augurer un relèvement des seuils en termes de parrainages ou de nombre de votes dans la première partie du processus.
Mais le trésorier du Comité 1922, chargé de l’organisation interne du parti, s’est dit «confiant» dimanche sur la radio LBC que les deux finalistes soient connus d’ici au 20 juillet.
Malgré ce calendrier serré, l’objectif évoqué est de faire en sorte que le vote final, ouvert uniquement aux adhérents du parti conservateur, permette de désigner le vainqueur d’ici au début du mois de septembre.
Source: Avec AFP