C’est avec suspicion que les factions irakiennes ont accueilli l’annonce faite par le porte-parole des Opérations conjointes irakiennes du retrait des forces américaines de la base Ain al-Assad à al-Anbar.
D’autant que les déclarations américaines, notamment celles du commandant du CENTCOM, le général Kenneth McKenzie, sont très claires : les 2500 soldats américains dans ce pays vont y rester, seule leur mission sera changée. En annonçant la fin de celle des combats, le gouvernement irakien a évoqué un soutien logistique et d’entrainement des forces armées irakiennes.
Le contournement du retrait ne sera pas permis
Interrogé par le quotidien libanais al-Akhbar, Abbas al-Ardawi, un responsable du Mouvement Droits (Hoqouq), proche de la coalition Fatah, la vitrine parlementaire des forces de mobilisation Hachd al-Chaabi qui a combattu Daech avec l’assistance des conseillers des gardiens de la révolution iranienne assure que le facteur de confiance envers les Américains est nul.
« Le retrait de la base est certes très important. D’autant que l’ex-président Donald Trump avait déclaré qu’il ne permettra le retrait d’Ain al-Assad qu’après avoir perçu de l’Irak l’équivalent de 2 milliards de dollars qui est le cout de son édification », a-t-il affirmé.
Et d’enchainer : « Mais ceci ne veut pas dire que les Américains sont sérieux. Ils pourraient pallier dans la base al-Tanf située à la frontière entre l’Irak, la Jordanie et la Syrie ou à travers les bases qu’ils établissent à Deir Ezzor », à l’est de la Syrie.
Selon lui les Irakiens ont besoin d’un retrait réel. « Quant au contournement, il ne va pas altérer leur volonté et il ne sera pas permis », a-t-il poursuivi.
Le dirigeant irakien indique que le gouvernement irakien non plus n’a pas confiance en les Américains parce que leurs déclarations récentes portent des messages négatifs. Notamment lorsque McKenzie a dit depuis dix jours qu’il n’y aurait pas de retrait.
« Il y a un réel défi pour le gouvernement parce que la résistance est décidée à faire face à l’occupation lorsque le délai du 31 décembre parviendra à terme, et elle ne permettra pas la présence américaine après avoir accordé assez de trêves », a-t-il persisté.
Le retrait des forces américaines et de celles de la coalition internationale a été réclamé dans une résolution votée a la majorité au sein du parlement irakien, au lendemain de l’assassinat dans un raid américain le 3 janvier 2020 d’Abou Mahdi al-Mohandes, le numéro du Hachd al-Chaabi, et du numéro un de la force al-Qods du Corps des gardiens de la révolution iranienne le général Qassem Soleimani et dix de leurs compagnons.
Deux messages réclamant ce retrait ont par la suite été envoyés au CENTCOM et au Conseil de sécurité de l’Onu par le gouvernement précédent d’Adel Abdel Mahdi.
Les factions du Hachd al-Chaabi et de la résistance irakienne ont accordé un délai jusqu’au 31 décembre 2021 pour l’achèvement de ce retrait faute de quoi elles passeront aux actions de résistance contre les forces américaines.
Durant l’année qui s’est écoulée, des dizaines d’opérations ont été réalisées contre les convois militaires et logistiques américains et contre la zone verte où se trouve l’ambassade américaine au côté des sièges du gouvernement irakien.
Les Etats-Unis soutiennent les corrompus et les impopulaires
Estimant que les Etats-Unis veulent garder leur mainmise en Irak pour affronter l’Iran, M. Ardawi assure que Washington s’emploie pour contrôler le processus politique dans son pays en faisant accéder au pouvoir les forces qui acceptent son occupation.
« L’influence des Américains dans l’opération politique irakienne vient du fait qu’ils soutiennent les forces corrompues et impopulaires. C’est pour cela que nous voyons aujourd’hui que ceux qui sont les plus attachés au maintien des Américains sont les corrompus qui craignent que leurs dossiers ne soient dévoilés au grand jour et ceux qui n’ont pas d’assise populaire et qui veulent s’imposer comme un fait accompli », a-t-il ajouté.
Selon lui, la scène politique irakienne sera beaucoup plus stable sans les Américains.
« Nous en avons eu l’expérience en janvier 2021 lorsque les Américains se sont retirés pour la première fois. Pendant plus de deux ans et demi nous étions dans une situation stable mais les Américains ont nourri les groupuscules terroristes ; ils ont un projet destiné à diviser l’Irak », a-t-il expliqué.
M. Ardawi a dit s’attendre à ce que les Américains veuillent jouer un rôle négatif dans l’avenir en Irak pour rester dans son pays.
« Ils vont ressusciter les groupes terroristes pour exercer des pressions sécuritaires et politiques. Ils joueront un rôle négatif sur le plan économique. Beaucoup de personnalités seront sous le coup des sanctions et les Américains vont aussi tenter de ne pas livrer tous les fonds au gouvernement irakien », a-t-il conclu.
Source: Médias