Une centaine de membres d’Ennahdha ont annoncé, samedi 25 septembre, leur démission du parti tunisien en dénonçant «les mauvais choix» de son président Rached Ghannouchi, qui ont alimenté, selon eux, la crise politique secouant la Tunisie depuis deux mois.
Les 113 membres d’Ennahdha démissionnaires ont dénoncé, dans un communiqué, «l’échec du président (Ghannouchi) qui a refusé tous les conseils».
«La direction actuelle est responsable de l’isolement (du mouvement) et en grande partie de la dégradation de la situation générale dans le pays», ont-ils estimé.
Figurent parmi les démissionnaires des députés, des cadres du parti, des anciens ministres, des membres du Conseil de la Choura (bureau politique d’Ennahdha) et des élus locaux.
De façon inattendue, le président Kais Saied, élu fin 2019, s’est arrogé le 25 juillet les pleins pouvoirs, en limogeant le Premier ministre, en suspendant les activités du Parlement, où Ennahdha a le plus grand nombre de députés, et en s’octroyant aussi le pouvoir judiciaire.
Il a officialisé son coup de force mercredi avec une série de décrets présidentiels, en décidant de «mesures exceptionnelles» pour réguler les pouvoirs exécutif et législatif.
Ces textes tendent à présidentialiser le système politique, qui reposait avant sur un régime hybride plutôt parlementaire.
Des lois «ont nui à la crédibilité de Ennahdha»
Saied, dont Ennahdha est la bête noire, a confirmé la suspension sine die du Parlement, auquel il va se substituer en légiférant par décrets, et sera aussi désormais le président du conseil des ministres.
Rached Ghannouchi, 80 ans, président d’Ennahdha et chef du Parlement, a dénoncé dans une interview à l’AFP jeudi «le pouvoir absolu d’un seul homme».
Pendant l’entretien, il a reconnu que son parti était partiellement responsable de la crise qui a motivé le coup de force de Saied.
Dans leur communiqué, les 113 membres ont critiqué «les mauvais choix politiques de la direction du mouvement», notamment des accords de coalition noués ces dernières années avec d’autres partis au Parlement, pour avoir la majorité des sièges.
Selon eux, à cause de ces «alliances politiques inappropriées», des lois ont été adoptées qui «ont nui à la crédibilité d’Ennahdha».